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Journée OZP 2007. Atelier "Le langage, élément déterminant du parcours scolaire"

3 septembre 2007

Journée nationale OZP : 12 mai 2007

Atelier n°1

Le langage, élément déterminant du parcours scolaire

Intervenante : Michèle Coulon,
responsable du CAREP de Reims

Animatrice : Joce Le Breton,
Centre Alain Savary et CAREP de Paris

La langue et le langage sont des sujets récurrents et incontournables de la pédagogie sur lesquels s’appuient les apprentissages scolaires. Reconnus comme des enjeux très forts par le ministère de l’Education nationale, ils suscitent chez les enseignants une attention toute particulière.

Il est important actuellement, encore plus qu’hier, de se saisir de façon collective de la problématique de la langue pour en faire un outil pédagogique des réseaux d’éducation prioritaire qui permette la mise en oeuvre d’une véritable dynamique de projets et d’actions élaborée de manière lisible et efficace par et pour les élèves.

Les enseignants ont remarqué que les enfants issus des milieux populaires ont très souvent d’énormes problèmes dans la maîtrise de la langue et qu’ils rencontrent des obstacles face aux pratiques langagières scolaires. Alors qu’il est souvent facile d’en rester à ce simple constat et de réduire les lacunes des élèves à des problèmes de communication au sein des familles ou à un manque d’appétence scolaire, la recherche s’est penchée sur cette problématique et propose quatre axes de réflexion :
 les usages langagiers des élèves de milieux populaires ;
 les usages langagiers de l’Ecole ;
 les pratiques enseignantes ;
 les pistes à explorer pour concevoir des outils d’aide aux élèves.

Les usages langagiers des élèves de milieux populaires
Les élèves issus des milieux populaires ont un niveau de langage pauvre et insuffisant face aux exigences du milieu scolaire, aussi bien en vocabulaire qu’en syntaxe. Ce déficit se retrouve dans toutes les disciplines scolaires. Contrairement à ce que l’on pense souvent, les élèves ne rencontrent pas vraiment de problèmes de communication au sein de leur famille et/ou de leur sphère sociale. Ils communiquent en faisant, en accompagnant leurs activités. Ils privilégient très fortement le langage du corps, par des gestes, des mimiques en les ponctuant de quelques phrases simples. Il s’agit là d’une communication de connivence où le langage proprement dit n’est lié qu’au contexte dans lequel il s’exerce. Cette situation ne peut être dissociée de la famille, du milieu social et ou de l’environnement.

Les élèves arrivent à l’école sans aucune connaissance de ce que l’institution va leur demander : considérer la langue comme un sujet d’étude. Leurs difficultés se situent donc au-delà de la simple acquisition du lexique et de la syntaxe.

Les usages langagiers de l’Ecole
La culture scolaire est fondée sur la pratique et la maîtrise de l’expression écrite comme de l’expression orale. Bernard Lahire définit le rapport de l’Ecole au monde non comme un rapport oral, pragmatique, mais comme structural, symbolique.
Être dans une logique symbolique face au monde est important car cela permet d’exister par rapport au monde, de passer du spécifique au générique et de pouvoir élaborer des définitions et des concepts.

Les élèves de milieux populaires disposent d’un vocabulaire mais n’ont pas l’expérience de sa pratique, de son utilisation hors du contexte de l’immédiateté. La pratique langagière à l’Ecole permet la fixation des expériences et une formalisation des savoirs.

Par ailleurs, les élèves éprouvent des difficultés à se centrer sur des manipulations linguistiques. Or, le mode de fonctionnement de la langue n’est pas une pratique affinée à l’Ecole et plus particulièrement au sein des ZEP. Les lacunes des élèves sont alors très souvent interprétées par les enseignants comme un rejet de l’Ecole, un manque d’intelligence, d’attention ou comme un signe de désintérêt vis-à-vis des activités scolaires.

Les pratiques enseignantes
Les livrets scolaires ne comportent pas de rubrique permettant d’évaluer la pratique orale : le plus souvent, cela se résume à une simple appréciation sur la qualité de la participation de l’élève. L’évaluation des compétences liées à la pratique de l’oral n’est donc pas effectuée, faute d’outils, bien que le langage soit présent dans toutes les disciplines.

A l’opposé, on constate une très grande focalisation sur l’évaluation des productions écrites.
Le travail du langage est souvent synonyme d’une pratique collective (exposés faits par un groupe de 2 ou 3 élèves). Les projets se cantonnent régulièrement à la mise en place d’ateliers de théâtre ou de contes, sans que soient mis en oeuvre autour de ces activités des études spécifiques pertinentes visant à améliorer le langage et le niveau de langue des élèves.

Les enseignants ont tendance à privilégier des exercices sur le lexique. Or, le lexique ne peut être fixé par les élèves que si l’enseignant construit son travail pédagogique à partir de la collecte des connaissances des élèves et que s’il cherche à établir des liens entre elles de façon à réaliser des outils favorisant l’évolution des élèves (voir les travaux de Marceline Laparra).

Les différentes pistes
Les chercheurs ont identifié deux directions de travail susceptibles de faire progresser les pratiques pédagogiques des enseignants :
 élaborer un travail sur l’oral mettant en oeuvre des activités linéaires,
 réaliser des outils permettant de mieux organiser les savoirs et les compétences.

En fait :
 les élèves doivent considérer le langage comme un objet spécifique à étudier ;
 la langue orale et la langue écrite doivent se construire au sein de la classe ;
 l’enseignant doit multiplier à l’oral des microsituations effectives ;
 il est important de mieux écouter les élèves et d’observer leurs pratiques pour étayer leurs apprentissages ;
 l’évaluation du parcours de chaque élève en difficulté doit être abordée à partir de repères identifiables aussi bien par les élèves que par les enseignants ;
 il serait prudent d’éviter tout effet de balancier ;
 la construction du sens est primordiale : pour y parvenir il faut dispenser de l’oral à apprendre mais aussi de l’oral pour apprendre ;
 l’évaluation diagnostique est une aide à la mise en oeuvre de progressions qui peuvent contribuer à une meilleure lisibilité des problèmes ;
 le thème du langage invite les enseignants à se questionner : comment dépasser les fonctionnements individuels et travailler collectivement pour faire évoluer collectivement les pratiques enseignantes ?

Compte rendu rédigé par Chantal Jallet,
enseignante en ZEP à Paris

Ci-dessous une version PDF à la mise en page plus élaborée

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