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Les fiches techniques officielles du Plan banlieues sur les sites d’excellence, les écoles de la 2ème chance, les internats et le busing (Dossier de presse de l’Elysée)

11 février 2008

Extrait de « L’Expresso » du 11.02.08 : Dossier de presse

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Créer 30 sites d’excellence dans les quartiers prioritaires

Encourager la réussite à l’école et mettre fin aux ghettos scolaires

La politique de l’éducation prioritaire a conduit à un double échec : elle n’a jamais réussi, malgré l’importance des moyens mobilisés, à réduire le retard scolaire des établissements dans les quartiers sensibles ; elle a stigmatisé certains territoires et aggravé, au lieu de la réduire, la ségrégation dans le système scolaire français.

Les établissements de l’éducation prioritaire pâtissent aujourd’hui d’une image négative. Ils sont assimilés à un mauvais niveau scolaire, et les familles disposant des ressources nécessaires font en sorte que leurs enfants soient acceptés dans d’autres établissements. Dans les collèges de certains quartiers, il y a ainsi plus de 90% d’élèves « défavorisés » et plus de 80% d’élèves d’origine étrangère.

Cette « ghettoïsation » du système scolaire français a réduit les opportunités de réussite de ceux qui résident dans les zones d’éducation prioritaire au lieu de les augmenter. Ceux-ci ont moins de chance de recevoir une bonne formation et de bénéficier de la stimulation nécessaire pour réussir. Les quartiers qui ont la proportion d’enfants de ménages défavorisés la plus importante connaissent par exemple le plus important taux de retard en classe de 6e. En France, après 25 années de politique d’éducation prioritaire, certains enfants cumulent encore tous les facteurs de réussite, et d’autres tous les facteurs d’échec.

L’excellence scolaire a pourtant sa place plus encore dans les quartiers prioritaires que dans le reste du système éducatif. Il faut pousser les jeunes les plus prometteurs à aller le plus loin possible dans leurs études et dans des filières qui leur semblent aujourd’hui inaccessibles. Les établissements doivent redevenir attractifs et favoriser la mixité sociale, non plus par des dispositions contraignantes et inefficaces (carte scolaire), mais par la mise en oeuvre de moyens qui « donnent envie d’y rester ».

La mesure : établir 30 sites d’excellence dans les quartiers prioritaires.

1. 30 sites d’excellence seront créés dans les quartiers prioritaires afin d’y améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage et, de ce fait, l’image même des établissements scolaires. Ces établissements seront jumelés avec des établissements d’enseignement supérieur de renom ou des entreprises. Parmi les 30 sites figureront au moins six lycées professionnels qui seront labellisés « lycée des métiers ».

2. Les 30 sites d’excellence auront des classes d’élite regroupant les meilleurs élèves de chaque niveau et bénéficiant d’un enseignement d’excellence capable de rivaliser avec les meilleurs établissements. Ils pourront développer des filières à options prestigieuses (par exemple des filières bilingues et internationales) ou des enseignements à horaires aménagés favorisant les pratiques sportives ou artistiques.
3. L’encadrement sera renforcé dans ces établissements par la mise en place d’une équipe de soutien. Sa mission sera de favoriser la qualité de la vie scolaire, définir les démarches pédagogiques appropriées, assister les équipes de direction dans l’élaboration de partenariats, etc. Dans chaque établissement sera mise en place une banque de stages. Elle sera gérée par l’équipe éducative, en lien avec des entreprises partenaires. Ce dispositif évitera tout risque d’éviction des élèves du fait de leur adresse ou de leur origine.

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Les Ecoles de la deuxième chance

Rendre possible l’insertion professionnelle pour les jeunes les moins qualifiés. Les Ecoles de la deuxième chance offrent aux jeunes sans qualification une insertion durable dans l’emploi.

Chaque année, 150 000 élèves sortent sans diplôme du second cycle du secondaire, soit 20% d’une classe d’âge. Des solutions existent, à l’image des Ecoles de la deuxième chance. Ces organismes de statut privé s’adressent aux jeunes adultes de 18 à 26 ans, sortis du système scolaire sans diplôme, ni qualification.

Le seul critère d’entrée est la motivation du jeune à s’engager sur une dynamique d’insertion dans le cadre de l’école et d’en accepter les contraintes.
Les Ecoles de la deuxième chance dispensent une formation de remise à niveau dans les savoirs fondamentaux (s’exprimer en français, compter, outil informatique...), en alternance avec des stages en entreprise, sur une durée maximale de 48 mois. Elles proposent à chaque jeune un parcours individualisé, le temps de construire un projet professionnel et d’acquérir les savoirs et les compétences nécessaires à sa réalisation.

L’objectif des Ecoles de la deuxième chance est de déboucher sur une intégration durable dans l’emploi. Le partenariat construit avec les entreprises est fondamental.

Elles contribuent aux projets des élèves, organisent les stages où les jeunes sont formés aux comportements adaptés au monde du travail et proposent des emplois en fin de parcours.

Les Ecoles de la deuxième chance sont une réussite. Les deux tiers des jeunes qui y passent, alors qu’ils constituent un public en rupture, accèdent au bout d’un an à un emploi ou une formation.

Les Ecoles de la deuxième chance accueillent aujourd’hui 4 000 jeunes dans 24 départements. Elles sont présentes par exemple à Marseille, Toulouse, Rosny, Evry, Mulhouse, Troyes...

La mesure : généraliser les Ecoles de la deuxième chance.

1. Multiplier les Ecoles de la deuxième chance dans les quartiers prioritaires Les Ecoles de la deuxième chance seront développées en priorité dans les quartiers les plus difficiles. L’objectif est d’accueillir 15 000 à 20 000 jeunes à l’horizon 2012, avec une école par région comportant au moins un site par département, et autant de places que nécessaire là où les besoins existent.

2. Permettre aux Ecoles d’intervenir plus précocement à l’égard des jeunes en situation d’échec. Les Ecoles de la deuxième chance pourront accueillir des jeunes dès 16 ans, c’est-à-dire à l’âge où beaucoup d’entre eux décrochent et quittent le système scolaire.

3. Sécuriser le financement des Ecoles. Les ressources des Ecoles de la deuxième chance seront accrues par une extension de la possibilité faite aux entreprises de les financer par la taxe d’apprentissage, au titre de la « catégorie A » du « hors quota » (soit la part de la taxe d’apprentissage destinée habituellement à financer les formations correspondant au BEP, CAP et baccalauréat). Cette ressource consolidera de manière décisive le financement du dispositif.

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Les internats de réussite éducative

Donner leur chance aux élèves méritants qui en ont besoin. Les internats de réussite éducative offrent à des élèves fragilisés mais méritants les conditions de travail pour poursuivre les meilleures études possibles.

Certains jeunes connaissent des difficultés dans leur vie familiale ou dans leurs conditions de logement, qui s’avèrent préjudiciables à leur réussite scolaire (problèmes conjugaux des parents, familles monoparentales, appartement exigu...). En difficulté et livrés à eux-mêmes, ces enfants ou adolescents sont parfois à la limite du « décrochage » scolaire ou ne peuvent pleinement développer leurs capacités. Le travail éducatif entrepris dans leur établissement est en grande partie perdu et leur milieu familial est impuissant à les aider.

Pour ces enfants, les internats de réussite éducative, créés par la loi de cohésion sociale de 2005, proposent un cadre de vie et de travail adapté, rassurant et stable avec des conditions d’encadrement et de soutien optimales. Ils s’appuient sur l’intervention d’un personnel d’encadrement compétent, un suivi de l’élève tant sur le plan pédagogique (aide individualisée au travail scolaire) que comportemental (appropriation des règles, travail en équipe, activités culturelles et sportives), des conditions de travail optimales.

Le nombre d’internats et leur capacité d’accueil sont cependant encore bien trop faibles. Seuls 680 écoliers et collégiens sont ainsi accueillis dans les 28 internats labellisés au titre du programme de réussite éducative. Ces internats sont également mal répartis sur le territoire français. Les zones à forte densité urbaine ne sont pas ou très peu équipées. L’Ile-de-France, par exemple, ne dispose que de 88 places dans 2 de ses 865 collèges publics. Beaucoup de parents renoncent à placer leur enfant dans un internat qui est trop éloigné du domicile familial. Rééquilibrer la localisation des internats de réussite éducative sur le territoire constitue donc un enjeu prioritaire.

La mesure : créer au moins 4 000 places des internats de réussite éducative, notamment à proximité des quartiers les plus sensibles.

Au moins 4 000 nouvelles places d’internat de réussite éducative seront créées d’ici trois ans et davantage si la demande le justifie :

 en s’appuyant sur des établissements aussi bien publics que privés ;

 en créant de nouvelles places dans des collèges en reconstruction et en transformant des places existantes au sein d’internats publics et privés en places d’internat de réussite éducative ;

 en garantissant une bonne couverture du territoire par le rééquilibrage de l’offre vers les grandes villes.

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Expérimenter le "busing"

Expérimenter le « busing » à l’école primaire pour assurer réellement la mixité sociale dans les établissements scolaires

De nouvelles solutions doivent être expérimentées pour restaurer la mixité sociale à l’école primaire.

L’échec de la politique de sectorisation et de la politique d’éducation prioritaire a entraîné la constitution de véritables « ghettos » scolaires, y compris dans les écoles primaires. Dans l’enseignement primaire et secondaire, les minorités dites visibles représentent ainsi 35% des élèves scolarisés en zones d’éducation prioritaire, et ce taux peut dépasser à certaines occasions 80%.

Le manque de mixité sociale et la concentration dans certaines classes d’élèves en difficulté font que pour un trop grand nombre de ces enfants, l’école primaire représente leur première expérience de l’échec. Dans les zones urbaines sensibles (ZUS), la proportion d’élèves en retard de deux ans ou plus en classe de 6e est deux fois plus élevée que la moyenne française.

L’installation précoce de l’échec crée un sentiment de relégation. Les chances de rattrapage d’une mauvaise scolarité au primaire sont très faibles. La moitié des élèves qui sortent du système éducatif sans qualification ont redoublé avant leur entrée au collège. Le Haut conseil de l’éducation a d’ailleurs rappelé, dans son rapport de 2007 sur l’école primaire, que « les chances d’accomplir une scolarité sans heurt et conduisant à une qualification sont très fortement liées au niveau initial des compétences en cours préparatoire. »

L’école primaire constitue donc dans les quartiers défavorisés le premier rouage d’une spirale qui peut tirer ou non l’ensemble du système scolaire vers le haut. Il est donc urgent d’explorer de nouvelles pistes pour que les enfants soient mis sur le chemin de la réussite dès l’école primaire. Tous les chercheurs et experts ont montré qu’une solution innovante et efficace dans ce domaine serait de disperser les élèves en difficulté dans différents établissements, plutôt que de continuer à les regrouper ensemble comme le fait la politique d’éducation prioritaire depuis 25 ans.

La mesure : expérimenter le « busing » à l’école primaire pour mettre fin aux ghettos scolaires.

1. Expérimenter le « busing » pour offrir aux enfants un environnement scolaire plus favorable. Le « busing » consiste à déplacer les élèves scolarisés dans un établissement caractérisé par un fort échec scolaire dans d’autres écoles de la même ville afin de leur donner la possibilité de découvrir un autre environnement social et scolaire. Chaque matin, le transport scolaire (« busing ») amène les enfants dans leur nouvelle école, et les ramène le soir.

Le « busing » sera expérimenté pendant trois ans avec des élèves de CM1 et CM2 provenant d’écoles primaires des quartiers prioritaires. Les enfants concernés ne seront plus captifs de leur environnement immédiat et la mixité sociale à l’école deviendra une réalité.
Cette expérimentation s’inspirera notamment des regroupements pédagogiques intercommunaux existant dans les zones rurales, en particulier celle menée à l’école primaire de la Saulaie à Oullins (Rhône). Depuis 2004, celle-ci envoie ses élèves, une fois leur année de CE1 achevée, vers d’autres établissements à proximité.

2. La méthode sera la suivante :

 les inspecteurs d’académie identifieront les écoles primaires qui concentrent les plus grandes difficultés sociales et scolaires et proposeront aux maires des communes concernées d’expérimenter le « busing » tout en favorisant l’implication des parents (participation à l’inscription des enfants, à la mise en oeuvre et au bilan de l’action) ;

 une aide spécifique au déplacement et à la restauration des élèves sera mise en place (quand l’éloignement du domicile familial créera une dépense pour la famille qu’elle n’avait pas auparavant).

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Le texte du discours du Président de la République

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