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Les réactions des syndicats enseignants, des parents d’élèves et des associations... sur les questions scolaires et éducatives du Plan Banlieue

9 février 2008

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Extrait de «  20 minutes » du 08.02.08 : « Les élèves moyens sont les grands oubliés du plan banlieue »

Développer les « écoles de la deuxième chance », créer des « internats d’excellence » pour les enfants issus de milieux défavorisés « qui montrent des bonnes aptitudes scolaires », mettre un terme à la carte scolaire dans les villes de banlieue... Nicolas Sarkozy a présenté un certain nombre de mesures pour l’éducation dans le cadre de son plan banlieue ce vendredi. Des mesures qui laissent dubitatifs les syndicats. 20minutes.fr les a interrogés.

 « Développer les écoles de la deuxième chance sur l’ensemble du territoire ».

« C’est bien, mais cela nécessite beaucoup de moyens et d’investissement pour peu de résultats », explique Frédérique Rolet, secrétaire générale du Syndicat national des enseignants du second degré (SNES). « Il vaudrait mieux miser sur l’éducation prioritaire, en primaire et dans le second degré. Pourquoi ne pas revoir l’implantation de certains collèges ou scinder des établissements en deux comme nous l’avions suggéré ? », s’interroge-t-elle.

« On nous propose des palliatifs, comme les écoles de la 2e chance mais rien pour prévenir l’échec », renchérit Gérard Aschieri, secrétaire général de la fédération majoritaire dans l’Education (FSU)
Anne Kerkhove, président de la PEEP (parents d’élèves), s’interroge quant à elle sur l’utilisation de la taxe d’apprentissage pour augmenter les ressources de ces écoles. « A moins que cette taxe ne soit augmentée, cela risquerait de léser les lycées professionnels et technologiques qui en bénéficient aujourd’hui ».

 Créer au moins 4.000 places dans des « internats d’excellence », sur le modèle des internats de réussite éducative, à proximité des quartiers sensibles d’ici trois ans.

« C’est bien pour les enfants qui ont des difficultés pour travailler chez eux mais pourquoi le limiter à ceux qui “travaillent bien” ? », se demande Gérard Aschieri (FSU).

« Cette idée n’est intéressante que si la gratuité des internats est proposée aux parents. Un internat reste un internat, qu’il soit d’excellence ou pas », ironise Farid Hamana, président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE)

Anne Kerkhove (PEEP) soulève la question des moyens engagés pour encadrer les élèves : « Quel personnel et avec quelle formation s’en chargera ? ».

 Tous les proviseurs de lycée devront présenter 5 % de leurs meilleurs élèves en classes préparatoires. Toute demande formulée par ces élèves sera automatiquement acceptée.

« Cela existe déjà », souligne Anne Kerkhove, « à part qu’il n’y avait pas de pourcentage fixé ». « Mieux vaudrait favoriser le développement des classes prépa au sein des lycées moins favorisés plutôt que de retirer tous les bons élèves des quartiers », note pour sa part Frédérique Rolet (Snes).

Farid Hamana (FCPE) renchérit : « Il faudrait que les critères de recrutement des classes préparatoires soient plus objectifs pour éviter de recourir à ces méthodes. Par ailleurs, les classes prépa ne sont pas l’alpha et l’omega de la réussite scolaire. »

 Expérimentation du « busing » (transport scolaire en autobus) pour permettre à des enfants des quartiers défavorisés de fréquenter des établissements scolaires d’autres quartiers ou des centres-villes. Et donc, mettre un terme à la carte scolaire en banlieue.

Le mot fait « sourire » Anne Kerkhove (PEEP), qui a deux questions : « Comment les enfants de ces quartiers favorisés seront sélectionnés, parce que les capacités d’accueil dans les établissements convoités seront forcément limitées. Et qui paiera le bus ? »

Farid Hamana (FCPE) dénonce lui aussi « un leurre ». « Il y aura forcément des critères de sélection, sans doute de proximité, car les écoles de centre ville ne pourront pas accueillir tout le monde. » Les syndicats se demandent dans l’ensemble pourquoi ne pas plutôt chercher à améliorer la situation des établissements dans les quartiers défavorisés.

 Création de « 30 sites d’excellence » scolaire dont au moins six « lycées des métiers » avec les meilleurs élèves de chaque niveau recrutés dans des « classes d’élite ».

Dans l’ensemble du plan, « on retrouve en fait toujours la même conception qui nie les inégalités sociales pour se concentrer sur les individus qui méritent ou qui ne méritent pas », analyse gérard Aschieri (FSU). « L’égalité de l’accès au droit est subordonné au mérite des individus », regrette-t-il.

Tout en se demandant de quelles classes d’élite parle Nicolas Sarkozy, « puisqu’elles n’existent plus », Anne Kerkhove (PEEP) déplore également que les « élèves moyens » soient les grands oubliés de ce plan. « La grande masse ne s’y retrouve pas », lance également Frédérique Rolet (Snes).

Les responsables syndicaux rappellent aussi qu’il n’a jamais été fait mention des parents. « Il faut absolument les associer », plaident-ils.

Catherine Fournier (avec agence)

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Extrait de VousNousIls du 08.02.08 : Banlieue : Sarkozy répète ses idées force sur l’Ecole et déçoit les acteurs

Dispositifs relais, discrimination positive, prime aux plus méritants : Nicolas Sarkozy a profité de la présentation de son plan banlieue pour répéter ses idées force en matière d’éducation, suscitant la déception chez plusieurs acteurs de terrain.

"On retrouve toujours la même conception, qui nie les inégalités sociales pour se concentrer sur les individus (...), l’égalité de l’accès au droit est subordonnée au mérite des individus", a déclaré à l’AFP Gérard Aschieri, secrétaire général de FSU, majoritaire dans l’Education.

"La philosophie générale, ce n’est pas comment on vient en aide aux quartiers, mais comment on aide à sortir des quartiers", a renchéri Luc Berille, secrétaire général du SE-Unsa.

Dans une large partie de son discours consacrée à ses mesures éducatives, le chef de l’Etat a développé plusieurs motifs de sa lettre de mission à Xavier Darcos, ministre de l’Education.

Ainsi les internats de réussite éducative, réservés aux "enfants de milieux défavorisés qui montrent de bonnes aptitudes scolaires", la présentation de "5% des élèves" de chaque lycée en classe préparatoire ou encore la création de "30 sites d’excellence" avec "classes d’élite rassemblant les meilleurs élèves" et options chinois ou langues mortes.

Des propositions contradictoires pour Nadia Bellaoui, secrétaire nationale de la Ligue de l’Enseignement, qui fédère des milliers d’associations d’éducation populaire.

"Que doit-on retenir ? Quelle est la priorité ?", a-t-elle demandé, citant également les propos présidentiels sur l’implantation d’"établissements privés prestigieux" dans les quartiers difficiles et sur la fermeture si nécessaire des "collèges les plus dégradés" pour "casser les ghettos".

Enseignants, associations et Observatoire des zones d’éducation prioritaires (OZP) s’accordent sur la pertinence du "busing" (organisation du transport d’élèves de CM1 et CM2 des quartiers difficiles vers d’autres écoles pour favoriser la mixité scolaire) tant qu’il se limite à une expérimentation.

Ils ont en revanche fraîchement accueilli la manière dont les "écoles de la 2e chance" ont été propulsées "priorité du quinquennat".

Créées en 1997 et constituées en réseau depuis 2004 seulement, ces structures "resocialisent" des jeunes à 93% non titulaires d’un diplôme de niveau V (CAP), "en rupture avec le système depuis plus d’un an et qui nous sont confiés par les mission locale d’insertion", a expliqué à l’AFP Gregory Thiefin, [un responsable administratif du réseau.]

Ouvertes aux 18-25 ans, elles conçoivent avec ces jeunes un "parcours cohérent", menant à la "réintégration dans le système" ou à "un processus de formation", accompagné la plupart du temps d’une "remise à niveau" dans les savoirs fondamentaux (lecture, quatre opérations mathématiques, etc).

Le président a décidé de les "généraliser sur tout le territoire", afin qu’elles accueillent désormais "tout jeune sorti du système scolaire sans aucune qualification" âgé de plus de 16 ans, à charge pour l’Education nationale de les repérer.

"Une deuxième chance, on en prend conscience : il faut avoir réalisé les méfaits d’un échec scolaire avant de pouvoir se projeter dans une deuxième vie", a réagi Mme Bellaoui [Ligue de l’enseignement].

Une analyse que partage Gregory Thiefin mais sans s’inquiéter plus avant. "Les 16-18 ans ne sont pas notre coeur de cible, il faut expérimenter", a-t-il estimé.

Pour Luc Berille [SE-Unsa]en revanche "c’est une façon de considérer qu’il n’y a rien à faire pour les établissements dans ces quartiers : +créons une 2e chance, puisque la 1e chance, on trace une croix dessus+ !". "Un palliatif", alors que le plan ne prévoit "rien pour prévenir l’échec", a ajouté M. Aschieri [FSU].

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Extrait du « Figaro », le 09.02.08 : Banlieue:pas de mesures pour l’école (FSU)

Le secrétaire général de la FSU, fédération majoritaire dans l’Education, Gérard Aschieri a déploré "l’absence de toute mesure pour lutter contre l’échec et contre les inégalités au sein de l’Ecole", dans le plan banlieue présenté par Nicolas Sarkozy.

"On nous propose des palliatifs, comme les écoles de la 2e chance mais rien pour prévenir l’échec", a expliqué le responsable syndical.

Le transport des élèves de primaire de zones défavorisées vers d’autres écoles, proposé par le chef de l’Etat, "ne règle pas le problème et peut en poser d’autres comme le rapport des parents à l’Ecole", a-t-il ajouté.

Pour M. Aschieri, l’ensemble du dispositif annoncé est "un renoncement, sans doute faute de moyens, à lutter véritablement contre les inégalités sociales, territoriales, au profit d’une égalité des chances à destination des individus qui le méritent".
Il a cité les internats de réussite éducative, "c’est bien pour les enfants qui ont des difficultés pour travailler chez eux mais pourquoi le limiter à ceux qui +travaillent bien+ ?", a-t-il interrogé.

Dans l’ensemble du plan, "on retrouve en fait toujours la même conception qui nie les inégalités sociales pour se concentrer sur les individus qui méritent ou qui ne méritent pas", a-t-il analysé. "L’égalité de l’accès au droit est subordonné au mérite des individus", a-t-il regretté.

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Extrait de « La Tribune.fr » du 09.02.08 : Plan banlieue : la CFDT s’interroge sur les moyens

La CFDT a déclaré vendredi que le plan pour les banlieues ne pourra "enclencher une véritable dynamique" que s’il est "accompagné des moyens nécessaires".

"Le volontarisme affiché" par Nicolas Sarkozy "sera de nature à rendre espoir à la banlieue et à enclencher une véritable dynamique pour sortir les quartiers de la spirale de l’exclusion, si celui-ci est accompagné des moyens nécessaires", a déclaré l’organisation syndicale dans un communiqué.

"Certaines mesures sont positives, comme le retour de services publics de qualité dans les quartiers ou la priorité faite à la lutte contre l’échec scolaire", estime la CFDT. "Mais l’élan donné par l’affectation de la taxe d’apprentissage aux écoles de 2e chance, financées jusqu’ici par les Chambres de commerce, nécessite clarification, dans le cadre de la réforme à venir de la formation professionnelle", ajoute-t-elle.

La CFDT juge aussi que le contrat d’autonomie "permettant un accompagnement personnalisé de 100.000 jeunes en trois ans, doit voir précisé son financement et son articulation avec les mesures qui seront arrêtées au Grenelle de l’insertion, notamment le projet de contrat unique d’insertion".

"Le contour des mesures doit être également plus précis concernant la réforme de la fiscalité locale, qui doit permettre une meilleure péréquation des moyens entre communes riches et pauvres", poursuit le syndicat.

Enfin, "la CFDT exprime son désaccord avec l’amalgame fait dans le discours présidentiel, entre les difficultés des quartiers, la maîtrise de l’immigration, la polygamie, l’excision ou le voile à l’école".
AP

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Extrait du « Nouvel Obs » du 08.02.08 : Plan banlieues : "Ni putes ni soumises" reste un peu sur sa faim

Sihem Habchi, présidente de l’association "Ni putes ni soumises", a salué dans le plan pour les banlieues présenté vendredi par Nicolas Sarkozy l’engagement de l’Etat contre les discriminations. Pour le reste, elle juge que "la question des moyens n’a pas été abordée".
Mme Habchi a confié à l’Associated Press qu’elle se félicitait de "cette détermination à lutter fermement contre les discriminations", relevant également plusieurs mesures telles que les contrats d’autonomie, l’école de la 2e chance et "la détermination aussi à faire en sorte qu’il y ait tout le monde (qui) travaille ensemble au niveau des ministères".

"Mais je reste sur ma faim", a-t-elle ajouté, car "la question des moyens n’a pas été abordée". Les femmes dans les quartiers, "elles aussi ont besoin d’emploi, elles aussi ont besoin de formation. C’est vrai que c’est quelque chose que j’aurais aimé entendre de la part du président de la République". Pour elle, "il faut appuyer ces mesures, ces actions, c’est un impératif". AP

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Extrait du site de France-Info, le 08.02.08 : Yazid Sabeg : le plan banlieues

Le plan banlieues met l’accent sur l’éducation...
30 sites d’excellence scolaires vont être créés, pour y améliorer les conditions d’enseignement et d’apprentissage. Des écoles de la deuxième chance pour les 18-26 ans seront implantées dans chaque région. Les internats de réussite éducative, pour les jeunes en difficultés familiales, seront multipliés. Et des bus transporteront certains élèves des quartiers, vers les écoles des centres villes, pour une meilleure mixité.

Et parmi les autres mesures : accompagner 20 000 créateurs d’entreprises qui développeront une activité dans le quartier où ils habitent, investir 500 millions d’euros dans les transports (500 millions pris sur le Grenelle de l’environnement), et déployer 4 000 policiers d’ici trois ans dans les cités.

Yazid Zabeg est PDG de l’entreprise SCI Communication et Systèmes. Il avait piloté un groupe de réflexion de grands patrons sur les banlieues, et il préside le comité de suivi de l’Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine....

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Extrait de LCI.fr du 08.02.08 : Interview de Jihade Belamri, chef d’entreprise et membre de la commission Attali

Que vaut le plan banlieue annoncé vendredi par Nicolas Sarkozy ? Un acteur de l’emploi en banlieue le jauge pour LCI.fr. Jihade Belamri est un chef d’entreprise à la tête d’un bureau d’études industrielles à Villeurbanne, près de Lyon. Il préside "créacteur", une association qui accompagne la création d’entreprises par les jeunes de banlieue. Membre de la Commission Attali, il a notamment travaillé sur les propositions faites pour les quartiers.

LCI. fr : Quelle est votre impression générale sur le "plan banlieue" présenté par Nicolas Sarkozy ?

Jihade Belamri, chef d’entreprise : Il est très ambitieux et j’espère que cette ambition se traduira en actes. J’attends maintenant la réaction des jeunes, demain, dans les quartiers. Ceux qui veulent s’en sortir, les plus nombreux, sont très pragmatiques et vont regarder ce qui va changer concrètement pour eux. Les autres, ceux qui leur pourrissent la vie, sont une minorité. Pour moi la mesure la plus importante est l’accompagnement de 100.000 jeunes vers l’emploi en trois ans.

[...]

LCI. fr : Et s’agissant des mesures éducatives ?

J. B. : Je les ai trouvées moins claires mais je trouve que la mesure d’installation d’écoles privées dans les banlieues qui souhaitent le faire est une bonne chose. En plus de laisser, comme ailleurs, un choix aux habitants des banlieues entre public et privé, cette compétition entre écoles permettra de tendre vers l’excellence. Dans la Commission Attali, nous allions plus loin en proposant un chèque aux parents pour leur permettre de choisir l’école ou ils souhaitent envoyer leurs enfants.

LCI. fr : Favoriser la mixité sociale dans les écoles en permettant aux élève d’étudier dans une autre commune, cela peut marcher ?

J. B. : C’est une excellente mesure. Ça permet de sortir les plus jeunes de leur contexte, d’échanger avec d’autres. Ils diront ensuite à leurs copains : regardez, ça marche on peut s’entendre avec d’autres milieux.

LCI. fr : Les critiques dirigées contre le rapport Attali vous ont-elles atteint ?

J. B. : Nous avons beaucoup travaillé et je n’ai pas apprécié d’être traité de "guignol", notamment par les taxis, ou encore d’"expert parisien". Je ne suis ni expert, ni parisien. J’habite à Lyon et je suis d’abord français. Si je suis expert, c’est de la problématique de mes quartiers, car je connais les problèmes des gens qui y vivent. Cette expérience, je la revendique. Ceci dit, je reste optimiste sur l’avenir du rapport Attali.

Olivier LEVARD

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