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Extrait du site « Yahoo », le 06.09.06 : Gilles de Robien contre la suppression de la carte scolaire
Paris (Reuters) - Le ministre de l’Education nationale a lancé mercredi une mise en garde contre la suppression de la carte scolaire, prônée par les présidentiables UMP, et socialiste Nicolas Sarkozy et Ségolène Royal.
"Je crois beaucoup plus à des expérimentations, à des ouvertures et à des assouplissements, qu’à une décision qui reviendrait à supprimer du jour au lendemain la carte scolaire", a déclaré Gilles de Robien sur Canal+.
"Celui qui supprimera brutalement la carte scolaire déstabilisera l’institution Education nationale", a-t-il ajouté.
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En matière de préservation de la mixité sociale, la carte scolaire "marche encore en partie", même si "ça ne marche pas totalement", a pour sa part estimé Gilles de Robien.
"La carte scolaire aujourd’hui, c’est un système d’enfermement qui produit certainement plus de mixité sociale que s’il n’y avait pas de carte scolaire mais avec des inconvénients", a souligné le ministre UDF de l’Education, en faisant allusion aux stratégies de "contournement" qu’elle a engendrées de la part de nombreux parents d’élèves.
"C’est pour cela que j’ai assoupli dès cette année la carte scolaire", a-t-il expliqué.
Il a ainsi rappelé que quelques dizaines d’élèves de zone d’éducation prioritaire (ZEP), qui avaient obtenu une mention très bien au brevet, avaient bénéficié de dérogations.
"Il pourra y avoir d’autres assouplissements. C’est une expérimentation", a-t-il ajouté.
Le ministre a estimé que "donner un peu de choix" aux parents d’élèves entre plusieurs établissements - une proposition proche de celle de Ségolène Royal - constituait également "une piste intéressante".
"Si on donnait un peu de choix, ça donnerait un peu de liberté et ça permettrait à chacun de suivre un cursus correspondant à ses aptitudes", a-t-il dit.
Extrait du site « Yahoo », le 06.09.06 : Gilles de Robien contre la suppression Robien : l’assouplissement de la carte scolaire "semble bien marcher"
Paris (AFP) - L’assouplissement de la carte scolaire, expérimenté cette année, "semble bien marcher", a jugé mercredi le ministre de l’Education Gilles de Robien, qui s’est dit "très heureux" que les candidats à l’élection présidentielle abordent ce sujet.
"J’ai déjà aménagé la carte scolaire", a rappelé M. de Robien à sa sortie du Conseil des ministres. "C’est une évolution avec une première expérimentation, c’est très intéressant. Je vais voir dans les écoles et les lycées comment ça marche, et ça semble bien marcher et convenir", a-t-il ajouté.
27 élèves de ZEP ayant obtenu la mention "Très bien" au brevet ont pu y déroger à la carte scolaire cette année.
Parmi les candidats potentiels à l’élection présidentielle, Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy ont remis en cause le principe de la carte scolaire. Mme Royal a suscité une salve de critiques au Parti socialiste en proposant de "desserrer la contrainte de la carte scolaire". Nicolas Sarkozy avait qualifié en février la carte scolaire de "privilège pour les uns et fatalité pour les autres".
Si M. de Robien s’est dit "très heureux que les candidats à l’élection présidentielle se préoccupent d’éducation nationale", il a cependant averti un peu plus tôt sur Canal+ que "celui qui supprimera brutalement la carte scolaire déstabilisera l’institution Education nationale".
Extrait du « Figaro » du 05.09.06 : Le ministre aimerait « desserrer » l’obligation de scolariser son enfant à proximité du domicile. Une concertation va être engagée
Plus de 12,4 millions d’élèves et 884 000 enseignants ont repris hier le chemin de l’école. Les syndicats d’enseignants qui craignent des restrictions budgétaires pour 2007 sont toujours prêts à se mobiliser.
Gilles de Robien a choisi de faire sa rentrée hier au lycée Hoche de Versailles, où, élève, il a passé les épreuves du baccalauréat. Dans ce cloître, transformé en collège et lycée d’élite, plus de 2 380 élèves - dont 700 en classes préparatoires - reprenaient les cours. Accueillis par leurs camarades de seconde, deux d’entre eux, Khalid Boumhaout et Fahd Ben Haddou, étaient un peu en retrait. Un brin intimidés, ils découvraient l’établissement prestigieux dans lequel ils seront désormais internes. Excellents élèves au collège André-Chénier, classé en ZEP à Mantes-la-Jolie, ils ont pu quitter leur cité et déroger à la carte scolaire grâce aux dispositions prises par le ministre, l’hiver dernier.
Gilles de Robien voulait que les meilleurs collégiens - ceux qui obtiendraient la mention très bien au brevet des collèges - aient désormais le choix de leur établissement. « Exit pour eux la carte scolaire ! », s’est exclamé le ministre. Car il aimerait bien bousculer cette obligation de scolariser ses enfants à proximité de son domicile, « la desserrer », un peu. « Elle a un petit côté privatif de liberté, qu’il faut, le cas échéant, assouplir. Elle enferme des bons élèves en ne leur laissant pas le choix de toutes les filières », a-t-il expliqué. Des propositions qui rejoignent celles exprimées ces dernier jours aussi bien par Ségolène Royal que par Nicolas Sarkozy.
« Mon prof d’histoire-géo de l’année dernière m’a encouragé, il m’a expliqué que ça me permettrait d’avoir un bon dossier pour faire de bonnes études dans l’informatique comme je veux les faire », explique Fahd qui confie que ses parents, le matin même, lui ont demandé « de travailler beaucoup et de ne pas faire de bêtises ». Tandis que son ami Khalid attend beaucoup « de ce grand lycée ».
« Risque de ghettoïsation accrue »
Le phénomène reste marginal car sur les élèves de 3e scolarisés dans l’un des 249 collèges les plus sensibles, seuls 244 élèves ont décroché le brevet avec mention très bien et 27 d’entre eux ont décidé d’utiliser ce dispositif et de changer d’univers. Mais l’innovation ministérielle n’est guère du goût de tout le monde. Un professeur d’anglais, membre du conseil d’administration de l’établissement, a interpellé le ministre pour lui dire l’hostilité du corps enseignant du lycée Hoche. « Car, a-t-il dit, si on enlève les meilleurs éléments des collèges de ZEP, on contribue à accroître la ghettoïsation de ces établissements, déjà défavorisés. » Réplique immédiate du ministre : « Dire qu’il faut laisser de bons élèves dans les établissements plus difficiles pour ne pas les déshabiller, c’est très réducteur, très castrateur. »
Sachant malgré tout que le sujet est sensible, le ministre a fait preuve de prudence. Il n’a pour l’instant fixé aucune échéance. « Mais je sens de façon intuitive qu’il y a des choses à faire, ça suppose beaucoup d’écoute et une belle concertation avec les partenaires sociaux », a-t-il prévenu, semblant pour l’instant vouloir se cantonner aux lycées. Les initiatives dans les classes de banlieue sont décidément dans l’air du temps. Le président socialiste de la Région Ile-de-France, Jean-Paul Huchon, s’est rendu lui, à Clichy-sous-Bois, au lycée Alfred-Nobel, l’un des quatre lycées expérimentaux que le directeur de Sciences po, Richard Descoings, rêve de conduire vers l’excellence. Ici, 60 élèves de seconde et de première année de BEP vont profiter, deux demi-journées par semaine, de travaux sur des thèmes d’actualité et d’un suivi individualisé par des tuteurs extérieurs.
Christine Ducros
Extrait de « Libération » du 06.09.06 : Offensive générale contre la carte scolaire
La question, toujours passionnelle, de la carte scolaire est de nouveau sur le tapis. Après le président de l’UMP et ministre de l’Intérieur Nicolas Sarkozy qui a prôné sa suppression, son collègue de l’Education, Gilles de Robien, propose de l’ « assouplir ». Mais la nouveauté vient de la gauche : en appelant dimanche à « desserrer la contrainte » et à laisser « le choix entre deux ou trois établissements », Ségolène Royal a non seulement semé la zizanie au PS (lire ci-contre) mais aussi levé un tabou dans son camp.
Ampoulée
La carte scolaire a « un petit côté privatif de liberté, qu’il faut, le cas échéant, assouplir » : au-delà de la rhétorique ampoulée, le ministre de l’Education a été clair, lundi, sur les réticences que lui inspire cette carte scolaire créée il y a quarante-trois ans pour assurer une mixité sociale. En visite au prestigieux lycée Hoche de Versailles, Robien a rencontré deux jeunes issus d’un collège d’un quartier sensible de Mantes-la-Jolie qui y entrent en seconde, grâce à une toute nouvelle possibilité : s’ils décrochent une mention très bien au brevet, les élèves des collèges classés Ambition Réussite sont autorisés à choisir leur lycée, contournant ainsi la carte scolaire. Une dérogation dont 12 % des collégiens concernés ont profité cette année, s’est félicité le ministre.
« Je sens de façon intuitive qu’il y a des choses à faire, mais ça suppose une belle concertation avec les partenaires sociaux et beaucoup d’écoute » : Gilles de Robien est toutefois resté prudent sur l’avenir de la carte, se gardant de parler d’un abandon. Déjà très critiqué par les syndicats, qui ont appelé à une grève le 28 septembre pour protester contre la réduction des effectifs, le ministre est conscient des risques qu’il encourt à soulever une question aussi sensible. La plupart des organisations syndicales ¬ d’enseignants, de chefs d’établissements, de parents ¬ sont très attachées à cette carte, symbole d’une école creuset de la République.
Véronique Soulé