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L’éducation prioritaire dans les motions préparatoires au congrès du PS (Reims)

23 octobre 2008

Extrait du site du Parti socialiste, le 22.09.08 : Ce qui concerne, de près ou de loin, l’éducation prioritaire dans les 6 motions préparatoires au congrès de Reims.

Motion A, présentée par Bertrand Delanoë :

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Une école assurant l’égalité réelle des chances. Aujourd’hui encore, la moitié seulement des enfants d’ouvriers obtiennent le baccalauréat contre 90% des enfants des cadres et enseignants. Ni la carte scolaire, contournée par les multiples dérogations, ni les ZEP, dont les moyens sont limités, ne permettent de garantir une véritable égalité des chances.

D’après les dernières estimations disponibles, réduire à dix-huit élèves la taille de certaines classes en CP et en CE1 en ZEP permettrait de diminuer d’environ 40% les différences de niveau des connaissances acquises. Nous devrons évidemment progresser dans cette direction et renforcer considérablement les dispositifs de soutien aux élèves les plus défavorisés.

Les procédures d’affectation des enseignants et leur rémunération devront également être modifiées.
Revaloriser le statut de l’enseignant et lui donner, dans la société, toute la place qu’il mérite, ce doit être l’un des objectifs essentiels de la gauche. Afin de lutter contre les discriminations sociales et territoriales, nous proposons enfin que les meilleurs élèves de chaque lycée - y compris ceux implantés dans des zones rurales ou dites « sensibles » - puissent accéder, chaque année, aux classes préparatoires des grandes écoles. Une part significative de ces places pourrait être réservée à cet effet après examen des candidatures en provenance de ces zones fragiles, le reste continuant à être attribué classiquement comme c’est le cas aujourd’hui.

[...]

Les solidarités entre territoires, enfin. Qu’il s’agisse des quartiers urbains en difficulté ou de certains territoires ruraux, leurs habitants se sentent souvent exclus de l’écriture de notre avenir commun. Dans « les banlieues », l’Etat doit évidemment faire respecter l’ordre public mais aussi assurer une présence forte sur place, à travers deux axes décisifs : d’une part, une qualité de vie accrue qui implique des interventions nouvelles en terme d’habitat, d’urbanisme et d’architecture,et d’autre part une dynamisation du potentiel humain et économique de ces espaces, trop souvent réduits à leur image de « quartiers sensibles ».

Une nouvelle étape de la « politique de la Ville » doit donc être mise en œuvre, passant notamment par des contrats d’objectifs, régulièrement évalués, entre l’Etat, le système de formation initiale et permanente, les collectivités territoriales et les entreprises associées.

La question urbaine est aujourd’hui un enjeu majeur de nos civilisations contemporaines, pour des raisons humaines, sociales, économiques et écologiques. Il faut un investissement fort et un projet ambitieux de la part de l’Etat en termes d’infrastructures, de logement, de culture, articulé, avec les collectivités territoriales, pour que les villes deviennent plus équilibrées et plus vivables. Les quartiers populaires dégradés et les banlieues des grandes agglomérations ont besoin d’une politique de rénovation relancée. L’Agence Nationale de Rénovation Urbaine n’offre pas les moyens nécessaires pour réhabiliter les logements dégradés, désenclaver les quartiers, créer des équipements de proximité.

L’investissement n’est pas tout, il faut une politique scolaire qui lutte contre la ségrégation, aux antipodes de la suppression de la carte scolaire, il faut un soutien éducatif, des classes moins nombreuses et une pédagogie innovante dans ces quartiers. Davantage d’éducateurs de rue et une politique de prévention qui mobilise véritablement tous les acteurs institutionnels et soutienne les associations.

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Motion B, présentée par Nicole Bricq (pôle écologique) :

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La promotion de la diversité des initiatives et des pédagogies. Pour libérer la créativité et autoriser la juxtaposition des stratégies des enseignants, il faut encourager et récompenser l’initiative pédagogique, soutenir la recherche sur les pratiques et les usages, encourager les expériences favorisant la diversité des parcours et diffuser une culture de l’évaluation de ces efforts. Ceci appelle avant tout un projet collectif, impliquant la communauté éducative.

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Motion C, présentée par Benoît Hamon :

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• S’attaquer à la question de la mixité scolaire. La sectorisation est un outil qui peut combiner intérêt de l’enfant et mixité sociale grâce à une stratégie de reconquête des établissements publics en difficulté.
Dans les quartiers populaires, l’école doit proposer à tous l’excellence : classes à effectifs allégés, enseignants expérimentés, choix dans les options, réseaux d’aide renforcés, dispositifs de classes relais...
Notre responsabilité est de construire l’école du siècle prochain. Nous devons nous engager à donner à l’école les moyens dont elle a besoin. Et nous pouvons dès aujourd’hui associer les collectivités locales de gauche, déjà très impliquées dans les questions éducatives, les associations d’éducation populaire, les familles, les syndicats d’enseignant, dans l’élaboration, en commun, d’un projet pour l’école dont l’objectif serait la réussite de tous, et non celle de quelques uns.

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Motion D, présentée par Martine Aubry :

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Pour mener une telle politique, il va falloir donner à chaque école les moyens dont elle a besoin. Le phénomène de ségrégation territoriale a eu pour conséquence de très fortes disparités entre établissements scolaires. Certains concentrent des familles cumulant toutes les difficultés sociales et économiques. D’autres, au contraire, regroupent des familles ayant toutes les chances de leur côté. La suppression de la carte scolaire accentue ces inégalités. Nous ne sortirons durablement de cette situation qu’en recréant partout de la mixité sociale, par de grandes opérations de renouvellement urbain.

Dans l’attente, il faut moduler fortement le nombre d’élèves par classe, pas plus de quinze là où c’est le plus difficile et pourquoi pas jusqu’à trente dans les classes où les élèves ont beaucoup de facilité. Pour relancer concrètement l’ascenseur social, entre 5 à 10% des élèves de tous les lycées doivent avoir accès aux filières d’excellence. Il faut aussi encourager les enseignants les plus aguerris à enseigner là où c’est le plus difficile, naturellement en contrepartie d’avantages professionnels. Nous défendons la généralisation des projets éducatifs globaux, qui s’organise autour de chaque école dans certaines communes,à toutes les écoles françaises. Ils permettent, au-delà des programmes de l’éducation nationale, d’ouvrir les enfants à la culture, à la citoyenneté, à la protection de l’environnement... et ainsi de mieux réussir aussi les apprentissages fondamentaux. Nous insistons aussi sur la nécessaire défense de l’école maternelle, aujourd’hui mise en cause par certains. Elle représente le lieu fondateur de l’apprentissage de la langue.

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Repenser les villes

Aujourd’hui, la fracture sociale se double d’une terrible fracture territoriale. Les constructions des années 50 et 60 ont apporté alors un réel progrès pour le confort et l’hygiène, mais en même temps, elles ont engendré une double ségrégation sociale (ghettos de riches ou de pauvres, coupures générationnelles ou communautaires) et fonctionnelle (les quartiers où l’on dort, ceux où l’on travaille, ceux où l’on se divertit...). Cette ségrégation est devenue un puissant facteur d’enracinement des inégalités : le lieu où l’on vit détermine non seulement la façon dont on vit, mais aussi la réussite scolaire, le travail, la santé et même l’espérance de vie... Les violences de 2005 sont aussi une révolte contre ce « ghetto français ». Comment se projeter dans l’avenir quand on n’ose plus dire où l’on habite de peur de se voir refuser une embauche
 ? Comment se construire des racines quand on habite dans un immeuble posé sur un terrain vague ? Comment ne pas se sentir abandonné par la République quand les services publics désertent un à un votre quartier ?

Il nous appartient de réinventer la ville, lieu de développement de l’homme du XXIe siècle, creuset de la citoyenneté, de la démocratie et de la culture. La politique de la ville a été utile, mais insuffisante face à la puissance des mécanismes à l’oeuvre. Il est illusoire de prétendre « guérir » les quartiers qui vont mal sans repenser toute la ville, sans façonner une nouvelle « urbanité ». Il nous faut réinventer un nouvel « art de ville » : reconstruire la ville en réunissant les différentes fonctions - logements, commerces, équipements publics, bureaux... - dans toutes les opérations d’aménagement ; faire de la qualité la marque de fabrique de nos villes (architecture, espaces publics...) ; renouer ainsi avec la mixité sociale. La puissance publique s’incarne dans ses services publics. Redéfinissons le champ de leurs interventions, mettons un terme aux zones sous et sur administrées, ainsi qu’une réelle péréquation des moyens attribués par l’Etat aux collectivités locales.

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Motion E, présentée par Gérard Collomb (et signée par Ségolène Royal) :

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Nous proposons de :

• Se fixer comme objectif la création d’un service public de la petite enfance en permettant d’accueillir les enfants de moins de 3 ans à l’école et en aidant les collectivités à développer des crèches.

• Rétablir les contrats éducatifs locaux, pour mieux articuler les enseignements scolaires avec les activités péri et extra scolaires (éducation artistique, éducation physique, par exemple).

• Définir des normes d’élèves par classe et s’inspirer du modèle d’éducation finlandais : limiter à 17 le nombre d’élèves par classe en CP et en CE1 dans les ZEP et fixer la dotation aux établissements par élève en difficulté à 25%de plus que la dotation ordinaire

• Garantir la présence de l’école de la République au plus proche des habitants sur tout le territoire.

• Développer le soutien scolaire individuel et gratuit pour les familles.

• Donner à tout jeune atteignant sa majorité le droit à un capital pour construire son projet de vie (prêt à taux zéro de 10 000 euros garanti par l’État).Développer le système des bourses tremplins, pour tous ceux qui souhaitent créer leur activité ou reprendre une entreprise.

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La desserte des banlieues et zones périphériques est un élément essentiel de désenclavement de ces territoires et un levier de mixité sociale important sur lequel nous devons être exemplaires.

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Nous devons susciter parallèlement une nouvelle dynamique urbaine dans nos banlieues en y installant de nouvelles activités économiques. La politique des zones franches n’a pas toujours produit les résultats escomptés en termes d’emploi des populations y résidant. C’est pourquoi, il faut ouvrir notre réflexion à une idée simple : attacher les droits à exonération aux individus et non pas à la zone.

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Motion F, présentée par Franck Pupunat (Utopia) :

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L’école républicaine doit accueillir des enfants de toutes origines, de tous milieux, de toute croyance. Elle doit favoriser la mixité sociale et jouer pleinement son rôle de socialisation qui fonde notre « vivre ensemble ». Aujourd’hui elle ne le peut pas. L’enseignant seul ne peut tout assurer. C’est la constitution d’équipes éducatives qui est garante du projet d’établissement, du suivi individualisé des élèves, de l’aide gratuite au travail personnel, des critères de sanction qui intègrent au lieu d’exclure, du projet d’orientation en dialogue avec les familles.

On a trop souvent laissé les territoires concentrer des populations de classes sociales semblables et les dérogations se sont multipliées au sein du système public : on assiste à une fuite des « élites » vers les établissements les mieux « cotés » ou accueillant le moins de jeunes des milieux défavorisés. Cela crée des ghettos qui viennent s’ajouter à ceux existants.

Lorsqu’il existe des écoles privées non soumises aux cartes scolaires, comment peut-on construire une société solidaire et fraternelle en acceptant une telle ségrégation dès l’enfance ? Nous proposons donc l’intégration des écoles privées, actuellement sous contrat et hors contrat, au service public et laïc de l’Education, seul véritable garant de l’intérêt général.

Nous proposons également de développer une réelle mixité sociale en reconstruisant une carte scolaire sur une base dépassant la seule proximité géographique de l’habitation (c’est-à-dire en scolarisant des jeunes dans d’autres quartiers que le leur). La mixité sociale sera alors facteur d’émulation, moteur d’apprentissage. La relative hétérogénéité des publics pourra contribuer à développer la compréhension des différences entre individus ainsi que le respect et l’ouverture aux autres.

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Le site du PS

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