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Cécile Carra (IUFM Lille) : en primaire, pas plus de violences en ZEP qu’ailleurs

31 mars 2007

Extraits de « 20 minutes », le 28.03.07 : « Un vrai malaise chez les enseignants »

Cécile Carra. Enseignante-chercheur à l’IUFM Nord-Pas-de-Calais.

Que ressort-il de votre étude ?

Il existe un vrai malaise chez les enseignants dans la région. Un tiers d’entre eux se disent victimes de violence, en majorité des jeunes femmes. Souvent, ce sont des parents qui interviennent avec excès dans la scolarité de leur enfant. Quand ils réclament des explications sur une mauvaise note, les professeurs le perçoivent comme une remise en cause de leur travail.

Ont-ils avoué être violents de leur côté ?

Oui, 13 % des enseignants déclarent utiliser la violence pour se faire respecter. Il s’agit par exemple de faire sortir un élève de force d’une salle de classe. Ensuite, ils le regrettent.

Comment ces actes sont-ils perçus par les enfants ?

Pour eux, la plus grande violence est celle de la cour de récré avec les autres élèves. Près de 40 % en sont victimes. Ce sont principalement des coups et parfois des insultes.

La violence est-elle plus présente dans les écoles classées en ZEP ?

Non, et pour nous, cela a été une surprise. Il n’y a pas plus de violences dans les établissements dits difficiles.

Quelles solutions préconisez-vous ?

Je crois qu’il faut former les professeurs à gérer les relations avec les parents et à être plus justes avec les élèves.

Fanny Bertrand

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Des précisions

Méthode : L’IUFM a interrogé une centaine de professeurs et plus de 2 000 élèves de 31 écoles primaires de la région sur les violences subies, commises et leurs circonstances.

59% des violences subies par les enseignants proviennent de parents d’élèves

On peut être victime et auteur de violence. L’enquête a consisté à interroger des élèves et des enseignants en leur demandant s’ils avaient été victime de violence mais aussi auteurs de violences. Cette démarche a permis aux chercheurs et enquêteurs de saisir sans les dissocier une perception, un acte et son vécu par les individus.

Côté élèves.

A la question, « Cette année, dans ton école, quelqu’un a-t-il été violent avec toi ? », 41,3 % des élèves répondent oui. A la question, « Cette année, est-ce qu’il t’est arrivé d’être toi-même violent dans ton école ? », un tiers des écoliers répondent affirmativement. Le contenu des actes considérés comme des violences par les élèves auteurs et victimes sont en majorité des coups et des bagarres (environ 50%). Les reste des actes étant des insultes, des menaces ou des bousculades.

Il s’agit en général pour les élèves auteurs de montrer leur supériorité, de régler un désaccord (en particulier sur le déroulement de jeux), de répondre à une agression verbale et de réagir à une règle de vie bafouée (frapper un plus petit). Les élèves se déclarant auteurs de violences sont en majorité de sexe masculin, appartiennent à une famille monoparentale ou recomposée et font partie d’une fratrie de quatre frères et/ou sœurs. Les élèves disant avoir été victimes de violence présentent les mêmes caractéristiques.

Côté enseignants.

Dans le tiers des enseignants qui déclarent avoir subi au moins une violence, il existe une majorité de jeunes enseignantes. 59% de ces violences proviennent de parents d’élèves. Les élèves, amis d’élèves ou supérieurs hiérarchiques sont également les auteurs des violences (41%). Les enseignants qui se disent victimes de violences sont plus nombreux que les autres à déclarer que leur métier est mal considéré.

Ils sont également plus nombreux à avoir une perception négative des élèves. L’enseignement est ce qu’ils disent préférer dans le métier mais ils jugent que le rôle de l’école est de socialiser les enfants. Il y donc une contradiction entre ce qu’ils valorisent dans le métier et ce qu’ils doivent faire dans l’exercice de leur profession.

Fanny Bertrand

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