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On reparle de l’implantation de Sciences-Po en Seine-Saint-Denis

14 avril 2007

Extrait de « Agora Vox », le 14.04.07 : Un Sciences Po dans le 9-3 ?

Richard Descoings, le président de Sciences Po Paris, assure vouloir ouvrir un nouvel IEP (Institut d’études politiques) en banlieue, et plus précisément dans un quartier dit "sensible". Pure démagogie ou réelle garantie pour l’égalité des chances ? Rencontre avec deux étudiants de la célèbre institution.

C’est loin des quartiers huppés de la capitale que l’homme à la tête de l’école rue St-Guillaume envisage l’ouverture d’un nouveau Sciences Po, probablement « sur le campus de l’université Villetaneuse (93) », a-t-il confié dernièrement au Monde de l’éducation. Il s’agirait en réalité d’un IEP associé à celui de Paris, le concours restant commun, mais les formations différentes et bien spécifiques. Si le projet voit le jour, Sciences Po Villetaneuse serait le dixième IEP à sortir de terre.
Toutefois, c’est moins la création d’une nouvelle école que le choix de son lieu d’implantation qui suscite la polémique. Et ce n’est pas Lise, étudiante en deuxième année à Sciences Po Paris, qui risque d’affirmer le contraire : « Ouvrir un nouvel IEP dans un zone dite sensible risque de casser son image d’excellence ». Elle va même plus loin en pointant du doigt « le nivellement par le bas et la démagogie au sein de l’école ». Selon elle, le concept de discrimination positive est bon en soi, mais très mal exploité par Richard Descoings.

Pourtant, l’homme n’en est pas à son coup d’essai : en 2001 il avait signé différentes convections qui, en sélectionnant trente-trois établissements situés dans des zones d’éducation prioritaire (ZEP), permettaient à certains lycéens d’intégrer la fameuse institution parisienne. Déjà à l’époque, la réforme avait fait grand bruit, les heureux élus étant dispensés du redouté et sélectif concours d’entrée. Si le bilan aujourd’hui semble avoir donné raison aux instances de Sciences Po - la première promotion ZEP sortie de l’école s’est bien intégrée sur le marché de l’emploi -, la réalité sur le campus est moins flatteuse, le clivage social entre les ZEP et les « autres » reste marqué, selon Julien, étudiant en première année.

Le constat est sévère et il est difficile de voir aujourd’hui quelles sont les véritables intentions de Sciences Po Paris. Permettre à des jeunes défavorisés d’accéder à une école prestigieuse constitue une avancée positive, mais il convient qu’elle ne soit pas utilisée comme un simple gadget médiatique, réalisée au détriment de l’excellence académique... et morale.

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