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L’accueil des nouveaux nommés en ZEP, avec Jean Rioult, responsable de ZEP à Bondy (93) (Rencontre OZP, mars 1998)

mars 1998

-----LES RENCONTRES DE L’OZP-----

OZP - Association
Observatoire des zones prioritaires
www.ozp.fr

n° 6 - mars 1998

L’accueil des nouveaux nommés en ZEP

Compte rendu de la réunion publique du 11 mars 1998

Le renouvellement des personnels de ZEP est important, aussi bien dans le primaire que dans le secondaire. Or l’arrivée de nouveaux enseignants dans les établissements (qu’ils soient débutants ou mutés) peut rendre nécessaire une stratégie d’accueil et de soutien. Cet accueil doit favoriser une meilleure connaissance de l’environnement et des élèves et aider à trouver une pédagogie appropriée.

Le stage « Adaptation au premier poste » dans la ZEP de Bondy,"
par Jean Rioult , inspecteur de l’Education nationale et responsable de ZEP à Bondy.

L’accueil des nouveaux nommés en ZEP est indissociable du projet de zone. Aussi convient-il de donner quelques éléments de repère concernant la ZEP elle-même et le contenu du projet.

 La ZEP de Bondy Nord est une zone enclavée (par l’autoroute du Nord, le canal...) qui compte une population de 13 500 habitants sur une superficie relativement limitée. Elle est composée d’un collège, de cinq écoles élémentaires et de quatre écoles maternelles pour un total de 2 650 élèves.
Bondy dispose également d’un contrat de ville.
Dans les collèges, il existe une forte rotation des enseignants (50 % en moyenne) ; en revanche, dans le premier degré, le taux de rotation n’est que de 20 % environ.
La paupérisation est forte et se perçoit notamment à travers la demi-pension...
Le tissu associatif est très dense, ce qui constitue peut être l’une des explications de la stabilité des enseignants du premier degré. Il existe une relation solide entre les écoles et les associations municipales.
Les résultats des élèves de la ZEP ne sont pas catastrophiques : de 12 à 15 % inférieurs aux résultats nationaux.

 On a essayé de développer dans la ZEP la démocratie locale, autour de l’idée de projet. Un important travail de commission permet d’être à l’écoute des propositions, de susciter des initiatives et surtout l’appropriation par chacun du projet.
S’il n’est pas simple d’établir les caractéristiques d’une bonne action en ZEP, et impossible d’appliquer une recette, certains écueils sont, en revanche, à éviter prioritairement.
Le principal est le repliement des enseignants sur eux-mêmes et le manque de solidarité subséquent des équipes. La mise en place de stages d’accueil procède d’une volonté de prévenir notamment ces réactions de repli.
Apparaissent également comme des écueils à éviter l’activisme au sein de la ZEP, les attentes négatives (notamment liées aux évaluations), le tout sécuritaire et le misérabilisme.

Positivement, l’axe essentiel du travail dans la ZEP est la convivialité ; il est impératif de tisser du lien social, de se mettre en réseau.
La convivialité vise d’abord les élèves. Elle inclut un apprentissage de la Loi, qui ne se limite pas à la loi scolaire.
Elle s’étend bien sûr aux enseignants (travailler à la connaissance du projet, associer les enseignants, entretenir la stabilité de l’équipe...). Il existe des solidarités à développer entre les enseignants autour des valeurs fondamentales. Cette notion même de convivialité avec et entre les enseignants met nécessairement l’accueil des nouveaux au centre du projet.
La convivialité s’étend aux parents. Les rapports avec eux doivent être professionnels et les parents doivent aussi être respectés comme des usagers à qui on rend des comptes.
La convivialité enfin touche les partenaires. Les stages organisés sont intercatégoriels et ne regroupent pas que des enseignants.

Sur un plan général, le fonctionnement démocratique de l’école est l’une des préoccupations majeures du projet.

 C’est par rapport à des convictions fortes qui structurent le projet de la ZEP, telles que celles qui viennent d’être énoncées, que l’accueil des nouveaux est organisé.
Les nouveaux arrivants à Bondy sont majoritairement sortants de l’lUFM.
L’équipe qui organise le stage part du principe que les arrivants connaissent les contenus d’enseignement et la didactique correspondante.
Il faut ensuite traiter ces contenus d’enseignement pour les appliquer aux élèves : travailler sur les situations spécifiques d’apprentissage.
Les arrivants jeunes ont souvent peur. L’encadrement doit le savoir et les aider à surmonter cette peur. Son objectif est de faire entrer les jeunes dans l’équipe (pluricatégorielle) et d’éviter le repliement.

Description du stage

En 1997, le stage est organisé pour la troisième année.
Il commence par des témoignages de ceux qui étaient arrivants l’année précédente. Cette série de témoignages est extrêmement importante.
Avant le premier stage, les arrivants de l’année précédente avaient été interrogés sur ce dont ils auraient eu besoin. Depuis, on continue d’interroger régulièrement les jeunes enseignants en dehors des périodes de stage ; il est important d’être à l’écoute de leurs attentes et de leurs difficultés.

Quatre interventions sont effectuées ensuite par des universitaires et des chercheurs. Les intervenants dressent un tableau de l’environnement de l’Ecole nécessaire à l’accomplissement des missions d’enseignement en ZEP.

 La place de l’école dans les quartiers en difficulté : intervention de Christian Bachmann.
 Les relations école -famille : intervention d’Alain Bourgarel.
 L’école en difficulté : intervention de Francis Imbert (professeur de psychopédagogie et psychanalyste).
 Importance des cultures d’origine : intervention de Kouassi Kouakou (ethnopsychiatre, membre de l’équipe de Toby Nathan).

Des interventions concernant les ressources locales complètent le stage. Ces dernières permettent aux arrivants de faire connaissance directement avec des acteurs locaux et incitent à travailler en réseau.
Enfin, une demi-journée est consacrée à la mise en route du projet personnel de l’enseignant par rapport au projet ZEP.
Ce stage de formation a lieu en début d’année. Il est difficile d’institutionnaliser un suivi ou des actions de soutien pour les nouveaux professeurs de collège.
En revanche, le suivi existe pour les enseignants du premier degré.
Malheureusement, seul un pourcentage faible d’enseignants est touché par le stage, en raison de la difficulté d’obtenir des remplacements.

Il est difficile d’évaluer l’impact du stage sur la fidélisation des enseignants et leur volonté de rester dans la ZEP.
Ceux qui y restent durablement sont en majorité originaires du département.
Contrairement à ce qu’on entend parfois, la nomination de jeunes enseignants dans les quartiers difficiles est potentiellement positive. À condition de savoir les recevoir et les former. A condition également que le renouvellement soit progressif (on peut estimer qu’un renouvellement d’environ un cinquième par an des équipes serait le taux de rotation optimal).

Ce qui existe ailleurs...

 La ZEP d’Asnières a créé des groupes de travail de jeunes enseignants, qui sont intéressants notamment en tant que lieux de parole très libres.

 Dans les trente-deux ZEP de l’académie de Versailles, de 1990 à 1995, des stages d’accueil des nouveaux ont été organisés avec la coopération de la MAFPEN. Ils concernaient essentiellement les personnes travaillant dans le second degré, mais des enseignants du premier degré y étaient invités.
Ces stages posaient le problème technique de l’ajustement entre les plans départementaux de formation et le plan académique de formation ; ce problème a pu être résolu.

 Dans la ZEP de Mantes, une journée banalisée est fixée quinze jours après la rentrée pour l’accueil des nouveaux de tous les services publics de quartier. Elle est organisée par l’Éducation nationale, mais a été créée à l’initiative du maire. Une évaluation et un bilan font suite à cette journée.

 Dans le Pas-de-Calais, toutes les ZEP organisent depuis deux ans des stages d’accueil des nouveaux nommés, avec, ce qui est original, un appui départemental. Il s’agit de stages plus courts que celui organisé dans la ZEP de Bondy.

La plupart de ces stages sont décrits sur la banque de données DIFACT (3616 INRP).

Éléments de conclusion

L’existence de stages d’accueil en ZEP est positive sur le principe, mais le plus important est qu’ils correspondent à un contenu.
On peut envisager que des stages mal conduits fassent plus de mal que de bien, par exemple s’ils présentent le projet de zone comme un ensemble d’actions périphériques qui s’ajoutent aux heures d’enseignement sans intégrer ces dernières. Dans une telle hypothèse, c’est le sens même de la ZEP qui disparaît.
Souvent, quand une équipe fonctionne trop bien, ou depuis trop longtemps, ses membres n’explicitent plus leur action et l’accueil des nouveaux devient impossible.
La fonction de l’encadrement est de faire reformuler régulièrement le contenu du projet. Cela sera bénéfique à l’équipe elle-même et servira la stratégie d’accueil : convivialité et association au contenu du projet.
Les nouveaux s’intègrent au projet et une bonne intégration implique qu’ils contribuent à le faire évoluer, à le faire leur.
Les nouveaux arrivants en ZEP sont souvent des jeunes qui, s’ils bénéficient des vertus fédératrices de la ZEP, apprendront à leur tour à devenir des fédérateurs.

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