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PRE (programme de réussite éducative) : reportage dans quatre ZEP du Calvados

30 mars 2007

Extraits de « Fenêtres sur cours », le 28.03.07 : Balade dans les PRE normands

Dans le Calvados, quatre programmes de réussite éducative ont vu le jour. Ces dispositifs, issus du plan de cohésion sociale, sont diversement mis en place d’un lieu à l’autre. Focus sur les actions mises en œuvre dans quatre coins de ce département.

Dans le quartier de Hauteville, au rez-de-chaussée d’un HLM se tient le bureau du Programme de Réussite éducative (PRE) de Lisieux dans le Calvados. Romain Soulbieu, coordonateur du programme, accueille les familles de cette zone urbaine sensible qui pourraient avoir besoin d’aide. Pan du plan de cohésion social du ministère de la ville, ces PRE sont venus s’ajouter aux différents dispositifs des politiques de la ville pour accompagner les familles dans leur rôle éducatif sur le plan social, culturel et sanitaire.

« Sur la ZUS de Lisieux vivent 9 000 des 23 000 habitants de la ville », raconte Anne-Marie Seguin maire-adjoint déléguée à la culture et à l’enseignement. Un constat qui a poussé la mairie à s’engager sur ce projet. Trois autres communes du département ont monté des équipes de réussite éducative sur leur ZUS : Caen, Colombelles et Hérouville-Saint-Clair. Au total plus d’un million d’euros versés par l’Etat à ces nouvelles structures. Une somme conséquente afin de mettre en place des actions qui, sur le Calvados, ont été jusque là principalement consacrées à l’accompagnement scolaire, l’accès à la culture et aux loisirs, l’accompagnement à la parentalité, la prévention santé.

L’action la plus évidente et la plus demandée par les enseignants et par les parents est l’accompagnement scolaire. Les écoles concernées par les PRE sur le département du Calvados ont toutes aujourd’hui des systèmes d’accompagnement mais pas sous les mêmes formes. A Colombelles le financement PRE géré par la Caisse communale d’action sociale (CCAS) a permis de grossir l’offre déjà mise en place par le Contrat local d’accompagnement à la scolarité (CLAS) déjà présent sur le territoire.

A Hérouville-Saint-Clair, le choix a été fait de mettre en place « un accompagnement renforcé » : un soutien à des enfants repérés en difficulté... hors temps scolaire. Les écoles n’ont pas toutes réagi de la même manière à cette proposition. A l’école Pierre
Gringoire, trois enseignants et l’aide-éducatrice ont mis en place ce soutien pour une quinzaine d’enfants depuis novembre.

« Les enfants sont satisfaits, explique Philippe Hannot le directeur, ces aides ont remis d’aplomb certains d’entre eux ». A l’école Malfilâtre, les enseignants ont refusé de participer : « L’aide aux élèves doit se faire au sein de l’école », insiste Céline Dutot directrice de l’école, « on ne peut pas à la fois réduire les budgets de l’Education nationale et retirer des moyens des écoles pour ensuite financer du soutien ». Autre inquiétude des enseignants de cette école, le repérage des enfants et la crainte de stigmatiser des familles.

Si certaines actions mises en oeuvre sont collectives, le PRE prévoit bien des parcours individualisés. Le repérage des enfants concernés se fait le plus souvent par les enseignants qui « incitent » les parents à prendre contact avec le coordonnateur du PRE. La difficulté pour les équipes est de définir les critères... Les cas d’enfants sont alors étudiés par l’équipe pluridisciplinaire de réussite éducative qui propose des actions à mettre en oeuvre. Aucune action ne peut se faire sans l’accord des parents.

Des chartes de confidentialité ont été rédigées pour chaque PRE du département et sur ce thème, Daniel Delaporte, inspecteur de circonscription de Lisieux chargé de mission pour la réussite éducative auprès de l’Inspecteur d’académie se veut rassurant : « Nous avons par ailleurs été attentifs à ce que les personnels qui composent l’équipe de réussite éducative ne siègent pas dans les conseils d’administration. » Les conseils d’administration ou conseils consultatifs des structures (GIP/CCAS/Caisse des écoles) qui conduisent les programmes de réussite éducative se sont réunis en mars et ont pu faire un premier bilan des actions mises en oeuvre.

Au delà des actions d’accompagnement scolaire, des actions plus innovantes ont vu le jour. A Lisieux, les enseignants de l’école Jean Moulin sont partis du constat que les enfants avaient des difficultés à entrer dans les apprentissages et ont proposé des actions autour des moments de passage entre vie familiale et vie de la classe. Pour les transitions du soir, l’accompagnement scolaire s’est imposé naturellement et les financements PRE ont permis d’étendre le dispositif qui existait déjà au cycle 3. Plus novateur, fin août, un séjour à la ferme a été organisé pour une quinzaine d’enfants de l’école afin de préparer en douceur la rentrée. « Ce séjour a été très positif, tant pour les enfants que pour les parents avec qui le contact est aujourd’hui facilité », explique Dominique Gérault, directrice de l’école élémentaire. Pour autant, l’équipe reste un peu déçue de ne pas avoir pu aller au bout de son projet qui était de proposer un accueil le matin.

Au delà des actions proches de l’école, les actions d’accompagnement à la parentalité sont les plus développées. A Colombelles par exemple, l’accompagnement scolaire pour le CP se fait en direction des parents qui accueillis par une animatrice apprennent à accompagner leurs enfants.

On pourrait citer d’autres actions, comme le financement de traitement anti-poux, de la gale... qui posent la question de la complémentarité des dispositifs d’aide dans les quartiers. « Ce dispositif est difficilement lisible du point de vue des écoles et c’est frustrant pour les enseignants », dit Isabelle Cruchet de l’école Victor Hugo de Colombelles. C’est une des priorités que se donne Daniel Delaporte qui se félicite de l’assise solide des PRE du Calvados mais insiste sur la nécessité de poursuivre localement des actions d’information et de formation.

Lydie Buguet

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Les équipes pluridisciplinaires ou le secret partagé

La mise en oeuvre et le suivi technique des parcours individualisés reposent sur le coordonnateur du dispositif et l’équipe pluridisciplinaire de soutien. Les coordonnateurs sont salariés par les structures juridiques qui gèrent le programme de réussite éducative (Groupement d’intérêt public, CCAS, Caisse des écoles), ils accueillent les parents, prennent contact avec les structures qui peuvent faire partie du parcours individualisé d’un enfant, font du lien entre les différents acteurs autour de l’enfant. Dans le Calvados, l’équipe pluridisciplinaire est composée du coordonnateur PRE, du coordonnateur ZEP, et de travailleurs sociaux (CAF, AS, SEMO) et parfois de services de la mairie.

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« Fenêtres sur cours » est le journal du Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et PEGC (SNUipp)

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