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Retour sur les Rencontres d’été 2011 du CRAP-Cahiers pédagogiques : "Apprendre, enseigner, se former". Une table ronde sur le socle commun, l’innovation, la médiation culturelle et l’accompagnement

31 août 2011

 Présentation de Jean-Michel Zakhartchouk

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Au cours de ces journées, des débats également pour préparer notamment nos futures troisièmes Assises de la pédagogie en octobre prochain et alimenter nos propositions pour 2012. Avec notamment une table ronde par Jean-Charles Cayla, Louis et Anita Weber, trois militants engagés, pas forcément toujours en accord avec le point de vue du CRAP (par exemple les critiques sur le socle commun de Louis Weber, engagé à la FSU), mais à la parole forte et stimulante.

 La table ronde

Le 18 août, le CRAP avait invité, profitant de leur proximité géographique, trois intervenants pour apporter des éclairages divers autour des questions qui se posent à l’école en cette période de crise et de malaise. Il s’agissait de Louis Weber, engagé dans l’Institut de la FSU et auprès d’Attac, de Anita Weber qui est depuis longtemps une militante de la démocratisation culturelle, y compris au Cabinet du Ministère Trautman et de Jean-Charles Cayla, qui fut IPR et inspecteur d’Académie en Aveyron et fortement impliqué dans l’accompagnement des élèves. Un débat avec la salle a suivi bien entendu les interventions initiales. Nous voudrions seulement ici rapporter quelques moments forts de ce temps visant pendant la semaine des Rencontres la stimulation des participants…

Pour Louis Weber, la période actuelle est marquée par une tendance qui va à l’encontre du mouvement de démocratisation né aux lendemains de la seconde guerre mondiale : la montée d’une politique libérale, qui ouvre la voie à une réduction du savoir à l’utilitaire, surtout pour les élèves les plus défavorisés. L’évaluation est utilisée dans ce contexte comme un outil du libéralisme dans le sens de la concurrence entre écoles et du souci essentiel de « rentabilité ». Le socle commun et les compétences risquent du coup de n’être que des instruments de cette normalisation libérale et être perçus surtout comme des dangers… Mais dans la discussion, Louis Weber semble davantage du côté du pragmatisme, reconnait certaines vertus aux évaluations internationales (Pisa pointe par exemple la montée des inégalités scolaires en France) et critique l’encyclopédisme excessif des programmes disciplinaires. Il demande cependant à ce que l’on réfléchisse aux effets des innovations, qui ne sont pas forcément démocratisantes. Mais il s’agit bien là d’une préoccupation à laquelle les militants pédagogiques ne sont nullement étrangers. Et Philippe Watrelot, président du CRAP, a fait remarquer qu’à priori, rendre l’école plus efficace n’était pas forcément un péché. Tout dépendait sans doute de la finalité et de l’objectif poursuivi, la recherche de l’efficacité n’étant pas une valeur, mais un moyen d’évaluer des réussites et de vérifier qu’on n’est pas seulement dans le discours.

Anita Weber interroge, elle, la place de la culture dans cette école qui remet en cause les projets ambitieux auxquels elle avait participé (plan Arts et Culture à l’école Lang-Tasca, abandonné en 2002). Or, plus que jamais il s’agit par exemple de permettre aux élèves de maitriser le flux d’images auquel ils sont confrontés, de les aider à construire leur culture en les ouvrant à autre chose que ce qu’ils reçoivent à travers le « mainstream » produit par les industries culturelles. La médiation culturelle doit être à l’ordre du jour, partant du principe que les élèves ne peuvent aimer ce qu’ils ne connaissent pas. Mais elle passe par la mise en activités et Anita Weber craint qu’un dispositif comme l’histoire des arts remette en avant une manière académique d’enseigner la culture et fasse disparaitre des pratiques qui s’étaient développées, même si elles étaient loin de toucher suffisamment d’élèves. Là encore, un débat s’est engagé avec la salle, l’histoire des Arts apparaissant au contraire à certains comme une riche opportunité, à condition d’exploiter les potentialités de textes officiels qui laissent finalement beaucoup de liberté.

La vigoureuse intervention de J.-C. Cayla est un plaidoyer pour une prise en compte réelle de l’accompagnement des élèves dans le cahier des charges de tout enseignant. Et alors que l’institution semble surtout penser cet accompagnement comme une « aide aux élèves en difficulté » surtout externe aux cours ordinaires, lui au contraire demande de penser les cours autrement pour que cet accompagnement soit au cœur de l’acte pédagogique. Il combat l’idéologie du « on lui a pourtant donné toutes ses chances » et les scandaleuses formules autour de « on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif », autant de trahisons d’un idéal de réussite pour tous qui ne peut être confondu avec la méritocratie et la seule aide à « ceux qui en veulent ». Il prône une révolution dans les services et plus encore dans les missions des enseignants, laquelle est indispensable si on veut vraiment que les choses bougent. Les moments de production-appropriation et d’accompagnement de cette production doivent être au moins aussi importants que les moments magistraux. Il constate que sur la question de l’accompagnement, les textes officiels parlent plus d’horaires et de techniques que du fond. À la veille de 2012, il espère vivement que ces questions ne seront pas occultées, car elles sont essentielles, si on veut une école plus juste.

La vidéo des Rencontres 2011

Extrait du site des cahiers pédagogiques le 29.08.2011 : Retour sur les Rencontres d’été 2011 du CRAP-Cahiers pédagogiques : Apprendre, enseigner, se former

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