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L’enquête PIRLS 2006 (OCDE) : le niveau de compréhension de lecture des élèves issus de ZEP reste stable (et même progresse très légèrement) alors qu’il chute pour les élèves hors ZEP

8 décembre 2007

Extrait de VousNousIls du 01.12.07 : Compréhension de lecture : les écoliers du privé s’en sortent mieux que ceux du public

Arrivée 27ème sur 40 pays, la France décroche une mauvaise note dans tout le dernier classement de l’enquête internationale PIRLS1 sur l’évaluation de la compréhension de lecture des élèves de 10 ans. Le détail des résultats avec Marc Colmant2, coordonateur de l’étude pour la France.

Pouvez-vous nous décrire l’étude PIRLS et son principal objectif ?

Cette étude PIRLS 2006 est la suite de la première enquête PIRLS, réalisée en 2001. L’acronyme PIRLS signifie en anglais Progress in International Reading Literacy Study (ou programme international de recherche en lecture scolaire, ndlr). Son objectif est d’évaluer la compréhension de lecture des élèves âgés de 9 et 10 ans (correspondant à 4 ans d’enseignement de lecture), issus de 40 pays (dont 21 pays de l’Union européenne) et de 5 provinces canadiennes. En France, l’échantillon a représenté 4400 élèves (issus de 169 écoles) sur un total de 215 000 participants.

Sur quels types d’exercices s’est-on basé pour jauger ces compétences de compréhension de lecture ?

Le principe a été de sélectionner, selon de nombreux critères, des textes de 600 à 1000 mots, qui étaient soit informatifs, soit narratifs. Lors du test, les élèves disposaient de deux fois 40 minutes pour répondre à une quinzaine de questions sur ces deux types de textes. L’idée étant d’évaluer l’acquisition de telle et telle compétence en compréhension de lecture. En l’occurrence, il y en a quatre que l’on peut classer ainsi, dans un ordre de complexité croissante :
 Prélever des informations explicites
 Faire des déductions directes (ou inférences directes)
 Interpréter et assimiler idées et informations (ou inférences indirectes)
 Examiner le contenu, la langue et les éléments textuels

Quel est le classement général et où se situe la France ?

Tous pays confondus, la Russie arrive en tête. Suivie de près par Hong-Kong et Singapour. La France se situe à la 27ème place du classement, juste au-dessus de la moyenne internationale.
Mais si l’on compare la France aux seuls pays de l’Union européenne, on s’aperçoit que la France se retrouve au-dessous de la moyenne. A égalité avec la Slovénie, nous atteignons la 16ème place sur les 21 pays européens. Seules la Roumanie, la Belgique, l’Espagne et la Pologne se retrouvent en dessous de nous.

Un mauvais classement qui masque des résultats différents, selon les compétences évaluées...

Si l’on se réfère aux quatre compétences et que l’on se compare aux autres pays européens, on reste toujours sous la moyenne. Mais de manière moins marquée, si l’on s’intéresse aux deux premières compétences. Autrement dit, nous réussissons mieux quand il s’agit d’acquérir les compétences de niveau les plus faibles, soit prélever les informations explicites et faire des déductions directes. Peut-être que cela correspond plus à ce que le système éducatif français demande aux élèves, c’est-à-dire, avoir des bases stables.

La situation a-t-elle empiré depuis la précédente étude PIRLS de 2001 ?

En 5 ans, notre classement a diminué très légèrement, mais pas de manière significative. Et ce, quelles que soient les compétences de compréhension de lecture qui ont été évaluées.
Cela étant dit, si l’on compare la compréhension de lecture d’élèves issus de ZEP, on note que le niveau est resté stable entre 2001 et 2006. En revanche, si l’on s’intéresse aux élèves d’écoles publiques hors ZEP, leur niveau a subi une chute significative sur la même période. En grimpant de 9 points, les performances des élèves du privé se sont, quant à elles, améliorées depuis 2001. On observe que la position entre public et privé s’est inversée : le public hors ZEP obtenait de meilleurs résultats que le privé en 2001, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Propos recueillis par Lise Bollot

(1) L’enquête internationale PIRLS 2006 a été rendue publique le 28 novembre. Elle est, à l’heure de notre publication, disponible en téléchargement en langue anglaise seulement.

(2) Marc Colmant est également chargé d’études à la DEPP (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance).

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Note de l’OZP : PISA et PIRLS sont deux évaluations organisées par l’OCDE, Pisa sur les sciences et PIRLS sur les lettres.

Voir le dossier complet sur les enquêtes PISA et PIRLS dans le Café pédagogique

De l’analyse de Françoise Solliec parue dans ce dossier du Café pédagogique Le Quotidien des ZEP extrait le passage suivant :
"En comparaison avec l’enquête 2001 (score français 525), les résultats inférieurs de 3 points ne sont pas statistiquement significativement différents. En revanche, l’analyse par type d’école montre que, sur ces 5 années, les résultats des élèves de ZEP ont progressé de 1 point, ceux du privé de 9 points, tandis que les élèves des écoles hors ZEP ont chuté de 8 points."

Toujours dans le dossier très complet du Café pédagogique, nous extrayons cette analyse éclairante de Philippe Meirieu, cette fois sur l’enquête PISA
"3) Ce qui frappe, dans les résultats de PISA 2006, c’est le fait que la France se caractérise moins par un mauvais nombre de « bons » et « très bons » élèves que par des chiffres très médiocres, voire mauvais, d’« élèves faibles ». Notre retard est surtout là : nous avons beaucoup plus d’élèves dans les catégories 1, 2 et 3 (catégories qui témoignent de difficultés à expliquer un phénomène, à élaborer un raisonnement) que les autres pays dont l’investissement éducatif, le niveau de vie, le revenu moyen sont comparables au nôtre.
Voilà qui confirme encore bien des analyses sur les problèmes de notre pays pour scolariser convenablement les élèves les plus fragiles. Voilà qui devrait nous inciter à reprendre au sérieux la formule qui a présidé à la mise en place des ZEP en 1981 : « Plus et mieux à ceux qui ont moins. » A condition, bien sûr, de s’interroger sérieusement sur ce « plus » et ce « mieux » afin de mettre en œuvre concrètement le droit à l’éducation pour tous."

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