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Le groupe scolaire ZEP « Concorde » de Mons-en-Baroeul présenté dans « Fenêtres sur cours »

3 octobre 2007

Extrait de « Fenêtres sur cours » du 01.10.07 : A Mons-en-Baroeul, l’autorité se construit avec les élèves

Le projet de l’équipe du groupe scolaire Concorde de Mons-en-Baroeul, en grande difficulté il y a 6 ans, a permis un redressement spectaculaire des résultats scolaires ainsi qu’une forte diminution des phénomènes de violence. Zoom sur un outil au coeur du projet : le conseil d’enfants.

Pour les enseignants du groupe scolaire Concorde, « le respect mutuel et la confiance entre les élèves et les enseignants » font partie intégrante de l’autorité. Jusqu’à la rentrée 2001, ces deux écoles maternelle et élémentaire de Mons-en-Baroeul dans le Nord étaient confrontées à de mauvais résultats scolaires, une chute des effectifs et des phénomènes de violences. Suite à un projet appuyé par l’IEN de la circonscription et l’académie du Nord, neuf enseignants issus de l’ICEM ont transformé ces deux écoles, classées en ZEP, en écoles expérimentales de pédagogie Freinet.

Chargé de suivre cette expérimentation, le laboratoire Théodile de l’université de Lille 3 a publié son rapport en novembre 2006. Il note, parmi les effets positifs, que « les phénomènes de violences tendent à diminuer » ainsi qu’une « évolution des représentations et des normes chez les élèves ». Tout en soulignant également la réduction des actes de violences, l’IEN montre dans son rapport d’étape une hausse des résultats scolaires. L’école élémentaire, en dessous jusqu’alors de la moyenne départementale en ZEP, dépasse dorénavant la moyenne nationale aux évaluations de 6ème.

Pour obtenir ces résultats, les enseignants ont bouleversé le fonctionnement de l’école et mis en place un système cohérent où le rapport des élèves à l’autorité est à mille lieues de celui des tenants d’un retour à la discipline d’antan.

Trois règles sont imposées aux élèves par l’ensemble de l’équipe enseignante, « on s’écoute, on ne se moque pas et on demande avant de prendre la parole ». Et comme, « la liberté s’apprend », les autres règles sont élaborées par les conseils d’enfants. Le conseil d’école débat du règlement des récréations, des projets communs, de la décoration... tandis que le conseil de classe hebdomadaire débat des règles de vie, fait émerger les projets des élèves et régule le fonctionnement au sein de chaque classe. Pour Cécile Carra et Maria Pagoni de l’équipe de recherche Théodile, ces conseils « contribuent à la construction chez les élèves d’un certain rapport à la loi » et de ce fait, il s’agit d’une « loi respectée par le plus grand nombre du fait du fonctionnement de cet espace et du sens qui y est donné ».

« Le vendredi on fait le bilan » débute Agnès Nicolas installée parmi ses élèves de grande section et de CP assis en cercle. À la suite du rappel des règles et des demandes de la semaine précédente, les élèves demandent un tour de parole. Sofia se plaint des garçons qui regardent dans les toilettes. Elisa explique que certains ne veulent pas les fermer de peur de se faire enfermer, d’où ces problèmes. Wassil a des soucis pour différencier les toilettes des filles de celles des garçons, ses camarades lui expliquent... « Comment faire pour aller aux toilettes sans demander et que la maîtresse le sache quand même ? », une solution est élaborée collectivement. À chaque fois Agnès Nicolas note les propositions et les reformule si besoin. Un élève donne la parole et compte les votes éventuels.

Dans la classe de CM1-CM2 de Sylvain Hannebique, le système est identique, mais la parole est plus aisée pour ces élèves habitués des conseils d’enfants. Tom propose que trois élèves volontaires puissent rester en classe lors des récréations pour travailler. Umberto manifeste son désaccord, il craint les vols possibles. Cheyenne est emballée par la proposition de Tom, mais partage également les craintes d’Umberto. Jérémy, lui, veut augmenter le nombre d’élèves pouvant rester à six. Au final,
la proposition est mise aux voix et rejetée. Sylvain Hannebique vote également mais en dernier afin de ne pas influencer ses élèves. Il peut également apporter son avis comme l’ensemble de la classe sur le point débattu. Lorsqu’un élève propose de faire prochainement une sortie dans Mons, il en demande simplement le but. Chahinese se charge de mettre les choses au clair, « si tu sors pour marcher, ça va t’apprendre quoi ? Mais si tu vas au musée d’histoire naturelle, ça va t’apprendre comment les animaux vivent, se reproduisent... ». La proposition de sortie doit donc être affinée et rediscutée la semaine suivante.

Le transfert à d’autres du fonctionnement de cette école est objet de débats. Pour Sylvain Hannebique, « il peut s’avérer difficile car l’école fonctionne en un système cohérent ». Certaines techniques comme le conseil d’enfants peuvent être réemployées si elles ne sont pas isolées d’une organisation globale de l’école. Yves Reuter, directeur du laboratoire Théodile et auteur d’un livre* sur cette expérience, estime que « quelques grands principes pourraient sans doute être repris » en citant l’élaboration des règles par les enfants, les rencontres fréquentes avec les parents et le droit à l’erreur pour les élèves. Mais il met également en garde sur des transferts de techniques « pouvant être vidés de leur substance ».

* « Une école Freinet : fonctionnement et effets d’une pédagogie alternative en milieu populaire », sous la direction d’Yves Reuter, L’Harmattan 2007

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