> Enseignement supérieur et Ouverture sociale > Ouverture sociale > Ouverture sociale (Types de documents) > Une charte de l’égalité des chances à l’université

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Une charte de l’égalité des chances à l’université

19 janvier 2005

Extrait de « Libération » du 18.01.05 : l’enseignement supérieur en quête de mixité

De plus en plus de recrutements s’ouvrent aux élèves de lycées classés en zone sensible.

Une forme de discrimination positive fait son chemin dans l’enseignement supérieur. Après l’Institut d’études politiques (IEP) de Paris, celui de Lille vient lui aussi d’adopter des conventions ZEP (zone d’éducation prioritaire) destinées à panacher son recrutement en l’ouvrant aux élèves de lycées classés en zone sensible. De son côté, l’Essec (Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales) a mis sur pied un autre dispositif, répondant à la même volonté.

Constat.

Et, hier, trois ministres, François Fillon (Education nationale), Jean-Louis Borloo (Emploi et Cohésion sociale) et Nelly Olin (Intégration et Egalité des chances), ont signé ensemble une « charte de l’égalité des chances et des formations d’excellence » que la Conférence des présidents d’université (CPU), la Conférence des grandes écoles et la Fédération des écoles supérieures d’ingénieurs et de cadres ont aussi paraphée.
A l’évidence, la mixité sociale n’est pas la principale qualité de l’enseignement supérieur : 72 % des jeunes diplômés sortant de troisièmes cycles universitaires ou de grandes écoles sont des enfants de cadres. Cependant, 53 grandes écoles attendaient la signature de cet « accord-cadre » pour démarrer à leur tour une politique de démocratisation de leurs recrutements, assure Christian Margaria, président de la Conférence des grandes écoles.
« Il s’agit de réconcilier le pays avec ses voies d’excellence, donner aux jeunes un signal fort et leur tendre la main pour que tous ceux qui en sont capables puissent accéder au meilleur », a expliqué Jean-Louis Borloo. Aux écoles de décider des formes à donner à leurs nouvelles modalités d’accès. La convention signée hier les invite à s’inspirer du modèle de l’Essec. Un modèle très différent de celui de l’IEP, néanmoins tous deux partent du même constat.

Handicap.

De fait, les élèves ciblés sont de bons élèves. Leurs difficultés relèvent essentiellement d’un handicap social. « Ils doutent d’eux-mêmes ou s’autocensurent, estimant que les filières d’excellence ne leur sont pas destinées », reconnaît Fillon.
Le dispositif créé en 2001 par Sciences-Po offre à ces élèves un concours spécifique, préparé avec les lycées signataires d’une convention ZEP. Les résultats sont là : plus d’une centaine de ces lycéens ont réussi leur intégration à la rue Saint-Guillaume. Et, selon l’école, neuf sur dix réussissent leurs années, soit un taux de succès qui n’a rien à envier aux autres étudiants.
Le dispositif de l’Essec ¬ « Une grande école, pourquoi pas moi ? » ¬ part du principe que ces élèves manquent surtout d’un bagage culturel. Pour y remédier, l’école a lancé des parrainages avec 4 lycées classés en ZEP où, pour la troisième année, une vingtaine d’élèves de seconde, suivis ensuite en première puis en terminale, bénéficient de sorties (théâtre, opéra, musée) et d’une forme de tutorat avec des élèves de l’Essec. Le concours d’entrée reste inchangé. Les premiers à avoir suivi ce parcours s’y présenteront à la rentrée 2005.
Hier, Jean-Louis Borloo regrettait que la société française soit passée « de l’égalité des chances à celle des codes sociaux ». Des subtilités qui s’apprennent dans l’observation des autres, à condition d’être amené à les côtoyer.

Marie-Joëlle GROS

Répondre à cet article