Extrait du " Parisien " du 7 février 2001
En grève depuis une semaine, le collège Georges Brassens est descendu hier scander des slogans dans la rue : " Brassens en colère / C'est la faute au ministère " ou encore " Et un collège de plus pour le XIX e ". Le cortège, riche en banderoles explicites, a entrepris, dès 14 h 40, une tournée des établissements scolaires du XIX e . Au départ, les manifestants n'étaient pas plus d'une cinquantaine ; mais au fur et à mesure du périple, bien des gens se sont joints à la bruyante manifestation, pour certains armés de cymbales et de sifflets. Les effectifs ont ainsi plus que doublé, provoquant d'ailleurs une belle pagaille boulevard de la Villette.
Malaise de plus en plus perceptible dans l'arrondissement, le budget de l'Éducation ne semble apparemment pas à la hauteur des besoins réels : " Pour Georges Brassens, cela fait trois ans que l'on demande le classement en ZEP. A chaque fois, le ministère se contente de réponses évasives, sans préciser quels sont les critères à remplir. Mais n'est-ce pas vraiment nécessaire dans notre cas ? " demande Pascale, professeur d'espagnol. Une autre nécessité est aussi en train de se faire jour. Selon une déléguée PEEP, plus de cent élèves de sixième ne pourront intégrer leur niveau en septembre prochain, du fait d'un cruel manque de place. Un collège serait prévu rue Edgar Varèse, mais pas avant 2003 car " l'affaire traîne, l'appel d'offres a été infructueux, il n'y a aucune précipitation ".
Les enseignants sont unanimes : le mot " abandonné " revient dans toutes les bouches, comme si le nord de la capitale intéressait moins les pouvoirs publics que les arrondissements du centre : " Les enfants viennent à l'école pour voir leurs copains plus que pour travailler, sans que l'on puisse y remédier. On fait ce que l'on peut avec des bouts de chandelles ", concédait la professeur d'espagnol.
Le grand succès " Gare au gorille ! " du regretté Brassens avait été légèrement retouché pour l'occasion. Les parents d'élèves et les enseignants tenaient certainement à prévenir le ministère que la bête sauvage va bientôt sortir de sa cage. Pascale n'assistera d'ailleurs pas à cette triste scène. Fatiguée, elle va demander sa mutation pour la rentrée prochaine : " J'aimerais pouvoir enseigner l'espagnol ", confiait-elle dans un sourire triste, une banderole à la main.
Arnaud Murati