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Extraits de « VousNousIls », le 30.03.07 : Un millier d’enseignants réclament la fin des arrestations près des écoles
Un millier d’enseignants du primaire ont manifesté vendredi à Paris, parallèlement à une grève, pour réclamer "la fin des arrestations aux abords des écoles" et signifier leur colère au rectorat et aux ministères de l’Education et de l’Intérieur après "l’affaire Rampal".
Le cortège comptait "plus de 2.000 personnes" selon les organisateurs, un millier selon la police.
Une dizaine de parents d’élèves des écoles Rampal-Lassalle "en colère" selon leur banderole, marchaient en tête de la manifestation à l’appel des syndicats du primaire (SNUipp-FSU, SE-Unsa, Sgen-CFDT, Sud-Education, Snudi-FO et CNT), du Réseau éducation sans frontières (RESF) et de la FCPE (parents d’élèves).
La directrice de l’école Rampal, Valérie Boukobza, placée en garde à vue pendant sept heures le 23 mars pour "outrage et dégradation de biens matériels" après avoir protesté contre l’arrestation d’un Chinois sans-papiers venu chercher son petit-fils à la sortie des classes, "a eu une conduite exemplaire", a déclaré une mère d’élève de l’école Rampal. "Nous lui manifestons notre soutien, nous étions là pour défendre la loi, on était du bon côté".
"Les enseignants sous pression, les familles en rétention, Etat policier, on n’en veut pas de cette société-là", scandaient les collègues de Mme Boukobza, dont beaucoup portaient des T-shirts appelant à "entrer en résistance". "Oui à des contrôles de maths, non à des contrôles d’identité à l’école", proclamait une pancarte.
"On n’a jamais vu cela depuis l’Occupation quand les nazis ou les policiers français de Vichy venaient chercher les enfants juifs et leurs parents dans les écoles", s’écrie une directrice d’école quinquagénaire, les larmes aux yeux.
"Ca commence devant les écoles, ensuite la police ira pourchasser des sans-papiers à l’intérieur de nos classes et pourquoi pas dans les hôpitaux... On glisse vers une dictature", renchérit Elise, jeune enseignante au visage grave.
Une délégation des manifestants, partis de Sèvres-Babylone (VIIe) et soutenus par des lycéens de la Fidl et de l’UNL, des étudiants de l’Unef et le 9ème collectif des sans-papiers, a été reçue au ministère de l’Education rue de Grenelle.
"Nous réclamons des garanties pour que dans l’avenir plus aucun collègue inquiété dans l’exercice de ses missions ne se voit opposer (par le rectorat) une fin de non recevoir pour la mise en place de la protection juridique", a expliqué Nicolas Wallet (Snuipp-FSU).
L’abandon des poursuites administratives et judiciaires contre la directrice avait été annoncé jeudi sans remettre en cause la manifestation et la grève, suivie par 17,5 % des enseignants selon le rectorat. Un pourcentage "sous-estimé", selon M. Wallet, qui assure qu’aucun cours n’a été assuré dans 80 des 660 écoles parisiennes.
"Nous demandons au ministre de l’Education qu’il s’engage à intervenir auprès de son collègue de l’Intérieur afin que plus aucune arrestation n’ait lieu aux abords des écoles", a-t-il expliqué.
Dans un communiqué, Mme Boukobza s’est déclarée "convaincue, à la suite de cette épreuve, que l’action éducative de tous les adultes d’une communauté scolaire se prolonge au-delà de l’école".
"Une de nos premières missions est d’aider les élèves à se construire dans le sentiment d’appartenance à un destin commun, fondé sur les valeurs républicaines", a insisté la directrice.
Extrait du site « Yahoo actualités », le 31.03.07 : Un millier d’enseignants réclament la fin des arrestations près des écoles
PARIS (AFP) -
Un millier d’enseignants du primaire ont manifesté vendredi à Paris, parallèlement à une grève, pour réclamer "la fin des arrestations aux abords des écoles" et signifier leur colère au rectorat et aux ministères de l’Education et de l’Intérieur après "l’affaire Rampal".
Le cortège comptait "plus de 2.000 personnes" selon les organisateurs, un millier selon la police.
Une dizaine de parents d’élèves des écoles Rampal-Lassalle "en colère" selon leur banderole, marchaient en tête de la manifestation à l’appel des syndicats du primaire (SNUipp-FSU, SE-Unsa, Sgen-CFDT, Sud-Education, Snudi-FO et CNT), du Réseau éducation sans frontières (RESF) et de la FCPE (parents d’élèves).
La directrice de l’école Rampal, Valérie Boukobza, placée en garde à vue pendant sept heures le 23 mars pour "outrage et dégradation de biens matériels" après avoir protesté contre l’arrestation d’un Chinois sans-papiers venu chercher son petit-fils à la sortie des classes, "a eu une conduite exemplaire", a déclaré une mère d’élève de l’école Rampal. "Nous lui manifestons notre soutien, nous étions là pour défendre la loi, on était du bon côté".
"Les enseignants sous pression, les familles en rétention, Etat policier, on n’en veut pas de cette société-là", scandaient les collègues de Mme Boukobza, dont beaucoup portaient des T-shirts appelant à "entrer en résistance". "Oui à des contrôles de maths, non à des contrôles d’identité à l’école", proclamait une pancarte.
"On n’a jamais vu cela depuis l’Occupation quand les nazis ou les policiers français de Vichy venaient chercher les enfants juifs et leurs parents dans les écoles", s’écrie une directrice d’école quinquagénaire, les larmes aux yeux.
"Ca commence devant les écoles, ensuite la police ira pourchasser des sans-papiers à l’intérieur de nos classes et pourquoi pas dans les hôpitaux... On glisse vers une dictature", renchérit Elise, jeune enseignante au visage grave.
Une délégation des manifestants, partis de Sèvres-Babylone (VIIe) et soutenus par des lycéens de la Fidl et de l’UNL, des étudiants de l’Unef et le 9ème collectif des sans-papiers, a été reçue au ministère de l’Education rue de Grenelle.
"Nous réclamons des garanties pour que dans l’avenir plus aucun collègue inquiété dans l’exercice de ses missions ne se voit opposer (par le rectorat) une fin de non recevoir pour la mise en place de la protection juridique", a expliqué Nicolas Wallet (Snuipp-FSU).
L’abandon des poursuites administratives et judiciaires contre la directrice avait été annoncé jeudi sans remettre en cause la manifestation et la grève, suivie par 17,5 % des enseignants selon le rectorat. Un pourcentage "sous-estimé", selon M. Wallet, qui assure qu’aucun cours n’a été assuré dans 80 des 660 écoles parisiennes.
"Nous demandons au ministre de l’Education qu’il s’engage à intervenir auprès de son collègue de l’Intérieur afin que plus aucune arrestation n’ait lieu aux abords des écoles", a-t-il expliqué.
Dans un communiqué, Mme Boukobza s’est déclarée "convaincue, à la suite de cette épreuve, que l’action éducative de tous les adultes d’une communauté scolaire se prolonge au-delà de l’école".
"Une de nos premières missions est d’aider les élèves à se construire dans le sentiment d’appartenance à un destin commun, fondé sur les valeurs républicaines", a insisté la directrice.
Isabelle Ligner
Extrait du site « Yahoo actualités », le 31.03.07 : La vidéo de la manifestation
Extrait du « Monde », le 31.03.07 : Les instituteurs défendent leur "droit" à s’engager
« Ça aurait pu m’arriver ». Directrice de la maternelle Henri-Wallon à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire), Sylvie Lenoble ne cesse de se faire cette réflexion, depuis l’affaire de la rue Rampal dans le 19e arrondissement de Paris. Syndiquée au SNUipp-FSU (majoritaire dans le premier degré), Mme Lenoble considère qu’elle a mené, en 2006, une action "bien plus coupable" que le fait de s’interposer entre parents et policiers comme l’a fait sa collègue parisienne, lors de l’interpellation aux abords de son école d’un grand-père chinois en situation irrégulière. Valérie Boukobza, placée en garde en vue le 23 mars, ne sera finalement pas poursuivie, a indiqué, jeudi 29, le parquet.
Sylvie Lenoble s’était mobilisée, avec d’autres, contre l’expulsion d’une famille kazakhe : "J’ai accordé des interviews, j’ai manifesté publiquement... bref je suis montée au créneau pour faire régulariser cette famille dont les enfants étaient dans mon école." A la suite de cet engagement, elle a reçu une lettre de son inspecteur de circonscription lui rappelant qu’elle n’avait pas à intervenir en tant que directrice d’école, mais c’est tout. "Révoltée" par l’interpellation de Mme Boukobza, la directrice de la rue Rampal, elle revendique pour les enseignants "le droit d’avoir un engagement émotionnel, affectif"
Démêler des embrouilles
Directeur d’école à Venelles, près d’Aix-en-Provence, Jean-Marc Franco se sent totalement "solidaire" et estime que sa collègue de Paris a fait "son devoir". "Tout directeur d’établissement responsable ne claque pas sa porte à 16 h 30 tapantes sans se préoccuper de ce qui se passe aux abords de son établissement", soutient-il. A l’école des Cabassols, M. Franco reste toujours au moins un bon quart d’heure pour voir comment se "fait" la sortie. "Pourtant c’est très tranquille ici, poursuit-il, mais n’empêche, en étant là on voit des choses, on échange trois mots avec les parents, tous ces moments devant le portail sont très importants."
Aujourd’hui professeur des écoles à la maternelle Eliette-Santoni, à La Garde (Var), Sylvie Truc se souvient être intervenue pour démêler des embrouilles entre élèves ou entre parents d’élèves lorsqu’elle était "instit’" dans une école ZEP de la région. Un peu "décalée" concernant les événements parisiens, elle se sent néanmoins concernée. "Il y a des choses qui ne doivent pas se passer devant des enfants, près d’une école", juge-t-elle.
"Désormais la police peut rentrer et on cherche même à la faire rentrer dans les établissements sous prétexte de lutter par exemple contre la violence scolaire", s’insurge Raphaël Deboeuf, enseignant à l’école élémentaire Paul-Langevin à Goussainville (Val-d’Oise). Militant syndical, il ne cache pas sa colère contre l’attitude du rectorat et, au-delà, du ministre de l’éducation nationale, Gilles de Robien. "C’est incroyable que l’administration ne soutienne pas son personnel, s’exclame-t-il. Le climat entre la Rue de Grenelle et les enseignants n’était déjà pas bon, le silence radio du ministre va encore le détériorer."
Catherine Rollot
Les précédentes informations du Quotidien des ZEP sur les incidents devant l’école Rampal
Lire le communiqué de soutien de l’OZP à la directrice de l’école maternelle