Le point de vue de l’ICEM - Pédagogie Freinet sur la disparition de la carte scolaire

29 janvier 2008

Extrait du « Nouvel éducateur » du 28.01.08 : Fin de la carte scolaire : à qui profite le crime !

La carte scolaire vit ses derniers mois, sa mort annoncée est programmée pour 2008.

Bien que née pour des raisons administratives, elle imposait depuis 1963 un peu de retenue aux familles désireuses de fuir les établissements dits populaires et leur conservait ainsi un minimum d’hétérogénéité sociale même si certains parents commettaient des délits d’initiés à la carte scolaire pour la contourner.

Que va-t-il se passer ? L’abandon de la carte scolaire va-t-il favoriser la mixité sociale comme le prétendent les politiques ? Les jeunes des périphéries vont-ils pouvoir rejoindre les établissements des centres villes et s’asseoir sur les mêmes bancs que les jeunes « héritiers » ? Les jeunes des centres villes vont-ils pouvoir rejoindre les établissements des périphéries et découvrir le plaisir des transports en commun ?

« Une dérogation pour tout le monde, une sélection sur critères sociaux si trop de monde, pour une mixité sociale », rassure le ministre de l’Éducation. Pour les établissements les plus prisés, comme les murs ne sont pas extensibles, Monsieur Darcos préconise d’utiliser en priorité des « critères sociaux » inspirés par la « discrimination positive » : boursiers (sociaux et au mérite) et élèves handicapés. Sans oublier les candidatures habituelles de ceux qui recherchent une option rare et un parcours très particulier.

De fait, seront exclus des dérogations tous les enfants et les jeunes qui ne méritent pas : résultats scolaires insuffisants ou situation asociale des parents.

Les établissements cotés n’ont vraiment rien à craindre, même s’ils se métissent un peu ce sera avec les plus « méritants », les plus « intégrés », les plus « civilisés ». Les autres pillés de leurs meilleurs éléments seront encore moins attractifs ! Qu’importe, l’entre soi prime sur toutes autres considérations !

Le goût amer de défaite et d’injustice, déjà installé dans le coeur de tous ces enfants exclus de l’égalité scolaire risque de devenir un creuset de rejet et de haine.

Quelles sont les critères pour rester dans les établissements les plus prisés ? Simples, on reste scolarisé « de droit » dans l’établissement le plus proche de son domicile avec les « critères sociaux » prédéfinis : catégories professionnelles supérieures, habitat en centre ville, activités culturelles et touristiques...

Quelles sont les critères pour rester dans les établissements les moins attractifs ? Simple on reste scolarisé « de droit » dans l’établissement le plus proche de son domicile avec « les critères sociaux » prédéfinis : travail sans qualification, partiel ou précaire, chômage, habitat en cité, activités de rue tout au long de l’année...

Ce sont toujours les critères sociaux qui déterminent l’affectation dans un établissement !

Pour les collèges les plus sinistrés, le Ministre prévoit le dédoublement des classes, 300 adultes supplémentaires et la possibilité d’accueillir les projets expérimentaux. Si tout ce dispositif « ne permet pas de réussir », ces collèges fermeront au bout d’une « réflexion de trois ans maximum ». Mais que fera-t-on des élèves une fois ces portes définitivement fermées ?

Une seule certitude : la mixité sociale n’était pas le mobile du crime.

Catherine Chabrun

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