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« Que les élèves se lèvent... » L’opinion de professeurs de ZEP à Besançon et à Bobigny

31 août 2007

Extrait du « Monde » du 31.08.07 : "Que les élèves se lèvent...", une promesse présidentielle à l’épreuve

Le 3 septembre 2006, à l’université d’été des jeunes populaires, Nicolas Sarkozy utilise une phrase promise, dans ses discours ultérieurs sur l’éducation, au statut de slogan, résumant sa perception de l’éducation : "Je veux une école du respect où les élèves se lèvent quand le professeur arrive."

Que va-t-il, concrètement, se passer dans les classes, lors de la première rentrée scolaire de sa présidence ? Dans la plupart des cas, le principe énoncé est d’application difficile : la coutume dominante est en effet que les élèves arrivent en même temps que le professeur. "Dans mon lycée, les professeurs arrivent avant les élèves, qui rentrent dans la salle au compte-gouttes. On ne peut donc pas leur demander de se lever à l’entrée du professeur", témoigne Sandrine Royer, professeure d’anglais à Besançon (Doubs), jugeant néanmoins que ce serait "une bonne idée en collège, car elle permet de marquer une transition avant le début du cours."

Prise au pied de la lettre, la phrase ne pourrait donc pas s’appliquer systématiquement. Mais l’autre interprétation possible, non littérale, de la proposition de M. Sarkozy est plus réaliste : une fois à leur place, les élèves restent debout en attendant que l’enseignant, marquant ainsi solennellement l’entrée dans le temps de l’étude, les invite à s’asseoir... "Je demande aux élèves de ne pas s’asseoir tant qu’il n’y a pas le silence", confie Aurore Varin, professeure de lettres dans un collège ZEP à Besançon.

Rester debout quelques secondes, parce que la personne qui va vous délivrer un savoir le souhaite, n’est en rien une humiliation. Dans certains collèges difficiles, il n’est pas rare qu’un cours ne démarre qu’au bout de dix minutes de bousculades, d’interpellations et de crissements de chaises. Mais il faut parallèlement admettre que beaucoup d’enseignants "respectés" n’ont pas ce genre de soucis : "Réduire la question de l’autorité au fait de se lever en classe me paraît très léger", dit Bruno Descroix, professeur de mathématiques dans un lycée de Bobigny (Seine-Saint-Denis). Il juge néanmoins utile d’"imposer une période de calme avant de commencer le cours". Et, se référant au slogan de M. Sarkozy, souligne qu’"il faut faire confiance aux enseignants".

Demande d’autorité

Que les élèves se lèvent ou non : question de style, de choix pédagogique, d’époque, de contexte, d’endroit, de moment, de public, d’humeur... Il reste que si la phrase de M. Sarkozy a fait mouche dans l’opinion, si personne ou presque ne s’en est irrité dans le monde enseignant, c’est que la demande de réhabilitation de l’autorité y est très présente. Xavier Darcos ne l’a pas oublié à la veille de cette rentrée, en déclarant dans Paris Match paru le 23 août : "Que les élèves soient mis en rangs deux par deux ou se lèvent à l’arrivée de leur professeur, c’est indispensable." Mais le ministre de l’éducation connaît aussi les limites des fortes phrases et la diversité des enseignants : "Il n’y a peut-être pas besoin de décrets pour cela, précise-t-il, mais les professeurs peuvent compter sur mon soutien."

Laurène Casseville et Luc Cédelle

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