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Comment mettre fin à des dysfonctionnements intolérables du sytème éducatif ?, par François-Régis Guillaume

5 juin 2007

Comment mettre fin à des dysfonctionnements intolérables du système éducatif ?

Ce qui justifie l’existence d’un dispositif d’éducation prioritaire c’est l’existence de territoires où se cumulent tous les dysfonctionnements du système éducatif. Ainsi le Manifeste de l’OZP (décembre 2006) avait constaté (point1) : « Les effets de la concentration sur certains territoires de ces élèves, déjà défavorisés par le fonctionnement ordinaire du système, sont encore aggravés par ses dysfonctionnements ».

De même l’OZP, encore, a publié sur son site une lettre ouverte au Délégué national à l’éducation prioritaire dénonçant des situations inacceptables (en termes assez généraux pour ne pas permettre d’identification).

En mars dernier j’avais co-signé le compte rendu d’une visite dans une école de Bobigny. Nous y avions trouvé à la fois ce que nous proposons pour l’éducation prioritaire - la mobilisation autour d’un projet - et, en face, ce que nous dénonçons - les dysfonctionnements du service public qui, au même titre que pour les publics « difficiles », rendent nécessaire un dispositif d’éducation prioritaire.

Les exemples de situations intolérables ne sont pas rares. Ce qui l’est plus c’est que le fonctionnement d’une équipe mobilisée soit entravée. Généralement, la responsabilité des difficultés est imputée aux insuffisances des équipes locales. Dans cette école de 300 élèves, nous avons au contraire une de ces « équipes capables de réussir dans un contexte difficile » qui sont, selon le Manifeste de l’OZP, la « ressource rare » dont a besoin l’éducation prioritaire.

Enumérons quelques uns de ces dysfonctionnements : CM2- 6ème.
 Des écoles ZEP qui envoient leurs élèves dans des collèges non classés en Ambition-Réussite, alors que le collège Ambition Réussite, où allaient auparavant les élèves de ces écoles, reçoit, lui, surtout des élèves d’écoles non classées en ZEP. Ces mêmes écoles envoient leurs élèves dans des collèges à l’autre bout de la ville, ce qui les disperse, rendant impossible tout travail de liaison

 Le télescopage de décisions prises par des autorités différentes à des moments différents aboutit à une situation absurde que la faiblesse de l’administration ne permet pas de corriger.

 Depuis sept ans, l’IEN de la circonscription a changé tous les ans et il changera encore à la prochaine rentrée. Le futur IEN ne pourra d’ailleurs pas préparer cette rentrée puisqu’il n’est pas encore désigné.

 Un IEN impose autoritairement à toutes les écoles de sa circonscription un « livret de compétences » de son cru, en ignorant le résultat d’un travail d’équipe fait dans une école mobilisée, travail que bien sûr il ne connaît pas, avant de traiter ensuite les enseignants de cette école comme des dissidents qu’il faut mater.

La liste pourrait s’allonger indéfiniment : depuis les crédits ZEP qui se réduisent à une aumône de 150 euros, les postes non pourvus ou pourvus par des remplaçants ou pourvus par une enseignante en formation à mi-temps, l’absence de CUCS (contrat urbain de cohésion sociale), qui ne permet pas de bénéficier des crédits de la politique de la Ville etc.

Alors, à qui peuvent être imputés les dysfonctionnements ? Faut-il s’en prendre à un IEN qui apprend son métier sur le tas ou à un système qui envoie des débutants dans un monde qu’ils n’ont pas le temps de comprendre ? Il faut prendre la mesure des problèmes, les prendre-à-bras le corps : il ne suffit pas de donner un peu plus de moyens, il faut nommer aux postes de responsabilité des personnes capables de s’appuyer sur les équipes déjà mobilisées et de faire émerger et vivre des projets. Il faut aussi, et pour tous les services publics inventer un mode de recrutement de personnes qui voudront travailler durablement dans le 93.

J’avais déjà analysé le problème dans le compte rendu de l’atelier 5 de la Journée de l’OZP du 12 mai 2007 :
« L’éducation prioritaire est destinée d’abord aux écoles et collèges où le service public est défaillant, à la périphérie du système. Mais il arrive que cette défaillance déborde bien au-delà d’une zone et que l’ensemble formé par la hiérarchie administrative (l’inspection académique), la hiérarchie pédagogique (les inspections) et les collectivités locales (municipalités et conseil général) soit globalement défaillant.
Dans un département comme la Seine-Saint-Denis, tous les dysfonctionnements du système s’accumulent : des décisions absurdes de carte scolaire, des ZEP avec moins de moyens que des territoires ordinaires, des équipes mobilisées dont les initiatives sont sabotées, etc.
Certes, nous voyons des cas où une équipe pédagogique, un inspecteur qui reste en fonction plusieurs années, une municipalité arrivent à faire face, mais, globalement, on peut craindre que, dans ce contexte , l’éducation prioritaire reste inopérante. D’autant plus que des constats analogues peuvent être faits pour d’autres services publics : santé, police, trains de banlieue, etc.

Pourquoi l’OZP ne se saisirait-il pas de ce cas pour faire comprendre sur un exemple précis ses positions sur le pilotage, sur le rôle des délégués académiques, sur la gestion des ressources humaines, sur la responsabilité des équipes ? Et que l’OZP pose la question : « Le délégué national et le délégué académique à l’éducation prioritaire peuvent-ils faire nommer un IEN, ouvert à l’innovation pédagogique, volontaire pour aller à Bobigny et y rester plusieurs années ? Sinon à quoi servent-ils ? »

La réponse à cette question nous mène au cœur de l’éducation prioritaire.

François Régis GUILLAUME

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