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Les politiques de 7 pays du monde contre la pauvreté : une étude de la CNAF

17 octobre 2007

Extrait du Bulletin du CERC du 6.10.07 : Familles et enfants pauvres dans le monde : quelles politiques ?

Le rapport préparé par Christiane CREPIN pour le forum de l’Assemblée Internationale de Sécurité Sociale à Moscou au mois de septembre 2007 est ambitieux. Par l’étendue du sujet, sa technicité, son universalisme et surtout par l’acuité du problème posé. Car derrière les chiffres qui résonnent de manière parfois terrifiante, c’est bien d’humain qu’il s’agit. Le problème est d’ailleurs trop humain pour un affichage trop purement médiatique, qui est parfois l’apanage du sujet.

Sur ce point, on peut prendre quelque distance avec l’antienne un peu sentimentale sur le seul enfant et ceci pour plusieurs raisons.

La première tient au fait que les chiffres de pauvreté sont lancés parfois sans précaution, c’est-à-dire sans référence à des critères précis de délimitation du périmètre. Or ceux-ci sont multiples, ce que montre bien le rapport, et qu’avec ces références là, il faut savoir de quoi l’on parle vraiment. Deux millions d’enfants pauvres en France si l’on se réfère au critère européen de 60 % du revenu médian, un million si l’on retient 50 %. Ces deux chiffres illustrent la sensibilité des définitions, voire des partis pris. Que signifie vraiment une base de 1 à 5 dollars par jour, si l’on ne parle pas un peu de parité de pouvoir d’achat, c’est-à-dire d’une remise du problème de la pauvreté dans le contexte économique et social d’un pays donné ? C’est une évidence de savoir que l’on ne parle pas de la même chose à Shanghaï et dans une province rurale chinoise, à Moscou et en Oural, à Dakar ou au Darfour.

La seconde est que la pauvreté des enfants est un thème qui a particulièrement émergé dans le champ du social ces deux dernières années, que ce soit au niveau mondial, ou européen avec l’action de Tony Blair, ou encore français, avec le rapport Martin Hirsch. Mais que cette émergence a peu posé la question de « l’abri » paradoxal peut être de la pauvreté de l’enfant : c’est-à-dire de la famille pauvre. Or, peut-on dissocier Cosette et Fantine ?

D’où surgit la question, au bout du compte la plus fondamentale que pose ce rapport : la lutte contre la pauvreté des enfants passe-t-elle opérationnellement par une « prise d’angle »famille ou une prise d’angle individuelle ?

Question de pays développé ? Pas seulement, à l’évidence.

Pas forcément aussi puisque la réponse ne va pas de soi. L’universel est le culturel profond de chacun. L’enfant du fleuve de Calcutta, l’enfant des rues de Bucarest et l’enfant de la DASS nous offrent des regards d’appel assez semblables. Pour autant, les solutions ne peuvent être uniques.

Par contre, la mobilisation peut l’être. Sur ce point, à qui regarde bien les dossiers sociaux européens, la pauvreté des enfant peut être l’un des sujets premiers d’une action européenne harmonisée. Le récent rapport annuel de l’IGAS sur la dimension européenne des politiques sociales, n’évoque que celui-ci pour ce qui a trait à l’évolution souhaitable des politiques familiales.

Ces politiques devront justement alors y retrouver la famille comme probable appui premier à la lutte contre cette injustice sociale là. La redistribution monétaire n’y est pas subsidiaire. L’accompagnement social peut être nécessaire, voire indispensable.

Il y a dans l’enfant pauvre, la femme ou l’homme pauvre, et bien sûr le couple pauvre, en miroir.

Philippe Steck, Directeur chargé des relations internationales - CNAF

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