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Violences de deux élèves dans la ZEP des Tamarins à Saint-Pierre (La Réunion)

7 novembre 2007

Extrait de « Clicanoo » du 06.11.07 : Il attaque sa prof d’histoire avec une planche cloutée

Hier matin, deux élèves ont monté une expédition punitive contre une enseignante du collège des Tamarins à Saint-Pierre. Ils ont fait irruption en plein cours pour jeter une bouteille de verre dans sa direction. L’un d’eux, armé d’une planche cloutée, a même poursuivi la malheureuse à travers plusieurs salles de classe. Agé de 12 ans, il avait un taux d’alcoolémie de 1,74 gramme.

Hier matin, le collège des Tamarins à Saint-Pierre a été le théâtre d’une violente expédition punitive menée par deux élèves âgés de seulement 12 ans et dont l’un était en état d’ébriété avancé. L’agression a choqué ses camarades et les enseignants de cet établissement du centre ville réputé à tort ou à raison sensible.

Une pile plate à 12 ans

Il est environ 7h45. La sonnerie vient de retentir et les cours débutent au collège de la rue François-de-Mahy. Le brouhaha s’est interrompu depuis un bon moment déjà devant la grande grille verte qui boucle l’entrée principale utilisée par les élèves et dans la cour de récréation au fond de l’allée bétonnée. Avant cela, une poignée d’élèves d’une classe de 5e remarque l’étrange comportement d’un de leurs camarades. Le jeune en question, âgé de 12 ans comme eux, tient une pile plate de rhum dans sa main. Il en prend plusieurs rasades jusqu’à vider la bouteille. Un autre élève du même âge est à ses côtés. Celui-ci n’est plus scolarisé aux Tamarins depuis une quinzaine de jours.

Il a rejoint une classe de sixième du collège Saint-Charles situé à quelques encablures de là. Ce changement d’établissement fait suite à une décision de l’équipe éducative du foyer où il est placé tout comme son camarade. Tous deux ont également en commun de vouloir se venger d’un professeur d’histoire-géographie du collège des Tamarins. L’un a cours avec elle et l’autre l’avait comme enseignante jusqu’à son départ pour Saint-Charles.

Une bouteille vole en éclats

Et hier matin, ils savent précisément où la trouver pour lui faire payer les remarques qu’elle ne manque pas de leur faire lorsqu’il perturbe le bon déroulement de son cours. Car l’élève de 5e débute justement la matinée avec de l’histoire-géographie en première heure. On comprend alors mieux qu’il ait vidé une pleine pile plate. Car ainsi, il espère sans doute se donner du courage pour mettre à exécution sa vengeance. L’enseignante débute à peine son cours que la porte de la classe se met à trembler dans un grand vacarme. A l’extérieur, les deux jeunes donnent de grands coups de pied pour l’ouvrir. Ils parviennent à leurs fins. L’enseignante et les élèves, interloqués, voient apparaître la frêle silhouette des deux rebelles dans l’encadrement de la porte. Ils profèrent aussitôt des menaces tout en envoyant une bouteille de Coca-Cola vide en direction du professeur.

Par chance, le projectile de verre n’atteint pas sa cible. Pas plus que les éclats de verre qui partent en tous sens ne font de blessé. Sous le choc, une élève s’évanouit tandis que ses camarades restent tétanisés par cette brutale explosion de violence. L’enseignante prend immédiatement en charge la gamine pour la rassurer jusqu’à l’arrivée de l’infirmière. Mais ce n’est pas cette dernière qui se présente la première dans la classe. En effet, le plus furieux des deux agresseurs revient à la charge. Cette fois, il vocifère en brandissant une planchette avec un gros clou fiché dessus. Plus que jamais déterminé à agresser sa prof, il se rue vers elle. La malheureuse n’a d’autre choix que de prendre la fuite à travers la salle de classe. Elle ouvre à la hâte la porte qui communique avec la salle de cours attenante à la sienne. Le furieux ne désarme pas et la pourchasse avec sa planchette dans le but manifeste de la frapper.

1,74 gramme d’alcool

La prof traverse pas moins de trois classes pour échapper aux foudres de son élève. La scène se déroule sous les regards médusés et au milieu des cris des élèves des collègues qui assistent impuissants à la course-poursuite. Soudain, un agent intercepte le violent sans heurt. C’est un miracle si aucune blessure physique n’est à déplorer.

Par contre, la frayeur a été extrême pour l’enseignante mais aussi pour ses élèves en état de choc. Les deux agresseurs ont finalement été remis entre les mains des policiers. Le principal auteur a été contrôlé avec 1,74 gramme d’alcool. A l’issue de leur audition, ils ont rejoint le foyer socio-éducatif où ils résident. Pour leur part, le principal du collège, Eric Boyer, et l’enseignante ont déposé plainte. L’élève encore scolarisé aux Tamarins devrait par ailleurs passer en conseil de discipline dans de brefs délais.

Eric Lainé

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Soutien du recteur « Suite à l’agression ce jour (Ndrl : hier) d’une enseignante du collège Les Tamarins de Saint-Pierre dans sa classe par un jeune extérieur à l’établissement accompagné d’un élève du collège, le recteur tient à lui apporter son entier soutien et condamne l’attitude inadmissible des agresseurs. Il réaffirme que la sécurité des enseignants et de l’ensemble des agents de l’Education nationale est essentielle car elle conditionne le bon fonctionnement des établissements scolaires. »

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La nécessité d’un classement en réseau d’ambition réussite

La violence de la scène, son caractère prémédité, le jeune âge des agresseurs et la présence d’un taux d’alcool de 1,74 gramme pour le plus virulent d’entre eux témoignent de cette inquiétante escalade de la violence qui touche les plus jeunes. Face à cette délinquance de plus en plus précoce, il faut bien avouer que les collèges en particulier sont souvent démunis, disposant de moyens et d’une palette de sanctions dérisoires et souvent inadaptés. Hier matin, les collègues de l’enseignante agressée ont débrayé pendant trois heures pour lui manifester leur soutien dans cette épreuve traumatisante.

Ils en ont profité pour rédiger une motion transmise au recteur. Il demande que l’établissement actuellement classé en réseau de réussite bénéficie de moyens supplémentaires avec un classement en « ambition réussite ». Ils réclament aussi que les effectifs soient maintenus à la rentrée prochaine en dépit de la baisse de fréquentation prévue en terme d’élèves. Pour sa part, le principal du collège, Eric Boyer, a mis à profit la matinée afin d’organiser la prise en charge des élèves choqués à la suite de l’agression. Malgré cela, il a été constaté un fort taux d’absentéisme dans le courant de l’après-midi. Des parents d’élèves ont en effet jugé préférable de garder leurs enfants chez eux pour la journée.

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