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A Paris, ils ont choisi l’école qui n’est pas en ZEP (Le Parisien)

2004

Extrait du « Parisien » du 29.06.04 : ils ont choisi l’école qui n’est pas en ZEP

Un collégien sur deux fuit : orientation vers le privé, fausse domicilation... La moitié des collégiens parisiens n’est pas scolarisée dans son collège de secteur. Un phénomène d’évitement préoccupant, qui s’étend aujourd’hui à l’école primaire.
L’événement scolaire. Un des sports préférés des parents d’élève toujours en quête de la meilleure formation pour leurs rejetons. A Paris, « le phénomène s’est plutôt aggravé », grince Nicole Sergent, déléguée départementale du SNES, le principal syndicat d’enseignants du second degré « C’est toujours un problème très important », concède-t-on au rectorat. Si, de plus en plus, les parents font le choix de l’enseignement privé (lire ci-dessous) , ils multiplient également les ruses pour éviter l’établissement public de leur secteur. Dans les agences immobilières, écoles, collèges et lycées sont autant d’arguments de vente. Le passage du CM2 à la sixième reste le temps fort de l’évitement scolaire.
Les chiffres sont éloquents : pour la rentrée prochaine, 2 200 dérogations ont déjà été demandées au rectorat sur les 12 500 élèves qui feront leur entrée au collège : « Un parent sur six pense que son enfant serait mieux ailleurs. C’est énorme », commente Didier Jouault, l’inspecteur académique du second degré. Peur des ZEP, de la violence, choix stratégique en vue du lycée... Si l’on ajoute les 35 % des collégiens parisiens inscrits dans le privé, c’est près d’un élève sur deux qui ne va pas en cours dans son établissement de secteur. Et ce malgré une plus grande vigilance du rectorat sur les tentatives de fraude et une plus grande fermeté sur les dérogations : 1 100 dossiers seulement ont été acceptés à Paris pour la rentrée prochaine.
Pour les établissements rejetés, la ghettoïsation guette : « Aujourd’hui, même les parents des deuxièmes ou troisièmes générations d’immigrés font de l’évitement. C’est un cercle vicieux », souligne Nadine Dumortier, une des responsables départementales de la Fédération des conseils de parents d’élève (FCPE). « Une spirale, renchérit Nicole Sergent, du SNES. A Paris, il y a une inégalité des offres de formation et, du coup, on trouve des concentrations d’élèves en difficulté. » Pour reconstruire la mixité, une solution s’impose, selon elle : « Il faut des moyens supplémentaires en professeurs, en assistantes sociales, en infirmières... Mais il faut aussi multiplier les travaux en petits groupes, équilibrer la carte des formations offertes aux élèves et assurer une diversité d’options et de langues dans tous les établissements. »
Dès la maternelle
« Les parents commencent à réfléchir aux secteurs dès l’inscription en maternelle », constate Michel Delattre, responsable parisien du Syndicat des enseignants (SE-Unsa). « Parce que telle maternelle correspond à telle élémentaire et, en bout de course, à tel collège. » Face au contournement de la sectorisation, l’inspection académique, comme les élus, sont impuissants. Sur quelque 300 dérogations dans le primaire demandées par les familles du XVIIIème arrondissement en 2003, la moitié seulement a été accordée par la mairie. « Mais nous ne pouvons rien faire contre ceux qui domicilient leur enfant chez des amis ou qui l’inscrivent dans plusieurs écoles en donnant de fausses adresses », déplore Eric Arnaud, adjoint du XVIIIème chargé des affaires scolaires. Autre mesure pour éviter l’évitement ou la fuite vers le privé : des mesures ponctuelles. « J’ai mis un poste supplémentaire à l’école de la Tourtille, dans le Xxème, où les parents sont inquiets sur le risque de ghettoïsation », indique Edouard Rosselet, inspecteur d’académie du premier degré. Mais toutes les écoles recevant des élèves en difficulté n’auront pas cette chance...

Florence Hubin et Renaud Saint-Cricq.

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