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Mécontentement dans les ZEP et ailleurs au sujet des restrictions budgétaires (L’Humanité)

17 février 2005

Extrait de « L’Humanité » du 16.02.05 : les restrictions budgétaires s’incrustent dans le débat

Alors que la carte scolaire 2005 commence à être connue, la colère monte dans les établissements.

Combien de temps encore François Fillon pourra-t-il occulter la « problématique budget » ? À quelques heures de l’ouverture du débat parlementaire sur le projet de loi d’orientation sur l’école, la question, en tout cas, venait s’ajouter aux revendications enseignantes et lycéennes. Alors que la carte scolaire 2005 finit d’être révélée, les établissements qui s’irritent en découvrant les réductions horaires imposées l’an prochain se multiplient comme des petits pains.

Par exemple, le collège Jorissen de Drancy, en Seine-Saint-Denis, qui, depuis le 8 février, reconduit la mobilisation contre la « baisse inquiétante des heures d’enseignement ». L’établissement perdra 78 heures de cours hebdomadaires. Ce qui équivaut, dans la pratique, à la perte de quatre postes d’enseignant (mathématique, let- tres, EPS et technologie) et de deux classes (6e et 4e), quand la réduction de ses effectifs n’est estimée, elle, qu’à seulement quinze élèves.
Un moindre mal, comparé au sort réservé aux collèges de Plougasnou et de Camaret, dans le Finistère. Ils sont, eux, condamnés à fermer définitivement leurs grilles en septembre, ne laissant ainsi d’autres possibilités que celle d’aller voir ailleurs à leurs 175 élèves (l’Humanité du 11 février). Mais en matière de fermeture, c’est sans conteste l’enseignement technique et professionnel qui trinque le plus. On ne compte plus, aujourd’hui, le nombre de sections biffées des plannings.

Bref, le budget adopté pour 2005 et ses 5 500 postes d’enseignant supprimés dans le secondaire est désormais palpable. Où l’on voit se renouveler un scénario déjà joué l’an dernier : suppressions d’options et de dédoublements de cours sont d’ores et déjà programmées, singulièrement en ZEP. La seule académie de Paris perd 2 800 heures de cours, dont 1 100 heures au collège et 360 en filières professionnelles.

S’il hérite de 700 postes d’enseignants supplémentaires l’an prochain (pour 51 000 élèves en plus), le primaire n’est pas pour autant épargné. À Paris, toujours, la suppression projetée de 50 classes, y compris en ZEP, provoque l’ébullition. Une dizaine d’écoles sont ainsi le théâtre d’occupations de la part des parents d’élèves. Nicole Borvo Cohen-Seat, sénatrice et conseillère de Paris (PCF), a adressé, à ce propos, hier, une question écrite au ministre afin de lui demander de revoir sa copie.

Ces questions de fonctionnement ne pourront rester bien longtemps hors du débat sur un projet de loi dont le coût est estimé à 2 milliards d’euros. Cette ligne budgétaire a-t-elle été approuvée par Bercy ? Où le ministre compte-t-il trouver l’argent ? À aucun moment, il n’a précisé ces deux points.

Ils ne sont pourtant pas négligeables quand on sait, par exemple, que sa mesure, inscrite au projet de loi, visant à dédoubler les cours de langues au lycée est financée grâce à la suppression des TPE (travaux personnels encadrés) en classe de terminale. Extrêmement décriée, cette décision fait partie des principaux griefs qu’adressent les lycéens à leur ministre. Elle a néanmoins déjà été imposée, par décret, en novembre dernier. Que la loi soit adoptée ou non, les jeunes ne retrouveront ni leurs profs, ni leurs options, ni leurs travaux interdisciplinaires sans de sérieuses rallonges budgétaires.

Marie-Noëlle Bertrand

(1) Le ministre avait parlé, à l’origine, de 1 500 classes relais supplémentaires.

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