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La politique de santé de la petite enfance dans la ZEP de Chanteloup-les-Vignes (78). L’association Baby-loup

12 mai 2006

Extrait du « Figaro » du 11.05.06 : A Chanteloup-les-Vignes, on aide les tout-petits dès la crèche

Un bilan de santé, pratiqué sur les enfants de maternelle, permet de repérer des difficultés de développement et de combler des retards.

Préconisez le dépistage précoce des troubles du comportement et voilà la polémique. Et pourtant, avec un autre nom et d’autres finalités affichées, beaucoup de conseils généraux ont institué des bilans de santé pour les enfants de 3 à 4 ans. Un outil très utile pour améliorer l’épanouissement des petits, sans laisser les difficultés s’installer, estime Chantal Bossière-Leboucher, médecin du réseau public de santé dans les Yvelines.

Cela fait presque dix ans qu’elle réalise cet examen au sein des écoles maternelles de Chanteloup-les-Vignes, une banlieue difficile, ville pionnière du département dans ce domaine. « Cela permet de faire entrer les parents dans l’école et de constater, ensemble, les acquis et parfois les difficultés des enfants », explique le médecin. Associées au diagnostic, les familles sont plus enclines à réagir. Visite chez l’orthophoniste, bilan neurologique ou auditif, tout est organisé pour cerner l’origine du trouble. « Nous apportons des réponses en terme de santé, pour aider l’enfant à se développer », insiste Christophe Darras, directeur de l’action sociale au conseil général des Yvelines. Ce bilan sur toute une classe d’âge détermine également l’effort pédagogique et sanitaire nécessaire pour éviter que les enfants perdent pied et s’emmurent dans l’échec scolaire.

Sur l’année scolaire 2000-2001, presque un quart des écoliers de 4 ans de Chanteloup présentaient des troubles de l’éveil : comportements de bébés, problème de tenue des crayons, difficultés de langage. Les retards sont « en partie liés au milieu social », explique le médecin. Ils sont plus rarement liés à l’origine ethnique, sauf pour la connaissance de la langue. « Certains enfants n’ont pas le vocabulaire de base. Il faudrait leur enseigner le français comme une langue étrangère », suggère le docteur.

« Ne pas démissionner les parents en les désavouant »

Le réseau d’aide scolaire, les écoles et les professionnels de la petite enfance ont travaillé ensemble sur le diagnostic. Depuis, les troubles de l’éveil chez les enfants de Chanteloup ont régressé. En 2004-2005, ils concernaient 16% des enfants. En revanche, un mal nouveau, encore inexpliqué, semble saisir les petits : l’angoisse. « Ces enfants manquent de confiance en eux et se montrent aussi bien inhibés que très agités. » Ils étaient 18% en 2000-2001 et plus d’un quart en 2004-2005. Là encore, certaines maternelles ont opéré une révolution pédagogique, en associant des interprètes et des psychologues pour mieux travailler avec les familles.

Le maire UMP, Pierre Cardo, se sert également de cet examen de santé pour adapter sa politique petite enfance. « A 18 mois, tous les enfants présentent le même développement. En revanche, à 4 ans, les écarts sont frappants », explique-t-il. Pour agir en amont, Pierre Cardo soutient l’étonnante crèche Baby-loup qui, nichée au coeur d’une gigantesque cité HLM, fonctionne tous les jours de la semaine, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, depuis 1995. Des enfants qui autrement seraient restés seuls, ou sous la garde d’un frère, parce que leurs parents travaillent en horaires décalés, sont désormais pris en charge. « C’est souvent suffisant pour qu’ils se sentent mieux », annonce le maire.

Mais Baby-loup est plus qu’une simple garderie. Si on s’y occupe des petits, on apprivoise aussi les adultes. Tout doucement, autour de gâteaux d’anniversaire, de thé, de soirées entre femmes, on aborde les questions d’éducation, sans prendre de front une mère qui gifle sa fille. « Il ne faut pas démissionner les parents en les désavouant frontalement. En revanche, on peut les aider à évoluer », explique sa directrice, Natalia Baleato.

Ces dernières années, l’Education nationale a constaté les résultats : les petits passés par Baby-loup se montrent bien plus à l’aise que les autres quand ils arrivent à l’école primaire.

Cécilia Gabizon

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