" Le Monde de l’éducation " N°319, novembre 2003

A 7 reprises, les ZEP sont mentionnées dans cette livraison mensuelle.

Le dossier principal traite, bien entendu, du " grand débat " conduit, pour la phase en cours, par Claude Thélot. Après un article introductif, la rédaction a choisi le système abécédaire pour passer en revue les diverses questions qui se présentent : on ne s’étonnera donc pas que cela finisse par un " Z comme ZEP " (page 43) que voici :

" Après plus de vingt ans d’existence, les zones d’éducation prioritaires connaissent un essoufflement certain. Outre l’usure des militants, la nouvelle carte instaurée en 1999 aurait contribué à les affaiblir, en doublant leur nombre. Conséquence, un élève sur cinq est aujourd’hui scolarisé en ZEP. Peut-on dès lors encore parler de discrimination positive ? Une des solutions : concentrer les moyens sur celles qui rencontrent le plus de difficultés. Mais peut-on bousculer des situations établies ? " L’OZP, quant à lui, répondrait sans hésiter à ces questions…

Dans l’introduction du dossier déjà, on aborde l’éducation prioritaire lors d’un entretien avec Christian Forestier, président du Haut Conseil de l’évaluation de l’école (page 28) : " Après vingt ans de ZEP et de politiques de lutte contre l’échec, votre rapport fait le constat d’un creusement des inégalités. Quel échec pour l’école ! " lui dit Brigitte Perucca, la journaliste. Christian Forestier répond : " Ce n’est pas exact. cette phrase figurait en effet dans le rapport, mais nous l’avons corrigée. Ce que nous pouvons dire, c’est que l’école n’a pas permis de réduire les inégalités, ce qui n’est pas la même chose. (…).

Dans cette suite alphabétique, il n’est pas étonnant que les ZEP soient citées à la lettre " E comme égalité " (p. 33) et à la lettre " R comme ressources humaines " (p.39). Citons-en un extrait : " (…) Toujours dans le registre des pistes politiquement incorrectes, Philippe Meirieu, directeur de l’IUFM de Lyon, préconise, lui, de donner la priorité aux nouveaux titulaires sur les anciens dans le cadre du mouvement national d’affectations. Une mesure relativement facile à mettre en œuvre mais pour le moins périlleuse face à une volée probable de bois vert… D’autres, plus prudents, suggèrent des aménagements plutôt qu’une remise à plat. Ainsi, Alain Bouvier, recteur de l’académie de Clermont-Ferrand : " Certains étudiants seraient prêts à affronter les situations les plus difficiles. dans ce cas, le système d’affectations devrait leur permettre de choisir leur poste. Et je ne trouverais pas anormal de prévoir pour eux une compensation financière accrue ". Autrement dit, la prime offerte dans les ZEP ne paraît pas suffisante. Ancien recteur et ancien président du groupe d’experts sur les programmes du primaire, Philippe Joutard pousse encore plus loin ce raisonnement en se demandant " s’il ne faut pas réfléchir à un autre type de contrat dans les zones difficiles, avec des classes dédoublées ou la possibilité d’avoir deux enseignants par classe ". (…) La suite de l’article, on l’imagine, intéressera les acteurs de ZEP qui apprécieront qu’en note de bas de page soit rappelée l’existence du livre de Joutard et Thélot " Réussir l’école " : on devrait conseiller à toutes les personnes qui parlent de l’école (il y en a déjà beaucoup et, cette année, il y en aura une immensité) de lire d’abord cet ouvrage qui liste de façon raisonnée les questions posées au système éducatif français.

A la suite de cet alphabet, un " petit débat de base sur le début du Grand débat " a été organisé. Parmi les quatre débatteurs, l’une est en ZEP et une autre y a travaillé (p. 48 à 51). Article à lire : au-delà du sujet général, une vision réaliste du travail en ZEP y est exposée.

La présentation d’une étude (p. 13) et d’une publication (p. 88) abordent aussi l’éducation prioritaire : l’étude menée par Jean-Louis Auduc, directeur adjoint de l’IUFM de Créteil, sur le rôle de promotion sociale que continue à jouer l’IUFM à la suite de l’école normale de jadis et le livre de Patrick Saramon " Panser ou repenser les ZEP ? " qui est ainsi analysé :

" Depuis 1998, les zones ou réseaux d’éducation prioritaire (ZEP-REP) sont absents des discours et décisions des ministres successifs de l’éducation. Toutes les questions restent en suspens : évaluation, pilotage, renouvellement des équipes… Le dispositif perdure, personne ne songe sérieusement à le supprimer, mais on le laisse voué à " une fuite en avant pour le moins incertaine et opaque ", estime Patrick Saramon. Chercheur après avoir exercé vingt ans en ZEP dans différentes fonctions, il en dresse dans cet ouvrage un sévère état des lieux. L’Harmattan, 192 p. 16 €. "