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Le passage qui suit est extrait de "Documents pour le 6e congrès de la CGT-Educ’action 93. 31 mars, 1er avril à Saint-Denis"
Il présente (p. 9 et suivantes, paragraphes 17 à 28) ) les positions du syndicat départemental CGT Educ’action de Seine-Saint-Denis concernant l’éducation prioritaire , adoptées a l’unanimité au cours de son dernier congrès.
A. Contre ECLAIR, refonder l’éducation prioritaire
17. En 5 ans, les zones d’éducation prioritaire, qui bénéficiaient à la moitié des élèves scolarisés en Seine-
Saint-Denis, ont été méthodiquement réduites à néant. Sans attendre le bilan des réseaux ambitions
réussite, reliquat fragilisé des anciennes ZEP depuis leur démantèlement en 2006, le ministère achève le
« dépôt de bilan » promis par Sarkozy.
18. Le gouvernement transforme ce reliquat en poste avancé de son projet de dérèglement néo-libéral
du service public d’éducation. Le projet de suppression de la carte scolaire est un échec. La politique des
leurres tels que les internats d’excellence n’a pas permis de masquer l’abandon de l’éducation
prioritaire. Depuis cinq ans le gouvernement développe une vision essentiellement sécuritaire de
l’éducation au détriment d’un accompagnement pédagogique spécifique qui nécessite des moyens
beaucoup plus ambitieux. L’abandon de la scolarisation dès 2 ans et les ERS, témoignent de cette
régression.
19. Cet abandon des zones d’éducation prioritaire, c’est l’abandon de la mission d’éducation nationale telle qu’inscrite dans le code de l’éducation : « La répartition des moyens du service public de
l’éducation tient compte des différences de situation, notamment en matière économique et sociale ». La
CGT-Educ’action 93 revendique la refondation de la politique d’éducation prioritaire en accordant enfin
aux personnels et aux élèves confrontés à ces difficultés économiques et sociales des moyens et une
organisation qu’ils n’ont jamais eus.
20. Depuis bientôt quarante ans, le chômage de masse, la précarité, l’exclusion et l’aliénation sociale,
incrustés sur plusieurs générations, ont accompagné la massification du système scolaire, et spécialement
les publics qui, antérieurement, ne franchissaient pas la barrière du 1er degré et de l’enseignement
technique court. Dans le même temps, le problème de la réussite des publics défavorisés devient de plus en
plu ardu à mesure que l’on essaye d’aller plus loin dans l’oeuvre de démocratisation scolaire.
21. Pour ces deux raisons, au contraire des tenants d’un « ciblage » des moyens sur une proportion
très réduite d’établissements scolaires, la CGTEduc’action 93 soutient que le périmètre d’une
éducation prioritaire refondée doit s’étendre au delà de celui des ZEP d’il y a encore 10 ans, pour prendre en
compte tous les établissements accueillant majoritairement des publics socialement défavorisés.
22. Ce périmètre sera évolutif compte-tenu d’une carte scolaire impérative en repensant le mélange
social des territoires. Il va de soi que la carte scolaire est un instrument de cette recherche de mixité, mais
qu’elle ne peut pas être rendue responsable de ce qui revient aux choix économiques nationaux pour réduire
la pauvreté et les inégalités sociales, donc territoriales.
23. La circulaire du 1er juillet 1981, fondatrice de l’éducation prioritaire, prévoyait de « subordonner
l’augmentation des moyens à leur rendement escompté en termes de démocratisation de la
formation scolaire ». Cette notion de « rendement », au fil des années, a fait le lit des dérives qui ont conduit à
la situation actuelle. Oui il existe une valeur ajoutée des pratiques enseignantes collectives, de leur mise en
cohérence et de leur stabilité et, oui, cette valeur ajoutée n’est pas évaluable quantitativement, de sorte
que cette « évaluationite » n’a servi que « l’efficience de gestion » de la RGPP.
24. L’aggravation des conditions de travail dans les écoles et collèges socialement défavorisés, c’est
aussi l’aggravation de cette sommation de conduites, de dispositifs, de « rendement », qui n’ont eu pour
conséquence que la discontinuité, la déstabilisation et la fragmentation des équipes éducatives. Le projet
d’école ou d’établissement, dans ces conditions, n’a jusqu’à ce jour jamais pu être un outil collectif.
25. Le pouvoir exorbitant des chefs d’établissements dans le programme ECLAIR irait à
contre-sens de la nécessaire horizontalité renforcée des équipes éducatives. « La meilleure auto-évaluation
réside essentiellement dans la concertation permanente entre les différents acteurs du quotidien.
Se rencontrer, discuter du cas d’un élève, y consacrer le temps suffisant, chercher ensemble des
remédiations. » (rapport des Inspections Générales sur les ZEP de 1990-91).
26. Pour que cette concertation devienne une régulation constante, il faut qu’elle soit reconnue
comme une charge de travail au même titre que l’enseignement devant les élèves. Pour qu’elle
devienne mobilisatrice pour les personnels, il est inacceptable et irréaliste qu’elle excède la charge de
travail induite par les obligations de service actuel.
27. Aussi, dans le cadre des revendications qu’elle porte sur l’instauration d’un corps unique pour tous
les enseignants et sur le temps de service harmonisé qui en découle, la CGT-Educ’action 93 revendique-telle
dans l’immédiat pour tous les collègues exerçant dans des zones d’éducation prioritaire refondées : 3
heures de service déduites de leur service d’enseignement pour assurer cette concertation,
relative au suivi individuel des élèves, à l’élaboration et la réflexion sur les exigences par discipline et de
manière transdiciplinaire, à l’élaboration du projet d’école ou d’établissements.
28. La possibilité pour les personnels du 1er degré volontaires d’assurer une partie de leur service en cointervention ou dans ce temps de concertation avec
leurs collègues du 2nd degré dans les collèges.
La CGTR Éduc’action exige que les Conseils d’administration des établissements concernés soient préalablement consultés et que ceux qui se sont prononcés ou se prononceraient majoritairement contre ce dispositif (c’est le cas notamment dans les académies de Créteil et d’Aix-Marseille) n’aient pas à le subir : c’est un respect minimum des règles démocratiques.
Quant à l’extension au premier degré, elle ne devrait concerner que le volet pédagogique (l’équivalent du contrat de réussite RAR), mais sans préfet des études, ni profilage de postes.
Au total, sous prétexte de l’extinction du dispositif RAR, le ministère impose une nouvelle vision de l’éducation prioritaire, dont le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle manque d’ambition. Sous prétexte d’un saupoudrage actuel des moyens (mais qui en est responsable ?), seuls quelques établissements feraient désormais l’objet "d’attentions particulières". Enfin, sans attendre le moindre bilan de l’expérimentation, le dispositif CLAIR est généralisé.
Extrait de témoignage.re le 11.06.11 : Le gouvernement s’acharne à réglementer le système éducatif