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Présidentielle. L’exclusion sociale dans les programmes des candidats

15 mars 2007

Extraits de « La Tribune », le 14.03.07 : Les associations demandent aux candidats de s’engager davantage sur la lutte contre la pauvreté

Le quotidien La Croix a publié ce mardi les réponses de huit candidats à l’élection présidentielle à une "demande d’engagement solennel public" pour "éradiquer la pauvreté" adressé par le collectif d’associations Alerte. Si celui-ci se félicite de voir prise en compte la question du logement, il se dit "globalement déçu" par les réponses.

La question était : "Eradiquer la pauvreté sera-t-il un objectif de votre quinquennat ?" Les réponses de huit candidats à l’élection présidentielle sont publiées dans La Croix de ce mardi. Leurs propositions sont diverses, que ce soit la création d’"internats de réussite éducative" pour les enfants défavorisés (Nicolas Sarkozy), la création d’une "allocation d’autonomie et d’entrée dans la vie active" pour les jeunes sans ressources (Ségolène Royal), ou encore "une activité universelle pour offrir aux allocataires de minima sociaux une rémunération complémentaire (François Bayrou).

"Tous les candidats expriment l’idée que la lutte contre la pauvreté sera une priorité ou un objectif central de leur quinquennat", souligne Alerte, collectif regroupant trente-sept fédérations et associations (des Restos du Coeur à Emmaüs France, en passant par le Secours catholique et la Ligue des droits de l’homme), qui leur a adressé cette "demande d’engagement solennel public". Les mesures concernant l’emploi et le logement sont mises en avant par tous les candidats pour enrayer la pauvreté.

A la grande satisfaction d’Alerte, ils accordent une place de choix au thème du logement. L’installation par l’association Les Enfants de Don Quichotte d’un campement de sans-abri en plein Paris à la mi-décembre, puis le vote de la loi sur le droit au logement opposable en février ont en effet obligé les candidats à prendre et en compte la crise du logement dans leurs discours.

Mais, malgré ces "points positifs", le collectif se dit "globalement déçu par les réponses des candidats", qui "ne sont pas à la hauteur du problème de la persistance et de l’ampleur de l’exclusion et de la crise de la cohésion sociale". En particulier, "il manque une analyse globale de la pauvreté et de l’exclusion et de leurs causes", estime Alerte. Jugeant que, sur la question de la lutte contre la pauvreté, "il reste du chemin à parcourir", les associations d’aide aux démunis demandent aux prétendants à l’Elysée de les recevoir. Pour les aider à avancer.

Catherine Delgado

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Extraits du « Nouvel Obs », le 12.02.07 : Présidentielle : les candidats font des propositions contre l’exclusion

Interrogés par le quotidien "La Croix" à paraître mardi, huit candidats à la présidentielle répondent à l’interpellation du collectif "Alerte" sur la question de l’exclusion, et renouvellent leurs propositions diverses sur ce thème.

Nicolas Sarkozy (UMP) propose à nouveau, en matière d’éducation, de créer des "internats de réussite éducative pour les enfants défavorisés". Il souhaite aussi "que la lutte contre la pauvreté, en particulier celle des enfants, soit une priorité du prochain quinquennat". Il évoque aussi la "création d’un revenu de solidarité active au profit de ceux qui reprennent un emploi" et la mise en place du droit au logement opposable, récemment voté par le Parlement.

Ségolène Royal (PS) insiste pour sa part sur les problèmes de logement des plus démunis et propose à nouveau d’"augmenter les allocations logement de manière à limiter à 25% le montant des dépenses de logement pour les ménages modestes" et de "construire 120.000 logements sociaux par an". Par ailleurs, elle confirme que "pour encourager la reprise du travail", elle créera "un revenu de solidarité active qui garantira les prestations et assurera que quelqu’un qui retrouve un travail ne puisse plus voir ses revenus baisser".

François Bayrou (UDF) rappelle sa proposition de mettre en place "une activité universelle", en donnant "la possibilité à tous les bénéficiaires de minima sociaux qui le souhaitent de mettre leurs compétences au service d’une association ou d’une collectivité locale, en échange d’une rémunération supplémentaire".

"Notre obsession doit être d’aider les exclus à retrouver leurs repères, en particulier par l’activité et l’emploi", souligne-t-il, en se disant aussi "favorable à un droit au logement opposable effectif, ce qui signifie la construction de 20.000 logements très sociaux par an".

Marie-George Buffet (PCF) rappelle son souhait d’"interdire les saisies et les expulsions", réclamant "un plan d’urgence pour le logement des sans-abri, usant du droit à la réquisition et favorisant la création de maisons d’accueil", "le relèvement systématique des revenus des plus démunis pour qu’aucun foyer ne vive dans notre pays en dessous du seuil de pauvreté".

Jean-Marie Le Pen (FN) veut toujours "rétablir la préférence nationale, fondement de la solidarité nationale", " arrêter l’immigration qui remet en cause notre système de sécurité sociale, mener une grande politique familiale permettant notamment aux familles françaises de se loger décemment".
Philippe de Villiers (MPF) souhaite quant à lui "aider les bénéficiaires du RMI" en leur permettant de participer à des "travaux utiles à la collectivité", en instaurant un "contrat social en entreprise" leur permettant de passer des heures en entreprise.

Dominique Voynet (Verts) propose "un pacte national de lutte contre la pauvreté de cinq ans, fondé sur des objectifs discutés avec les différents acteurs du terrain". "Pour garantir l’égalité des droits entre citoyens, je veux renforcer les sanctions face à toutes les discriminations, régulariser les sans-papiers, donner le droit de vote et d’éligibilité aux résidents étrangers non ressortissants de l’Union européenne", souligne-t-elle également.

Enfin, José Bové veut "éradiquer le chômage et la précarité". "L’ensemble des sans-papiers seront régularisés, et tous les étrangers auront accès aux programmes de lutte contre la pauvreté", affirme-t-il, en annonçant aussi que s’il est élu, "le smic et les minima sociaux seront augmentés de 300 euros" et "les minima sociaux deviendront des droits individuels".

AP

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Extraits de « L’Humanité », le 16.03.07 : Comment vaincre la pauvreté et l’exclusion ?

Le collectif d’associations Alerte a interpellé les candidats. Tour d’horizon de leurs propositions.
Rappel des faits Grâce au succès médiatique des Enfants de Don Quichotte, les thèmes de la pauvreté et de l’exclusion ont réapparu dans le débat public. Pressé par l’opinion publique, le gouvernement a sorti des placards une loi sur le droit au logement opposable. Nécessaire. Mais insuffisante à masquer l’ampleur d’un phénomène en pleine recrudescence qui touche aussi bien aux questions du mal-logement que de l’emploi précaire ou de l’accès à la santé. Aujourd’hui, la France compte sept millions de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Comme en 1995 et en 2002, le réseau Alerte,en partenariat avec la Croix, a interpellé les candidats à la présidentielle sur ce thème.

1. Un phénomène qui repart à la hausse

C’est un fait : pendant trente ans, l’exclusion et la pauvreté ont lentement reculé en France. De 12 %, en 1970, la population vivant sous le seuil de pauvreté est passée à environ 6 % au tournant des années deuxmille. Mais cette tendance générale ne doit pas faire illusion. Plus que résorbée, la pauvreté a, en fait, changé de visage. Alors que celle des personnes âgées a diminué de 85 % au cours des trois dernières décennies, celle des actifs, confrontés à la montée du chômage, de la précarité et du coût exorbitant du logement, a progressé de 38 % dans le même laps de temps.

Depuis quelques années, une nouvelle catégorie de « travailleurs pauvres » (intérimaires, CDD, saisonniers), dont une majorité de femmes, a fait son apparition. Désormais, les chiffres de la pauvreté et de l’exclusion ne reculent plus. Ils stagnent. Selon les critères européens, près de 7 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté en France (moins de 60 % du revenu médian) ! Parmi elles, on compte un million d’enfants et un quart de familles monoparentales.

2. La question centrale de l’emploi

Paradoxalement, Nicolas Sarkozy, apôtre autoproclamé de la « valeur travail », est l’un des moins diserts. Le candidat UMP aborde le sujet de l’emploi sous l’angle quasi unique de l’éducation : création d’« internats de réussite éducative » dans chaque ville et division par deux du nombre d’élèves dans les ZEP. Quoi d’autre ? Rien de précis. Si ce n’est son vague appel au « plein-emploi pour chacun » - en « travaillant plus » - et l’engagement de mettre en place la réforme proposée par Emmaüs France d’un « revenu de solidarité active » au profit de ceux qui reprennent un emploi.

Pas beaucoup plus d’idées du côté de François Bayrou. Le candidat centriste se contente de prôner la mise en place d’une « activité universelle ». À savoir, la possibilité pour les bénéficiaires des minima sociaux de travailler pour une association ou une collectivité locale en échange d’une « rémunération complémentaire ».

Ségolène Royal, elle, appelle à une mobilisation du pays contre la pauvreté, avec la création pour les jeunes sans ressources d’une « allocation d’autonomie et d’entrée dans la vie active », assortie d’une formation et d’une recherche active d’emploi obligatoires. La candidate du PS entend relever les petites retraites de 5 % et faire en sorte, avec la création d’un « revenu de solidarité active », que ceux qui retrouvent un emploi ne voient pas leurs ressources baisser.

Dans le camp antilibéral, enfin, l’emploi et les salaires restent au coeur des propositions. José Bové veut augmenter de 300 euros RMI et SMIC. De même, Marie-George Buffet souhaite un relèvement systématique des revenus des plus démunis « afin qu’aucun foyer ne vive en dessous du seuil de pauvreté ». La candidate de la gauche populaire et antilibérale annonce, entre autres, un plan national de protection des enfants dans des situations de pauvreté et le développement des services publics dans tous les quartiers. Pour elle, la société doit, au-delà, « et trouver le pouvoir de répartir et d’orienter autrement les richesses » produites.

3. Et le logement ?

Ce fut la grande affaire de ce début d’année. Le succès des Enfants de Don Quichotte a poussé le gouvernement à inscrire dans la loi le droit au logement opposable. Reste
à en faire une réalité. Tous les candidats en conviennent.

Nicolas Sarkozy, maire d’une ville - Neuilly - célèbre pour son absence de logements sociaux, assure qu’il le fera « concrètement ». Point. François Bayrou, lui, prône la construction de 20 000 logements « très sociaux » par an. Quant à Ségolène Royal, elle souhaite mettre d’urgence « un terme au scandale du mal-logement », avec des centres d’hébergement d’urgence, mais à plus long terme augmenter les allocations au logement et en cons- truire 120 000 par an.

Plus volontariste, Marie-George Buffet appelle à « un plan d’urgence pour le logement des sans-abri, usant du droit à la réquisition et favorisant la création de maisons d’accueil ; l’interdiction des saisies, des expulsions, des coupures d’eau, de gaz, d’électricité ; la résorption de l’habitat insalubre ; la mise hors la loi des marchands de sommeil ». Voilà pour parer au plus pressé. Sur le plus long terme, c’est, comme le propose aussi José Bové, l’application stricte de la loi SRU et la construction de centaines de milliers de logements sociaux.

Laurent Mouloud

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