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Extrait du « Monde » du 27-28.03.05 : deux ans après l’agression d’une enseignante, le lycée La Tournelle à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine) retrouve un peu de sérénité
Impossible pour les élèves, d’entrer sans le précieux sésame : leur carnet de correspondance. Le règlement est clair : sans lui, les grilles du lycée professionnel La Tournelle restent closes. C’est l’une des mesures prises par le proviseur Raynald Pézavant depuis son arrivée dans l’établissement, situé à La Garenne-Colombes (Hauts-de-Seine), en mars 2003.
A l’époque, le lycée était paralysé. Les professeurs s’étaient mis en grève le 7 janvier 2003, après l’agression au couteau d’une de leurs collègues par une élève (Le Monde du 9 janvier 2003). Ils demandaient, notamment, le classement de l’établissement en zone d’éducation prioritaire (ZEP).
"Lorsque je suis arrivé, il n’y avait plus aucune notion d’autorité chez les élèves. Ils faisaient à peu près ce qu’ils voulaient. Une minorité agissante faisait régner sa loi", explique Raynald Pézavant. Jets de piles, menaces, incendies dans les toilettes ou hurlements dans les couloirs faisaient partie du quotidien de cet établissement qui accueille 625 élèves âgés de 15 à 25 ans.
Construit en 1998, le lycée offre pourtant un cadre plutôt agréable : salles de cours lumineuses, larges baies vitrées, équipement informatique et technique de bon niveau... Mais, en quelques années, un sentiment d’insécurité s’était installé. "J’arrivais tous les matins en me disant : "Qu’est-ce qui va se passer aujourd’hui ?"", raconte le conseiller principal d’éducation (CPE), Jean-Christophe Olive.
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"Maintenant, j’entends dire : "Ici, ce n’est pas pire qu’ailleurs". C’est un vrai changement", explique le CPE.
Pourtant, les élèves sont les mêmes et l’effectif du personnel a peu augmenté. "Il y avait déjà des moyens comparables à ceux qui existent en ZEP avant que j’arrive. C’est un faux problème. Il fallait un vrai management", affirme Raynald Pézavant. Sa première mesure a été d’exclure, définitivement dans une dizaine de cas, les fauteurs de troubles. Le règlement et les sanctions ont été clarifiés, avec, dans les cas les plus graves, un dépôt de plainte à la clé. Le téléphone portable et le port des casquettes à l’intérieur des bâtiments ont été interdits, les élèves ne doivent pas rester dans les locaux à l’intercours et les retardataires sont envoyés en salle de permanence.
"Ici, c’est la prison", se plaint un lycéen. Mais certains, comme Ali et Hamid, sont satisfaits du changement : "On a besoin d’un cadre." Les résultats sont là : depuis l’introduction d’une note d’assiduité attribuée par les CPE, l’absentéisme a baissé de plus d’un tiers, même s’il reste encore élevé.
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Gwénaëlle Barzic