Un dossier de "L’Humanité" sur la carte scolaire

19 juin 2007

Extrait de «  L’Humanité » du 16.06.07 : La suppression de la carte scolaire favorise-t-elle la réussite de tous ?

Rappel des faits

Faire sauter la carte scolaire ? Relancée au début de la campagne présidentielle, la question s’accompagne désormais d’une réponse officielle : oui. Commandée par le chef de l’État, annoncée par Xavier Darcos, ministre de l’Éducation nationale, l’idée de supprimer toute obligation de sectorisation en fonction du lieu de résidence est présentée comme conforme à la « liberté de choix » des familles et remède à la ghettoïsation de certains établissements.

Le gouvernement parlait d’une suppression totale d’ici à 2010. Lundi, après avoir rencontré les syndicats et fédérations de parents d’élèves, Nicolas Sarkozy faisait preuve d’un peu plus de souplesse. Sans fléchir sur le principe, il affirmait que la carte scolaire ne disparaîtra que lorsque les « conditions seront réunies » pour le permettre. Il faut dire que la mesure rencontre une ferme opposition de la part de la communauté éducative.

Si personne ne conteste la nécessité de transformer le système actuel (dont les lacunes permettent aux familles les mieux informées de contourner la sectorisation, au détriment de celles moins aux faits), beaucoup dénoncent les effets pervers d’une telle déréglementation, laquelle favoriserait la mise en concurrence des établissements les uns avec les autres... donc celle des élèves, désormais sélectionnés sur leur dossier scolaire.

Alors que la réussite reste fortement conditionnée par la situation sociale des parents, cette sélection au mérite ne fera que renforcer la ghettoïsation scolaire, l’échec et les inégalités, alertent les organisations de parents et de personnels. Quoi qu’il en soit, et bien qu’il assure vouloir prendre son temps, le gouvernement a déjà engagé le démantèlement de la carte, en élargissant les critères permettant d’y déroger. Dès la rentrée prochaine, le taux de dérogations devrait atteindre les 20 %, contre 10 % accordées officiellement en septembre 2006.

Marie-Noëlle Bertrand

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