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Sarkozy pour le renforcement de la sécurisation des établissements sensibles

13 janvier 2005

Extrait de "L’Humanité" du 12.01.05 : De la discipline ! De la discipline que diable !

Les actes et les décisions de ce gouvernement révèlent une conception particulièrement réactionnaire de l’éducation nationale.

On n’en est pas encore à l’uniforme, mais le danger n’est pas loin. Le dernier coup de pub du ministre de l’Intérieur a mobilisé, le 6 janvier, 4 000 policiers et autant de gendarmes pour des « opérations de sécurisation », à l’entrée et aux abords des collèges et lycées dit « difficiles ». Le bilan ne restera pas dans les mémoires. En revanche, l’opération ne va pas améliorer les relations entre la police et les élèves, ni la vision cow-boy que ceux-ci en ont. Ce fut un grand show sécuritaire que n’aurait pas renié Nicolas Sarkozy et qui illustre parfaitement la notion « d’autorité » répressive promue par le gouvernement. Encore un effort pour imposer, une idée de Sarkozy, la présence d’un policier de référence dans chaque établissement. Le fossé a déjà été bien comblé par la signature, en novembre, du premier protocole d’accord entre les seuls ministres de l’Éducation nationale et de l’Intérieur, instaurant un « correspondant » police ou gendarmerie pour chaque établissement du secondaire. Pour l’instant, il n’a pas encore un bureau à côté de celui du principal... Quant au système judiciaire, il procède de la même manière, avec un procureur délégué à chaque établissement.

Dans le même esprit, une circulaire du ministère de l’Éducation a introduit une autre première, illégale celle-là : la punition collective. Nous ne discuterons même pas de la valeur éducative de la notion du travail élevé au rang de punition ! Même logique avec le dispositif de « prévention de l’absentéisme », il s’appuie sur la peur de la coercition : judiciarisation de l’absentéisme chronique, saisie de la brigade des mineurs, amende, jusqu’à 350 euros, pour les parents « coupables ».

Sous la tentative de retour à l’ordre moral et sous le prétexte de « redonner une certaine solennité à l’école », apparaît la volonté de réduire les dépenses d’éducation. Avec cette illustration qui dépasse les limites imaginables : en mal de personnel de surveil- lance, un lycée de Blois fait appel à des vigiles d’une société privée pour contrôler l’entrée des élèves. Sera-t-il le seul sachant que 30 000 emplois de maîtres d’internat, de surveillants d’externat (MI-SE) et d’aides-éducateurs ont disparu.

Aussi, quand on s’aperçoit que, de 2002 à 2005, 13 560 postes d’enseignants ont été supprimés, qu’à la rentrée 2005, il faudra compter 5 500 postes d’enseignants en moins, on comprend mieux le but visé. D’autant que le MEDEF entre de plus en plus à l’école, que « l’apprentissage » est vanté comme panacée à l’échec scolaire et que les recrutements des professeurs des filières professionnelles ont baissé de 17 % en deux ans. En prime : une partie des sommes versées à des organismes privés pour des cours supplémentaires par les parents qui en ont les moyens seront déductibles d’impôts. Suppression des emplois-jeunes, utilisation des professeurs Kleenex, mise en cause des zones d’éducation prioritaire... le catalogue des abandons est long. Et la liste n’est pas close. Parce qu’il reste les effets de la décentralisation Raffarin et l’éclatement du statut des 90 000 techniciens, ouvriers et personnels de l’éducation nationale. Ce qui amène à se poser une autre question : combien de temps le système unique de l’éducation nationale résistera-t-il aux coups de boutoir du gouvernement ?

Émilie Rive

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