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L’édito de « L’Expresso » revient sur les ségrégations ethniques à l’école

21 septembre 2007

Extrait de « L’Expresso » du 21.09.07 : La ségrégation ethnique, premier cancer de l’Ecole française ?

La question des inégalités ethniques à l’école est étalée au grand jour par le dernier rapport de l’Ocde. Il établit que la France, avec l’Allemagne, l’Autriche et le Portugal, se distingue par l’écart entre autochtones et descendants de l’immigration pour le niveau scolaire. Il atteint en France 20 points entre ces deux catégories.

Une étude plus fine, comme celle que G. Felouzis a menée dans l’académie de Bordeaux, aurait sans doute révélé que ces inégalités s’accompagnent d’une ségrégation marquée pour certaines communautés. A Bordeaux, il a mis en évidence la ségrégation montante entre les établissements de l’agglomération. 10% des établissements scolarisaient 40% des enfants d’origine maghrébine. "Certains collèges sont de vrais ghettos scolaires comme leur quartiers d’implantation". Les établissements les plus ségrégués scolarisent entre 3 et 5 fois plus d’élèves allochtones que la moyenne et entre 2 et 3 fois plus d’élèves socialement défavorisés. Ce qui amène Felouzis et Joëlle Perroton à affirmer , dans "Améliorer l’école, PUF 2006, que "le critère le plus déterminant dans la mise à l’écart de certains élèves est le critère ethnique" et à parler de "véritables ghettos scolaires".

Or certains pays de l’OCDE ne produisent aucune différence de niveau entre les jeunes autochtones et allochtones (comme l’Australie ou le Canada). Ajoutons que ce dernier pays affiche également des résultats bien meilleurs pour l’ensemble des élèves que les nôtres. Ce qui montre que le lien entre immigration et baisse de niveau n’est pas une fatalité.

C’est dire que l’Education nationale a aussi sa part de responsabilité dans cette situation, même si la ségrégation urbaine joue un rôle essentiel. Parmi les facteurs identifiés, il y a d’abord le processus de nomination des enseignants qui poussent les moins expérimentés à intervenir dans ces établissements. Les politiques d’établissement jouent aussi un rôle. "Elles construisent souvent des filières d’excellence qui sont centrées sur des critères scolaires mais qui de fait renforcent la ségrégation" expliquait G Felouzis dans un article donné au Café. Au-delà c’est toute la politique de soutien scolaire qui est à adapter à ces élèves,particulièrement la place faite à leur langue dans l’Ecole.

Avoir de réelles équipes, affirmer l’éducabilité et chercher l’hétérogénéité, prendre en compte les cultures locales, voilà trois défis que les collèges actuels peuvent difficilement résoudre. C’est aussi pour sortir de cette impasse qu’il importe que le projet de collèges expérimentaux soit mené à terme.

Regards sur l’éducation 2007

Article de Georges Félouzis dans Le Café

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