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Le responsable du « Bondy Blog » analyse la situation des banlieues

29 octobre 2007

Extrait du « Post » du 29.10.07 : "On n’est pas à l’abri d’un nouvel embrasement"

Deux ans après, jour pour jour, du début des trois semaines historiques d’émeutes urbaines, Mohamed Hamidi, responsable éditorial du « Bondy Blog », nous livre son sentiment sur la situation actuelle dans les banlieues

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Deux ans après les émeutes, la situation s’est-elle améliorée dans les banlieues ?

 Non. Elle n’a pas bougé. La situation suit l’évolution de la société française. Certains habitants ont encore plus de difficultés. La principale cause reste la paupérisation de la population qui vit en banlieue. Leur situation financière est difficile. Leur pouvoir d’achat ne s’est pas amélioré.

Que pensez-vous des politiques mises en oeuvre par les pouvoirs publiques dans les banlieues depuis le printemps 2005, notamment la plan de rénovation urbaine ?

 Cela parait positif mais en fait, aucune mesure n’a été prise pour améliorer véritablement et durablement la situation. Par exemple, dans les zones d’éducation prioritaire (Zep), rien n’a changé.

Il y a eu une certaine prise de conscience dans le privé, puisque de nombreuses entreprises ont lancé des grandes de vagues de recrutement destinée en priorité aux demandeurs d’emplois issus des banlieues. Mais pas dans le public. Au niveau de l’Etat, rien n’a été fait. Par exemple, L’ANPE n’a pas évolué. Seul aspect positif : la décision de casser et de reconstruire pour casser les ghettos.

Maintenant, tout le monde attend le fameux plan banlieue de Fadela Amara, qui est prévu pour janvier 2008, comme si cela allait être un dispositif miraculeux. Mais il faudra beaucoup de temps pour le mettre en place alors que l’urgence est là. Maintenant.

On vous sent remonté...

 Oui ! Les seules mesures du gouvernement -théoriquement en faveur des banlieues- sont des mesures qui visent à limiter l’immigration. On nous fait croire qu’en réglant le problème de l’immigration, le problème des banlieues sera réglé. Or il faut se souvenir que la plupart des jeunes qui ont participé aux émeutes du printemps 2005 étaient Français. Les pouvoirs publics se trompent de combat. Leur politique vise à rassurer la population, ce qui est plus facile à faire que de mettre en place des politiques sur le long terme, pour régler les "vrais" problèmes, comme celui des banlieues.

Les émeutes urbaines peuvent se reproduire d’un jour à l’autre selon vous ?

 Oui, on n’est pas à l’abri d’un nouvel embrasement, même si un certain nombre de conditions doivent être réunies pour que cela se reproduise. Comme la situation ne s’est pas arrangée pour les habitants des banlieues, qui vivent toujours dans des conditions misérables, il suffit d’une étincelle pour que tout s’enflamme.

La relation des jeunes avec la police s’est-elle améliorée ?

 Non. La police de proximité devrait revenir pour instaurer un dialogue permanent avec la population, au lieu de mener des actions coup de poing dans les cités. Ces actions sont d’ailleurs très mal perçues. La police doit avoir un rôle social et être plus proche de la population.

Qu’est-ce qui pourrait améliorer les choses, selon vous ?

 Si les jeunes français habitant dans les banlieues étaient considérés comme des Français à part entière, cela serait déjà bien. Il faut améliorer l’accès à l’emploi et à l’éducation pour les jeunes des cités. Soutenir le travail des associations et des acteurs de terrain : on leur a coupé les vivres alors que leur rôle est primordial.

Dans le même ordre d’idée, les établissements scolaires doivent bénéficier de davantage de moyens. Enfin, il est scandaleux qu’il n’y ait pas un député issu des banlieues au Parlement. Il faut assurer une meilleure représentativité politique aux minorités.

Combien de temps faudra t-il pour que les banlieues soient des endroits comme les autres ?

 Matériellement, ce sera très long. Mais dans les consciences, cela peut aller très vite. Des petits gestes symboliques pourraient rapidement changer les choses. Ce serait le cas si par exemple, les partis présentaient plus de candidats issus des banlieues aux élections municipales, en leur donnant de réelles chances de gagner et non en les envoyant dans des villes où ils n’ont aucune chance de l’emporter.

Par la rédaction du Post le 27.10.07

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