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Accompagnement éducatif : pas assez d’élèves volontaires et pas ceux qui en ont le plus besoin ?

8 novembre 2007

Extraits du Journal du Dimanche du 4.11.07 : Collège. Premier bilan de l’accompagnement scolaire des « orphelins de 15 heures ». Les élèves manquent à l’appel

Deux mois après la rentrée, la possibilité offerte aux collégiens de profiter d’activités encadrées à la fin des cours connait des difficultés de mise en route. Principal écueil : le manque d’élèves ! Jeudi, Xavier Darcos pourra se rendre compte par lui-même sur le terrain de cette situation. Le ministre devrait également être sondé sur le budget alloué au dispositif.

Xavier Darcos dressera un timide premier bilan des ateliers après la classe. (MaxPPP) Xavier Darcos dressera un timide premier bilan des ateliers après la classe. (MaxPPP)
C’était l’annonce phare de la rentrée, la bonne nouvelle devant compenser les milliers de suppressions de postes d’enseignants. Des ateliers scolaires, artistiques et sportifs gratuits devaient être offerts d’ici à la rentrée de la Toussaint, entre 16 et 18 heures, aux élèves des 1.120 collèges classés "éducation prioritaire". La concrétisation d’une promesse de campagne de Nicolas Sarkozy, qui avait parlé, à plusieurs reprises, des "orphelins de 16 heures" pour évoquer ces élèves livrés à eux-mêmes après la fin des cours.

Où en est le dispositif ? Les premiers éléments chiffrés ont été recueillis par le ministère de l’Education nationale à partir de lundi. Et jeudi, Xavier Darcos se rendra dans un collège de Maisons-Alfort (Val-de-Marne) pour dresser un premier bilan de cette initiative censée être étendue, dès septembre 2008, à tous les collégiens (ils sont 3,2 millions), puis "ultérieurement, à l’ensemble des établissements scolaires".

Beaucoup d’observateurs avaient une crainte : que le nombre d’adultes (enseignants, éducateurs, bénévoles...) devant encadrer les élèves soit insuffisant. Il n’en est apparemment rien. Payés en heures supplémentaires (33,66 euros de l’heure pour les certifiés), les professeurs ont répondu favorablement, d’autant que les syndicats ne s’étaient guère opposés au dispositif. "Nous avons même plus de candidats que de besoins", affirme Jean-Michel Blanquer, recteur de l’académie de Créteil, qui compte le plus grand nombre de collèges concernés.

Les élèves manquent...

Paradoxalement, ce sont parfois les élèves qui manquent. Dans certains secteurs, seuls 20 % des jeunes se sont portés volontaires. "Qui plus est, ce ne sont pas forcément ceux qui en ont le plus besoin, constate le recteur de Créteil. C’est toujours la même chose, les bons élèves se montrent toujours les plus intéressés. Or, nous visons clairement ceux qui ne disposent pas du bon environnement pour faire leurs devoirs chez eux. Il nous faut donc vite nous tourner vers les familles pour leur faire comprendre l’intérêt de la démarche."

Sur le papier, l’offre est pourtant très alléchante : cours de photo, d’escrime, ateliers de botanique, de musique, de théâtre, piscine... D’attrayantes perspectives pour des enfants qui ne fréquentent, en général, ni le conservatoire ni les bassins de natation. Mais les élèves sont peut-être rebutés par la priorité donnée au travail scolaire. "Les études surveillées représentent 75 % du temps consacré à l’accompagnement éducatif, précise ainsi Tanneguy Larzul, recteur de l’académie d’Amiens. L’idée est d’abord que les élèves quittent le collège les devoirs faits." Lui aussi avoue manquer de collégiens volontaires : "Le téléphone a beaucoup sonné dans les familles ces derniers temps afin de convaincre les parents."

... l’argent aussi

Reste une ultime difficulté à surmonter : le dispositif va vite manquer d’argent, surtout s’il est étendu à tous les collégiens. Le ministère ne se montre pas inquiet pour les salaires des professeurs volontaires, un haut fonctionnaire assurant que "l’économie réalisée par la suppression du nombre de postes permettra de payer les heures supplémentaires. Nous sommes toujours dans la même perspective : moins de profs, mais mieux payés". Mais quid des animateurs, maîtres nageurs, chauffeurs de car ?

"Si le but poursuivi est légitime, la présentation du plan n’a pas résolu clairement la question de la prise en charge, évoquant pêle-mêle des associations, des aides-éducateurs et le soutien des mairies et des conseils généraux", s’est inquiété cet été Jacques Mahéas, sénateur socialiste de Seine-Saint-Denis. N’ayant pas non plus reçu de garanties suffisantes, le conseil général de Seine-et-Marne a demandé vendredi à l’Etat de compenser "l’intégralité des coûts induits par la mise en oeuvre du dispositif d’accompagnement éducatif après l’école". D’autres collectivités locales mécontentes devraient lui emboîter le pas prochainement.

Alexandre Duyck

Le site du JDD

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