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Les ZEP dans l’analyse de la situation par Lutte Ouvrière

13 septembre 2007

Extrait de « Lutte Ouvrière » du 12.09.07 : Darcos propose la fin du collège unique : vers une accentuation de l’inégalité ?

Xavier Darcos, le ministre de l’Éducation nationale, a annoncé qu’il comptait mettre fin au « collège unique ». Il a affirmé vouloir donner plus d’autonomie aux établissements pour qu’ils « organisent leur politique pédagogique en fonction du public qu’ils ont ».

Si le collège unique n’a jamais été synonyme d’égalité entre tous les établissements et encore moins entre tous les élèves, sa suppression risque cependant de creuser encore plus l’inégalité des chances entre les jeunes issus d’un milieu social favorisé et ceux des classes populaires.

Le collège unique a été instauré par la réforme Haby de juillet 1975. Une première réforme, datant de 1959, avait créé les collèges d’enseignement général (CEG), qui remplaçaient les anciens cours complémentaires, ainsi que les collèges d’enseignement technique (CET). Les CES, ou collèges d’enseignement secondaire, ont vu le jour en 1963. Ils comprenaient trois filières : celle de l’enseignement général long, pour les élèves destinés à poursuivre leurs études dans un lycée jusqu’au baccalauréat, celle de l’enseignement général court et un cycle de transition pratique de deux ans. Parallèlement, les CEG continuaient d’exister, de même que les « petites classes » des lycées qui accueillaient des élèves de la sixième à la troisième. La réforme Haby unifia toutes ces structures, les regroupant en un « collège unique » avec des sections dites indifférenciées et un programme identique.

Quoi qu’en dise Darcos actuellement, l’accès de tous les jeunes au collège a permis d’élever globalement le niveau de leurs connaissances. Mais cette unification de surface n’a pour autant jamais mis fin à l’inégalité entre les établissements - à supposer même qu’elle en ait été le but. Car il y a un monde entre les collèges intégrés aux grands lycées cotés des centres-villes et ceux des banlieues pauvres, ne serait-ce que par les moyens dont ils disposent, la qualification des enseignants (les débutants étant envoyés au casse-pipe dans les collèges de ZEP) ou le choix des options qui privilégient les enfants ayant déjà accès à la culture de par leur milieu familial ou social. Dans une société basée sur l’injustice sociale, l’école ne peut pas être égalitaire, et le collège unique n’a jamais fait que refléter cette inégalité.

Mais supprimer le collège unique présente le risque que les établissements des quartiers populaires soient encore plus laissés pour compte. Quand Darcos dit par exemple qu’il faut que « tous les élèves fassent à peu près tant d’heures de telle discipline », cela pourrait fort bien se traduire par plus d’heures de sport ou de technologie dans les collèges de ZEP, parce que cela plairait plus aux élèves, au détriment des enseignements de base. De toute façon, avec ce gouvernement ouvertement au service des riches, toute réforme de l’enseignement qui pose a priori l’inégalité de traitement entre les établissements scolaires ne peut que susciter la méfiance, car elle a toutes les chances de se faire au détriment des élèves des quartiers populaires.

Marianne Lamiral

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