bonjour,
merci pour ce compte-rendu détaillé et nourri d’une discussion qui a du être passionnante !
On ne peut que souhaiter que ce débat se poursuive, tant l’enjeu de cette réforme et les questions qu’elle suscite sont importants : par exemple, passer de la scolarité obligatoire pour tous jusqu’à 16 ans, à une scolarité à géométrie variable organisant la sortie dès 14 ans pour un fort pourcentage d’élèves, ce n’est pas un détail, c’est un tournant fondamental. On ne fait pas les mêmes projets selon qu’on veut former toute une génération et assurer la mixité sociale, ou se délester le plus vite possible de la masse des élèves défavorisés, en se bornant à repêcher quelques individualités méritantes pour les intégrer à l’élite... Je suis prête à continuer à me battre au quotidien pour le premier objectif, mais s’il faut l’abandonner et dire amen au second, j’ai un problème de conscience majeur !
Comment ne pas s’interroger sur les "critères scientifiques" retenus par le Ministre pour sélectionner les EP1, quand on constate qu’AUCUN établissement du 92, ni du 95 ne sont ainsi classés ? Gennevilliers pas classé, Colombes pas classé, Garges les Gonesse pas classé.... on peut continuer la liste et je ne conteste pas que Mantes la Jolie a besoin d’aide, mais globalement j’attends avec intérêt que le Ministre nous explique les raisons du classement qu’il a publié. A ce stade, le moins qu’on puisse dire c’est qu’il me laisse sceptique.
Le silence radio sur le premier degré, et surtout sur la maternelle, est aussi un problème majeur. Si on continue à produire de l’échec de façon industrielle en négligeant délibérément le stade où sa prévention est la plus efficace, on n’a pas fini de générer de la souffrance à l’école et d’en gérer (bien ou mal) les effets en bout de course, au collège.... j’en ai assez de "gérer" ce qu’on n’a pas évité, faute de volonté politique et budgétaire.
Mes inquiétudes sur l’avenir se nourrissent aussi de la situation vécue dans mon collège. Notre dotation de ZEP a baissé au fil des années, si nous donnons priorité à nos projets, le résultat est que nos classes de 6e sont à 25 et nos 4e sont à 28, pour préserver un bon fonctionnement de notre CLA, une 4e AS à 15 et une option EPS qui marche. C’est toujours les projets OU les effectifs OU les options, fromage OU dessert, jamais de quoi faire les choses correctement en donnant à nos élèves ce à quoi ils ont droit.
Les profs sont sur les genoux, les uns à temps partiel pour tenir, avec toutes les conséquences financières que cela implique, les autres croulant sur les heures supplémentaires soit inévitables, soit nécessaires si on veut s’engager dans des projets. On n’a plus de projet d’établissement depuis des lustres, non qu’on n’en veuille pas, mais parce qu’il n’y a pas moyen de dégager le temps de réflexion et de concertation nécessaire pour le produire. On est dans l’urgence permanente, le nez dans le guidon, et c’est une source d’intense frustration. Tous nos appels à l’aide, toutes nos demandes, qu’il s’agisse de remplacer une secrétaire médicale qui manque depuis le 1er septembre, ou d’intégrer la concertation dans les services des profs, sont superbement ignorés. On nous explique que si on a du mal et que les résultats sont mauvais, c’est parce que nous ne savons pas faire, et on nous envoie paître.
Le problème c’est qu’à première vue les mesures Robien ne répondent en rien à nos besoins, puisque c’est au mieux du statu quo pour les EP2, et qu’à bien des égards elles nous enfoncent encore davantage.
Le financement des 1000 "superprofs" pour les EP1 est réalisé en supprimant partout 1/2 heure en 5e et 1/2 heure en 4e, donc on peut s’attendre à ce que nos moyens baissent encore, qu’on soit EP2, EP3 ou rien du tout. Si nous sommes dézeppés, nous perdrons nos 10% de DHG, soit chez nous de quoi financer plus de 2 divisions : que ça s’applique à la prochaine rentrée ou plus tard, ça veut dire que la perspective serait non plus un niveau à 28 élèves sur quatre, mais trois niveaux ?
Outre qu’il me paraît un peu rapide, après les travaux de Piketty qui mériteraient quand même examen, d’écarter d’un revers de main l’allègement des effectifs par classe comme facteur de la réussite scolaire, il y a un fait qui me paraît relever du principe de réalité le plus basique : si les effectifs par classe s’alourdissent encore dans les collèges ZEP classés EP2 ou EP3, non seulement les équipes n’y feront pas plus de projets, ne seront pas rendues plus créatives, moins encroûtées, etc.... mais elles s’effondreront purement et simplement. Les profs les plus anciens, qui sont restés dans ces collèges contre vents et marées parce qu’ils jugeaient à tort ou à raison qu’ils pouvaient encore y faire du travail utile, vont se poser sérieusement la question de muter. Se lever tous les matins, si c’est pour aller faire un travail qui ne répond plus à l’idée qu’on se fait d’un enseignement décent, il arrive un moment où ce n’est plus possible. Les jeunes profs nouvellement arrivés, eux, n’auront même pas le choix de partir.
Des équipes dynamiques, motivées, associant jeunes et anciens profs, ouvertes sur les recherches pédagogiques etc etc..... il en faut partout, pas seulement dans les +/- 200 collèges EP1. Les mesures Robien prétendent aider les EP1, mais que vont devenir le reste des établissements ? Et surtout que deviendront les ÉLÈVES qui s’y trouvent et qui ne peuvent pas échapper au problème en demandant leur mutation ?
marianne
compte rendu très intéressant pour ceux qui n’avaient pas la chance d ’être avec vous tous !
je me retrouve dans les propos des "modérement optimistes" mais aussi dans ceux des "foncièrement pessimistes" vis à vis du plan de Robien, effet sans doute des déclarations et /ou textes officiels qui semblent dire parfois tout et son contraire ; si quelques principes annoncés ne pouvaient que satisfaire (mise à plat de la carte et resserrement d’une politique, pilotage renforcé etc...) au vue des premiers choix effectués et du contexte général , l’inquiétude grandit : dans mon académie 3 ou 4 sites passeraient en EP1, un ou deux autres présentant les mêmes difficultés ne vont pas être retenus... , partout ailleurs les coupes sombres continuent (notre académie perd des élèves) les classes sont fermées, les équipes désintégrées , les directeurs sans décharge et des collèges fermées (douze collèges menacés).... et voilà qu’émerge le soupçon : les 4 postes des collèges EP1 ne viendraient-ils pas de ces zones voisines certes un peu moins difficiles mais à l’équilibre si fragile ?...
le premier degré s’inquiète du silence qui l’entoure ...
Alors le moral n’y est pas et on attend une vraie transparence expliquant les choix qui vont être faits pour l’EP1 ainsi qu’un vrai plan de relance, au dela des moyens supplémentaires , pour un accompagnement, certes diversifié, mais de toutes les écoles et tous les établissements de l’ex-education prioritaire ... faute de quoi, incompréhension et désespérance risquent de s’étendre... empêchant encore une fois une relance de réussir ...
sarah nordest
Depuis 20 ans, j’enseigne à l’école élémentaire, avec joie, au gré des réformes des nouvelles recherches et des nouveaux ministres. J’ai toujours cru que l’école pouvait apporter à tous la connaissance et cette part de liberté que tout être doit avoir, j’ai essayé quand on me disait de changer de méthode, j’ai lu et reculé plus d’une fois dans mes pratiques, je suis allée du monde rural à la zep, de l’école primaire à la maternelle.Mais aujourd’hui, je suis fatiguée.
Je suis à la case départ, les recherches de l’INRP ne comptent pas ? La recherche pédagogique, ça n’existe plus ? Où est l’ascenseur social ? L’école s’est donc trompée à ce point, au point de ne plus apprendre, de mal orienter, de ne plus nourrir les enfants de ce monde de connaissance ? L’école est nulle ? Les enseignants des incapables ? Tout ce temps et toute cette énergie n’ont servi à rien ?
I l faut qu’on se dépêche avant que ce gouvernement ne nous écrase définitivement de respirer encore de l’école .
jai adorée le téléfilm de laurent jaoui sur la zep et notamment le jeune talent driss ramdi qui y joue,début trés prometteur.
a pour quand un nouveau projet...?
Cette liste semble particulièrement étonnante, il semble que certains établissements de la liste ne soient pas classés en éducation prioritaire !
Scandaleux !
Bonjour,
Comment un grand hôpital public (l’Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille - AP-HM), et précisément sa direction informatique (« Direction Informatique et Réseau »(DIR)), pourrait-il s’engager auprès de la Conférence Périclès pour offrir des terrains de stage à des étudiants parrainés ?
Cette question peut être basculée en proposition : la DIR serait en mesure de recevoir en stage de 4 à 8 mois des étudiants parrainés par une grande école dans le cadre d’une convention tripartite Conférence Périclès/La grande école/la DIR.
Merci pour vos remarques et réponses.
Mes coordonnées :
o Gérard PONÇON
o Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille
o Direction Informatique et Réseau
o 04 91 38 15 96
o 06 79 65 98 44
o gerard.poncon@ap-hm.fr
A bientôt ; amicalement.
Cadre supérieur de la fonction publique, j’envisage d’inscrire mon fils, actuellement en 1ère dans un "grand lycée", dans un lycée classé ZEP pour son année de Terminale... Ca devrait lui garantir, donc, une place dans une "bonne" prépa... Les stratégies sont inévitablement nombreuses pour qui sait user des failles du système. La seule mesure réellement "juste" est celle relative au milieu socio-culturel de l’élève : catégories socio-professionnelles.
Non... Je ne suis pas un cadre de la fonction publique et mon fils n’est pas en 1ère, mais j’ai pris cet exemple pour montrer les limites des systèmes fondés sur l’établissement d’origine.
Je travaille dans un collège urbain classé en ZEP où je suis depuis de nombreuses années professeur principal de troisième, chargé donc d’accompagner environ 25 élèves tous les ans dans leurs choix d’orientation. En moyenne, 3 à 4 élèves souhaitent entrer en apprentissage. En 8 ans, AUCUN n’a signé de contrat d’apprentissage. Dans les autres classes de 3ème, de mémoire, et toujours sur 8 ans, 3 élèves en ont signé, et sur ces 3 élèves, deux contrats ont été rompus au bout de quelques mois.
Quelles en sont les raisons (d’après moi) : d’une part les employeurs n’ont souvent pas envie de signer des contrats avec des jeunes en grande difficulté scolaire (et qui donc s’expriment mal, calculent mal, s’organisent mal, ont une perception irréaliste du monde dans lequel ils évoluent, ont souvent du mal à gérer leur comportement etc...). En milieu rural et semi-rural, dans lequel j’ai également enseigné, le recrutement d’apprentis se fait souvent à travers un réseau de relations familiales, de voisinage ou encore professionnelles, dont ne bénéficient pas les élèves en difficultés des ZEP. Cette année, un de mes élèves va signer un contrat... avec son père, artisan.
Pour compenser cette méconnaissance, nombre de patrons demandent les bulletins scolaires, exigent (surtout dans les métiers en contact avec la clientèle) que le futur apprenti ait le brevet des collèges - garantie de compétences minimales - , nous appellent quelquefois pour savoir si l’élève se comporte bien...
Après les images diffusées à la télévision de quelques jeunes délinquants brûlant des voitures, je n’ai pas entendu de réactions enthousiastes des employeurs à l’annonce de l’avancement de l’apprentissage à 15 ans pour les élèves en difficulté.
D’autre part, les élèves savent que, quelques filières mises à part où quasiment seul l’apprentissage existe (métiers de bouche, du bâtiment...) et qui d’ailleurs peinent à recruter, les taux de chômage sont plus élevés lorsque les qualifications sont faibles. Et la voie de l’apprentissage à 15 ans ouvre sur des niveaux V bis (CAP), les plus bas.
L’apprentissage, qui est un mode de formation tout à fait respectable lorsque l’apprenti est reconnu dans son statut d’apprenant, peine à se défaire de son image de voie de relégation. Ce projet d’apprentissage à 15 ans ne lui rend pas service.
Jean-Philippe Vérité.
Si vous étiez déja aller dans un college vous verriez que l’apprentissage a 14ans est bien meilleur pour les éleves en difficultés qu’une perte de temps dans les salles de cours où ils font des choses qui ne les interessent pas et qui ne leur serviront jamais. Que repondez vous a cela ?
Bonjour, je voudrais voir le diaporama, mais il ne fonctionne plus ?
Merci !
"c’est du féminisme bcbg pour la bonne société."
Où ça, quand, comment ? Ne faudrait-il pas connaître le quotidien des militantes et militants de NPNS pour éviter les erreurs et confusions venant d’une connaissance de lectures de la Presse et non de l’accueil des femmes victimes d’agressions violentes en tout genre et de toutes cultures. Pourquoi bcbg ? Parce que cette association a su réunir au-delà des classes sociales, du clivage éthnique ?
Pourquoi mal accueillies dans les banlieues ? Parce qu’une minorité de gros bras fait régner sa loi qu’elle soit physique ou idéologique ? Lorsqu’enfin on arrive dans les banlieues, on est surpris de voir à quel point la communication est beaucoup plus simple qu’il n’y paraît, une fois que nos collégiens, Lycéens, se rendent compte par eux-mêmes à quel point on les trahit sur notre état d’esprit. On est surpris comme ils sont demandeurs d’un autre discours que celui qui les confine dans un genre à part. C’est cela qui, à la fois plaît à certains et déplaît aux autres, l’idée qu’une communauté d’idées, de pensée est beaucoup plus payante que l’inverse. Communauté de pensée qui n’a rien à voir avec la pensée unique mais bien avec une mise en commun de l’esprit, la certitude d’appartenir au même monde, à une même famille au sens large.
C’est ce qui m’a plu dans cette association, pas de groupes dominants, le sourire sur toutes les lèvres, une promesse de réunion !
La question de la politique partisane ? C’est hilarant, quand on n’a plus d’argument, il y a sûrement un rapprochement politique à faire. Et tous les partis politiques y passent, aucun ne convient, il s’agit seulement de dire : Cette association, cette revendication n’est pas bien : on vous le prouve, elle s’apparente à tel ou tel parti politique. La belle affaire, va !
Cet article me semble plein de bon sens.
Pourtant, ici et là, dans de nombreux établissements scolaires on travaille depuis longtemps déjà à l’épanouissement des enfants et des enseignants, avec les moyens du bord. Pour la nouvelle année, je formule le souhait que ce mouvement prenne de l’ampleur et se généralise, car changer l’école c’est changer le monde de demain, et c’est surtout une question de (bonne) volonté :-)
Ce préfet va-t-il s’intéresser aux ZEP ?
Difficile de le prédire à la lecture de ce texte instituant cette nouvelle fonction officielle.
Il est écrit que ce préfet travaillera à la "mise en oeuvre de la politique du Gouvernement en matière de cohésion sociale, d’égalité des chances et de lutte contre les discriminations. A ce titre, il participe à la mise en œuvre des actions visant à l’intégration des populations immigrées résidant en France."
Mais encore ?
Si l’on en juge le nouveau "périmètre" de la "cohésion sociale" indiqué par le site officiel "cohésion sociale" (voir la revue de presse de l’OZP), les questions d’éducation en sont désormais exclues.
Ce qui est écrit dans ce décret laisse à penser qu’il s’agit surtout d’être le correspondant de la HALDE et de l’agonisant FASILD. De plus, l’article 3 assurant une suppléance possible entre préfets à la sécurité, à la défense et à l’égalité des chances, laisse penser que l’aspect sécuritaire sera bien présent dans ses fonctions.
Pour ceux qui rêvaient d’un préfet à l’égalité des chances assurant la cohérence entre les différentes politiques territoriales, ce decret est pauvre et inquiétant.
On connait depuis 15 ans les "sous-préfets à la Ville" : on a vu des tas et des tas de jeunes sous-préfets assurer les tâches ingrates des préfectures avec la volonté de quitter au plus vite ces emplois sous estimés et sous qualifiés : ils ont été des comètes volatiles pleines d’assurance prônant la stabilité des fonctionnaires en poste dans les ZEP !
Est-ce que ces nouveaux préfets feront de même ?
On peut estimer positif que l’Education Nationale retrouve ses prérogatives mais que deviennent les PRE et surtout les financements qui les accompagnaient à destination des accompagnements à la scolarité individualisés, des équipes de réussite éducatice au service des élèves(entre autres), bref le fruit d’une année del travail partenarial que le plan de cohésion sociale avait eu le mérite d’instaurer...