> II- EDUCATION PRIORITAIRE (Politique. d’) : Types de documents et Pilotage > EDUC. PRIOR. Concepts et labels > Concepts et labels : Discrimination positive, Egalité des chances... > Le site de l’Académie française aborde le mot « banlieue »

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Le site de l’Académie française aborde le mot « banlieue »

18 avril 2008

Extrait de « Canal Académie » du 17.04.08 : La banlieue à deux lieues

(...)

La banlieue à deux lieues

Contrairement à la mauvaise presse qui lui a parfois été faite, l’Académie est souvent en avance sur son temps.

Ainsi, pour la première édition de son Dictionnaire (1694), la Compagnie avait-elle judicieusement choisi de présenter les mots en les rassemblant autour de leur racine. Banlieue se trouvait donc défini auprès de son étymon, le ban, c’est-à-dire le territoire soumis à la juridiction d’un seigneur : « L’estenduë d’une lieuë ou environ autour d’une ville. » Viennent ensuite des exemples choisis dans l’usage du moment : « La banlieuë de Paris, de Rouen. Ce village est dans la banlieue. »

P. Larousse y fait écho dans le Grand Dictionnaire universel (1864-1876) : « La banlieue de Paris avait plus de deux lieues environ, on comptait 29 paroisses dans la banlieue de Rouen ». Et de préciser que « les trois derniers rois d’Espagne n’étaient jamais sortis de la banlieue de Madrid » ! Pourquoi Rouen ? Parce que c’est une grande ville, mais on se plaît à imaginer que deux Académiciens originaires de Rouen, Pierre Corneille puis son frère Thomas, ont approuvé cet exemple et Pierre l’a peut-être même proposé. Le classement par racines faisait rayonner les mots en famille. Ainsi être chassé du ban, banni, indigne de la bannière, c’était devenir un forban, c’est-à-dire hors (fors) du ban. Quant au four banal, celui qui dépendait du ban, utilisé par tous il devenait banal.

Dans la dernière édition du Dictionnaire de l’Académie, excellente, l’histoire du mot est d’abord résumée puis sont offerts en toute fin les usages en vigueur, reflets de notre époque : la proche ou grande banlieue, les trains de banlieue, suivis d’oppositions révélatrices : une banlieue verdoyante, sinistre, résidentielle ou bien ouvrière. Sans oublier les couleurs politiques avec la banlieue rouge. Il est bien révolu le temps où Montmartre, Montparnasse, Grenelle faisaient office de banlieue et où P.-L. Courrier pouvait dire : « Le paysan loge en ville et laboure en banlieue ».

Jean Pruvost est Professeur des Universités à l’Université de Cergy-Pontoise, dont il est Vice-Président et où il enseigne la linguistique et notamment la lexicologie et la lexicographie. Il y dirige aussi un laboratoire CNRS/Université de Cergy-Pontoise (Métadif, UMR 8127) consacré aux dictionnaires et à leur histoire.

Écoutez toutes les émissions de Jean Pruvost sur Canal Académie !

[Note du "Quotidien des ZEP" : Malheureusement, le site ne dit pas quelle définition l’académie a donnée au mot "banlieues" (au pluriel)]

Répondre à cet article