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Les suites de la garde à vue dans le REP 16 de Paris

25 mars 2007

Extraits du « Monde » du 25-26.03.07 : Vives réactions après la garde à vue d’une directrice d’école

Le placement en garde à vue pendant six heures, vendredi 23 mars, d’une directrice d’école parisienne, a provoqué de très vives réactions dans le monde politique et syndical. Directement ou par l’intermédiaire de leur porte-parole, les candidats à l’élection présidentielle, Arlette Laguiller, Olivier Besancenot, José Bové, Marie-George Buffet, Dominique Voynet, Ségolène Royal et François Bayrou ont tous protesté. Pour sa part, Nicolas Sarkozy a indiqué : "Il n’y a vraiment pas de quoi faire une polémique".

À l’heure de la sortie des classes, de violentes incidents étaient survenus mardi, aux abords de quatre écoles du quartier de Belleville (19e arrondissement de Paris), entre des policiers ayant interpellé un grand-père chinois sans papier venu chercher ses petits-enfants et des parents d’élèves. Selon les militants du Réseau éducation sans frontières (RESF), les policiers ont fait usage de chiens et de gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants venus s’opposer à l’interpellation.

Valérie Boukobza, directrice de l’école maternelle Rampal, a été convoquée au commissariat avant d’être placée en garde à vue, vendredi matin, pour "outrage" et "dégradation volontaire de bien public en réunion". Deux hommes ont également été placés en garde à vue pour "incitation à l’émeute". Dans l’après-midi, le parquet de Paris a ordonné la remise en liberté des trois adultes.

Selon le parquet, une voiture de police a été endommagée et un policier s’est vu prescrire dix jours d’interruption de travail. Mme Boukobza s’était interposée entre parents et policiers. "Je conteste les faits qui me sont reprochés", a indiqué l’enseignante, très choquée, dans un communiqué publié dans la soirée. Mme Boukobza a accepté le conseil de l’avocat William Bourdon. Selon ce dernier, "les interpellations à la sortie des écoles représentent un franchissement de ligne jaune. Cela ne peut que susciter une indignation citoyenne".

Le ministre de l’intérieur a affirmé que la garde à vue de l’enseignante relevait d’une "décision de justice" prise par un procureur "indépendant". Comme l’exige la procédure, les policiers sont intervenus dans le quartier de Belleville dans le cadre des très nombreuses réquisitions signées par le procureur à la demande des services de police. Ces réquisitions couvrent une certaine zone géographique ainsi que des plages horaires, et visent certaines infractions.

Le parquet de Paris n’a cependant pas caché son agacement, vendredi. La préfecture a renvoyé toute communication sur les événements aux services du procureur. Mais les contrôles d’identité menés à Belleville mardi ne relevaient pas d’une demande précise du parquet.

"Nous dénonçons ces méthodes d’un autre âge pour traquer les sans-papiers : guets aux abords des Restos du coeur ou à la sortie des écoles devant des enfants", s’est indigné Julien Dray, porte-parole de la candidate socialiste, tandis que Jack Lang écrivait à Nicolas Sarkozy pour lui demander de mettre un terme à "cette atteinte aux droits humains qui déshonore notre pays".

Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a adressé un courrier au premier ministre Dominique de Villepin, jugeant "inacceptable d’organiser des formes "d’embuscades" près des établissements scolaires afin d’interpeller des personnes qui viennent y chercher leurs enfants". Pour M. Delanoë, "rien, pas même la période électorale en cours, ne saurait justifier de tels agissements".

Marie-George Buffet a jugé "révoltante cette arrestation", tandis que Dominique Voynet et Olivier Besancenot accusaient directement celui qui est encore jusqu’à lundi ministre de l’intérieur. "C’est à l’un des derniers refuges des valeurs de la République - l’école - que le ministre candidat de l’UMP s’attaque en posant la dernière pierre de son action au sein de ce gouvernement", a notamment critiqué la candidate écologiste.

La FSU, l’UNSA, le Syndicat de la magistrature, le MRAP, SOS-Racisme, Droit au logement et Droits Devant se sont joints à ces protestations.

Le cabinet du ministre de l’intérieur a décidé, en fin de journée, de renouveler ses instructions adressées aux préfets le 14 septembre : un télégramme a appelé "à nouveau tout particulièrement (leur) attention sur le fait que l’exécution des mesures d’éloignement (...) ne doit en aucun cas donner lieu à des interpellations (...) dans l’enceinte ou à proximité immédiate d’un établissement scolaire".

Vendredi soir, les parents d’élèves qui s’étaient réunis devant le commissariat pendant la garde à vue de la directrice, indiquaient ne pas s’en expliquer les motifs. "Pourquoi elle, plus qu’un autre, nous ne comprenons pas, relevait l’un de ses homologues du groupe scolaire Rampal-Lasalle. Elle a protégé les enfants comme nous l’avons tous fait. Et en s’interposant, en tant que directrice, pour calmer le jeu, elle était dans son rôle."
Plusieurs parents, qui souhaitaient déposer plainte au commissariat du 19e arrondissement, ont été renvoyés sur l’Inspection générale des services (IGS). Ils ont appelé, avec les collectifs de soutien aux enfants de sans-papiers, à un rassemblement, lundi 26 mars, devant les locaux de l’IGS.

Yves Bordenave, Nathalie Guibert et Laetitia Van Eeckhout

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« Les enseignants tiennent le pavé » (en marge de l’article du « Monde » cité plus haut)

Ils sont venus dès qu’ils ont appris la nouvelle, vers midi, vendredi 23 mars. Pendant plusieurs heures, ils ont fait le siège du commissariat de la rue Erik-Satie, gardé par une quinzaine de policiers en uniforme. Enseignants, directeurs d’école, étudiants ou simples riverains, ils se sont succédé par roulement, sous le vent et le crachin. Ils étaient une petite centaine, au plus fort de l’après-midi, peu avant la libération de Mme Boukobza, directrice de l’école maternelle Rampal, placée quelques heures en garde à vue. Certains ont répondu à l’appel du Réseau éducation sans frontières (RESF), d’autres ont accouru en apprenant la nouvelle à la radio.
C’est le cas de Blandine, étudiante, ou plutôt "future prof d’espagnol" et forcément "concernée, aussi en tant que citoyenne". Elle n’accepte pas que la police "puisse profiter d’endroits comme les écoles, ou les services publics en général, pour arrêter des gens".
Beaucoup sont venus dénoncer une dérive sécuritaire inquiétante. "Depuis quelques semaines, les contrôles sont beaucoup plus fréquents. Les opérations de police sont quasi quotidiennes à Belleville", affirme Jean-Pierre Fournier, professeur d’histoire-géographie et militant RESF. "Il y a une volonté de faire du chiffre", poursuit-il. Selon lui, "la police va à la pêche dans les endroits où il y a le plus de chances d’arrêter des sans-papiers", c’est-à-dire "entre Ménilmontant et Stalingrad".

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Chronologie (en marge de l’article du « Monde » cité plus haut)

Lundi 19 mars. Arrestation, devant l’école maternelle Rampal (Paris 19ème), d’une mère de famille d’origine asiatique sans-papiers venue chercher sa fille.

Mardi 20. Altercations entre parents et policiers après l’interpellation d’un grand-père chinois en situation irrégulière, à proximité du groupe scolaire Rampal, à proximité du groupe scolaire Rampal - Lasalle au moment de la sortie des écoles.

Vendredi 23. Convocation, puis placement en garde à vue pendant sept heures de la directrice de l’école maternelle Rampal au commissariat du 19ème arrondissement.

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Extrait de « Yahoo actualités », le 24.03.07 : Institutrice en garde à vue : il n’y a "pas de quoi en faire une polémique", selon Nicolas Sarkozy

Schoelcher, Martinique (AP) -

Nicolas Sarkozy a déclaré vendredi qu’il n’y avait "vraiment pas de quoi faire une polémique" avec l’affaire de l’institutrice placée en garde à vue à Paris.

"Cette mise en garde à vue, c’est une décision judiciaire, un procureur de la République indépendant l’a demandée à la police à la suite de violences faites à un policier, et absolument pas en fonction de la situation d’une famille immigrée", a déclaré le ministre de l’Intérieur et candidat UMP en marge de son déplacement en Martinique.

"Si le ministre de l’Intérieur s’opposait à cette décision, vous seriez les premiers à me dire que la justice est indépendante. C’est extraordinaire, à chaque fois que ça ne plaît pas à la gauche, pour Battisti, pour la décision de ce procureur, il faudrait que je m’oppose à l’exécution d’une décision de justice. Je n’ai pas à m’opposer à l’exécution d’une décision de justice", a poursuivi M. Sarkozy.

Il a précisé que la mise en garde à vue de l’enseignante n’avait "rien à voir avec la situation de cette famille en situation irrégulière, mais de violences qui se sont produites à l’endroit d’un fonctionnaire". AP

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Extrait de « Yahoo actualités », le 24.03.07 : Sans papiers : le contrôle de police ne visait pas l’école, selon le parquet

Paris (AFP) - Le parquet de Paris a indiqué samedi qu’en l’état actuel de l’enquête, rien ne permet d’affirmer que le contrôle de police à l’origine d’incidents mardi lors de l’interpellation d’un parent d’élève sans papiers visait la sortie de l’école maternelle de la rue Rampal.

Il a également souligné que le placement en garde à vue de la directrice de l’école vendredi était "conforme à la loi", "nécessaire à son audition et des confrontations" et "lui permettait de bénéficier de droits", comme le fait de contacter un avocat.

De violents incidents ont opposé mardi des parents d’élèves aux forces de l’ordre après l’interpellation, dans un débit de boissons de la rue Rampal (19ème arrondissement) voisin d’une école, d’un grand-père chinois en situation irrégulière qui venait chercher ses deux petits-enfants.

"En l’état actuel de l’enquête, rien n’indique que la police se soit rendue dans un débit de boissons parce qu’elle pensait y trouver des personnes en situation irrégulière qui attendaient la sortie d’enfants d’une école", a expliqué le procureur adjoint à l’AFP.

L’affaire a provoqué des réactions indignées dans le monde éducatif et à gauche.

Le maire socialiste de Paris, Bertrand Delanoë, a notamment écrit au Premier ministre, Dominique de Villepin, qu’il jugeait "inacceptable d’organiser des formes +d’embuscades+ près des établissements scolaires".

"Les policiers ont agi dans le cadre de réquisitions du parquet de Paris sur les étrangers (en situation irrégulière, ndlr) et le port d’armes prohibées qui prévoyaient des contrôles d’identité mardi entre 16 H 30 et 18 H 30 dans le secteur des Buttes-Chaumont", a précisé le procureur adjoint en soulignant "la recrudescence de violence avec arme dans certains quartiers de Paris".

"Une demi-douzaine de fonctionnaires ont procédé dans ce cadre à 17H10 à un contrôle d’identité dans un débit de boissons, rue Rampal. Parmi les gens contrôlés figurait un Chinois sans titre de séjour et sous le coup d’un arrêté lui demandant de quitter le territoire", a-t-il ajouté.

Selon le procureur adjoint, les policiers ont appris que l’homme attendait la sortie d’école de ses petits-enfants à 18 h et l’ont autorisé à passer un coup de téléphone pour qu’on vienne les chercher, avant de l’interpeller.

Les incidents ont éclaté lorsque des personnes se sont opposées à l’interpellation en se plaçant, pour certains, devant la voiture de police où le sans-papiers se trouvait.

"Lors de la bousculade, des coups ont été portés sur le véhicule. Le pare-choc est tombé, une poignée de porte a été arrachée et la carrosserie défoncée", a précisé le parquet.

Plus tard, après l’arrivée de renforts de police, des fonctionnaires disent avoir reçu des objets lancés d’immeubles voisins. L’un d’eux a reçu au visage un liquide bleuté qui l’a brûlé, a-t-on précisé de même source en ajoutant qu’un fonctionnaire de police avait, de son côté, fait usage de lacrymogène en direction d’un groupe.

Des policiers ont affirmé que la directrice d’école avait participé à la manifestation, eu une attitude insultante envers des policiers et tapé sur le véhicule endommagé. Cette dernière a confirmé sa présence sur les lieux mais contesté toute violence.

La directrice avait été remise en liberté sur ordre du parquet vendredi après près de sept heures de garde à vue.

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Extrait du site "Daily motion", le 25.03.07 : Une vidéo des incidents

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Extraits du site « VousNousIls », le 25.03.07 : Directrice d’école en garde à vue : "acte inqualifiable" (Schivardi)

Gérard Schivardi, candidat à la présidentielle soutenu par le Parti des travailleurs (PT), a interpellé Nicolas Sarkozy et estimé que le placement en garde à vue d’une directrice d’école parisienne était un acte "inqualifiable", samedi lors d’un meeting à Montpellier.

"M. Sarkozy, je vous regarde droit dans les yeux : vous avez commis un acte inqualifiable, c’est au bord de la dictature", a déclaré M. Schivardi, après avoir indiqué qu’il apportait son "soutien" à l’institutrice interpellée.
"Je suis sûr que la famille de Sarkozy quand elle est venue en France n’avait pas non plus de vrais papiers et je n’ose penser qu’on joue avec la vie d’un enfant pour gagner des voix de l’extrême droite", a-t-il ajouté devant quelque 200 personnes.

La directrice d’une école maternelle du XIXème arrondissement de Paris a été placée vendredi durant près de sept heures en garde à vue après des incidents survenus mardi lors de l’interpellation d’un étranger sans papiers qui était venu chercher son petit-fils à la sortie de l’école.

M. Schivardi a par ailleurs réaffirmé qu’il n’avait "jamais prétendu parler au nom des 36.000 maires de France" en réponse à l’Association des maires de France (AMF).

"Je n’ai jamais prétendu et je ne prétendrai jamais parler au nom des 36.000 maires de France et encore moins de l’AMF et ce depuis l’origine de ma candidature", a-t-il de nouveau insisté.

L’association des maires de France lui avait demandé jeudi de supprimer toute référence à l’expression "candidat des maires", se réservant le droit "d’intenter toute action utile pour mettre un terme à cette situation".

"Ma candidature est collective et indépendante. Elle a pour mandat la défense des 36.000 communes, celle des services publics et de la reconquête de la démocratie politique et sociale", a encore indiqué le candidat, maire de Mailhac (Aude).

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Extraits du site « VousNousIls », le 25.03.07 : Sans papiers : des directeurs d’école sollicitent le soutien du recteur

Une vingtaine de directeurs d’écoles maternelles de Paris ont écrit au recteur d’académie pour lui demander de s’exprimer sur "les violences inacceptables" survenues cette semaine lors de l’interpellation d’un parent d’élève sans papiers rue Rampal (XIXe arrondissement).

"Nous nous tournons vers vous pour que vous vous exprimiez sur ces méthodes d’une autre époque", écrivent les directeurs d’école, selon une copie de leur lettre datée de vendredi et transmise samedi à l’AFP.

"Conscients que s’impose à nous un devoir de réserve en cette période électorale, nous ne pouvons néanmoins rester silencieux devant de tels procédés. Rester neutres face à l’intolérable est pour nous impossible", ajoute la lettre, signée des directeurs de la circonscription de la Goutte d’Or (XVIIIe arrondissement).

"Le procédé de rafle est en lui-même odieux et aujourd’hui doublement insupportable quand il y mêle l’institution que nous représentons", poursuivent les directeurs.
Ils appellent aussi l’ensemble des directeurs parisiens à "exprimer publiquement leur soutien aux enseignants, aux parents et aux élèves touchés par cette violence".

De violents incidents ont opposé mardi des parents d’élèves aux forces de l’ordre après l’interpellation, dans un débit de boissons de la rue Rampal voisin d’une école, d’un grand-père chinois en situation irrégulière qui venait chercher ses deux petits-enfants.

A la suite de cette affaire la directrice de l’école maternelle soupçonnée d’outrage et dégradations a été placée en garde à vue pendant près de sept heures vendredi.

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Contacts

 Comité de soutien Lasalle-Rampal

Maria Clark, 06 18 01 07 63

Thérèse Coriou, 06 82 18 39 14

Dominique Perez, 06 84 52 00 41

 RESF Paris

Brigitte Wieser 06 88 89 09 29

Anthony Jahn 06 61 98 45 18

Le site du réseau éducation sans frontière RESF

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Les précédents articles du Quotidien des ZEP sur les incidents devant l’école de la rue Rampal

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