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Des stratégies locales d’éducation manquent aux projets ANRU

4 juin 2007

Extrait de « La Lettre de la DIV » n°114, d’avril-mai 2007 : « Un dossier ANRU sur deux comporte
une intervention sur l’école »

Un entretien avec Serge Brunet, directeur d’études au cabinet Tétra.

Quels sont, selon vous, les principaux enseignements quantitatifs de l’étude ?

Premier constat : un dossier ANRU sur deux est concerné par une intervention sur les équipements scolaires. Il peut s’agir de : démolition/ reconstruction, restructuration interne, réaménagement partiel ou encore, de simples aménagements des abords de l’école... On peut faire un autre constat : plus les communes sont pauvres, plus elles sollicitent les financements de l’ANRU pour leurs équipements collectifs. En moyenne, ces interventions pèsent 4,5 % à 5% des engagements financiers du projet urbain. Mais cette moyenne cache de fortes disparités.

Selon vous, quelles sont les bonnes pratiques à dégager de ces projets ?

Le besoin d’intervention sur les équipements scolaires avait déjà été repéré et précédé d’un diagnostic partagé, notamment pour les sites des grands projets de ville (GPV). En ce cas, le dossier ANRU a été l’occasion d’accélérer ces projets. Par ailleurs, les interventions sur les établissements scolaires ont fait l’objet d’une concertation, voire d’une co-élaboration, avec les parents d’élèves, les enseignants et, parfois même, les enfants des écoles concernées.

Les gens étaient contents de pouvoir donner leur avis. Cela les a mobilisés. Ces projets ont par ailleurs conduit à une réflexion sur le temps scolaire et périscolaire. Ils ont permis d’envisager les liens à faire entre les deux. Enfin, les différents projets ne cherchaient pas à apporter de réponse trop sécuritaire, à « bunkériser » les écoles, mais plutôt à concevoir une relation nouvelle entre l’école et son environnement.

Quelles difficultés sont apparues lors de l’élaboration de ces opérations ?

Première difficulté rencontrée par les acteurs : il n’est pas facile de prévoir les effectifs scolaires pour les années à venir. En effet, de nombreux facteurs entrent en ligne de compte : les tendances démographiques structurelles, le vieillissement du parc social, le « jeu » des démolitions / reconstructions, le phénomène d’évitement scolaire... Toutes ces incertitudes pèsent sur la redéfinition d’une carte scolaire qui brasse les publics scolaires et permette, alors, une réelle mixité scolaire.

Autre difficulté : bien sûr, la plupart des acteurs se félicitent qu’une intervention physique sur l’école contribue à améliorer son image, mais ils savent que cela ne suffit pas. La rénovation des murs ne fait pas tout : ce n’est pas parce qu’un équipement est neuf qu’il n’y a pas besoin de soutien scolaire, par exemple. En fait, on manque d’une vision globale sur ces projets, qui aurait permis à la rénovation urbaine d’intégrer les enjeux du projet éducatif local.

Qu’entendez-vous par « vision globale » ?

Le projet ANRU permet d’avoir une visibilité sur les interventions qui sont menées sur l’école du quartier. Il relève d’une échelle de proximité, celle de la commune. Il n’évoque pas la stratégie éducative locale globale. La question des collèges, par exemple, n’est pas du tout abordée dans les opérations de rénovation urbaine. Celle-ci se traite à l’échelle du département. Or, c’est à l’entrée au collège que la mixité scolaire et sociale a un impact sensible sur le développement du jeune.

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