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L’opinion des enfants d’immigrés sur l’école qu’ils ont eue

9 mai 2007

Extrait de « L’Expresso », le 09.05.07 : Les enfants d’immigrés éprouvent un sentiment d’injustice à l’Ecole

"Les enfants d’immigrés peuvent souvent paraître dans une situation contradictoire par rapport à leur scolarité. D’une part, leurs parents sont parmi ceux qui attendent le plus du système éducatif et qui expriment les souhaits de formation les plus ambitieux. D’autre part, leurs familles appartiennent aussi massivement aux milieux sociaux les plus défavorisés et, dans un système éducatif encore marqué par de fortes inégalités sociales de réussite, ils constituent l’une des populations les plus vulnérables à l’échec scolaire. Cette situation contradictoire peut engendrer à terme une désillusion plus grande à l’égard de l’école, avec pour corollaire, une insatisfaction plus forte et des jugements plus négatifs sur le fonctionnement du système scolaire". L’étude de Jean-Paul Caille publiée dans Education & formations rend compte de ces contradictions.

En effet, 27% seulement des jeunes issus d’une famille immigrée entrent en enseignement général contre 40% des non immigrés. Cette situation est vécue difficilement : 62% des lycéens professionnels estiment que leur orientation a été contrainte, un sur trois dénonce un conseil de classe injuste.

Le site du ministère

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"Perception du système éducatif

et projets d’avenir des enfants d’immigrés"

La revue Education et Formations - Jean-Paul Caille - N°74 avril 2007

Sept ans après leur entrée en sixième, les enfants d’immigrés portent sur leur passé scolaire et leur avenir professionnel et universitaire un regard qui, comme pour les autres jeunes, tient pour beaucoup à leur situation scolaire, mais reste néanmoins singulier. Lycéens professionnels ou déjà sortis du système éducatif, ils jugent plus négativement que les autres jeunes la manière dont s’est déroulée leur orientation : celle-ci leur apparaît plus contrainte par des résultats scolaires insuffisants que vraiment voulue et ils expriment plus fréquemment un sentiment d’injustice. Quelle que soit leur situation scolaire, les enfants d’immigrés évaluent de manière plus critique leur dernier établissement scolaire. Ils se distinguent aussi des autres élèves dans leurs projets d’avenir. Ils souhaitent plus souvent entreprendre des études supérieures et envisagent différemment leur futur métier. Filles ou garçons, ils accordent une place plus large aux professions commerciales et administratives et rejettent plus nettement la condition ouvrière.

Lire l’étude

Un extrait

(...) Ce premier résultat peut néanmoins susciter deux objections. La première tient à l’influence du contexte scolaire sur l’orientation des élèves. Les enfants d’immigrés fréquentent plus souvent des collèges au recrutement populaire, où les résultats scolaires sont moins élevés qu’ailleurs. Or, à niveau comparable, les élèves ont tendance à être orientés plus favorablement quand le niveau moyen de l’établissement ou de la classe qu’ils fréquentent est faible [...]. En effet, les propositions d’orientation des conseils de classe ne s’appuient pas sur le seul niveau objectif de l’élève. Elles peuvent être aussi influencées par la manière dont il se situe par rapport à ses pairs. Mais prendre en compte dans l’analyse le secteur et l’appartenance en ZEP de l’établissement ne modifie pas le résultat. Les collégiens sont orientés plus sévèrement quand l’établissement appartient au secteur privé, mais aucun effet significatif n’est associé au fait d’être enfants d’immigré (...)

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1 Message

  • Intéressant de lire cette étude...

    D’autant plus que certains dispositifs valorisant les ENA (Elèves Nouvellement Arrivés) ont été supprimés dans l’indifférence générale. Un exemple ?
    L’école élémentaire Espace Alpha, de Mulhouse, ouverte en 1991/1992, seule école "Education Nationale" spécialisée dans l’accueil et la première scolarisation des ENA de 6 à 16 ans, a été fermée sans tambours ni trompettes en juin 2005 - sans réaction aucune de la ville de Mulhouse, sans doute heureuse de récupérer des locaux ?

    Inutile de dire qu’aucune évaluation du coût de cette structure n’a été réalisée... quant à l’évaluation de l’efficacité pédagogique, un audit de l’ENS Fontenay-St Cloud et des inspections élogieuses des enseignants y travaillant, montrent bien qu’il ne s’agissait pas de cela.

    Mulhouse a donc adopté un dispositif "souple", où les jeunes sont parachutés dans des classes alors qu’ils sont complètement débutants en Français, suivis à 1/2 temps par un enseignant devant lui aussi se partager entre collège et école élémentaire (la flexibilité et la mobilité sont également à la mode en terme d’éducation)...

    Pourtant, la grande majorité des anciens élèves d’Espace Alpha reconnaissait au contraire la qualité de l’accueil et de la prise en compte de leur spécificité : une école de ce type, travaillant de concert avec les collèges et les CIO pouvait "soigner" la procédure d’orientation et proposer un projet de scolarisation et d’orientation assez adapté au projet du jeune et à son profil.

    Un contre-exemple désormais inexistant à cette étude... et une question de société pourtant fondamentale, touchant à ceux qui sont une part non négligeable - et souvent silencieuse - de notre société.

    Bref... il serait intéressant que des chercheurs curieux (ou des journalistes en panne de sujet d’investigation) aillent en Alsace faire une petite étude sur l’avant et l’après.

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