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Présidentielle. André Gérin (PCF) publie un livre sur les banlieues préfacé par Eric Raoult (UMP)

9 mars 2007

Extraits de « L’Humanité », le 08.02.07 : Les ghettos de la République

Parution . André Gérin, député et maire communiste de Vénissieux, s’alarme dans son nouveau livre (1) de l’abandon par l’État des quartiers populaires. Un abandon qui signe l’échec d’un certain modèle français.

André Gérin est un homme en colère. Inquiet et pourtant résolu à lutter. Le député et maire communiste de Vénissieux a vécu (il était adjoint au maire Marcel Houël à l’époque) les premières émeutes urbaines. C’était aux Minguettes, le 16 juillet 1981. Plus d’un quart de siècle et rien n’a changé. Au contraire, la fracture du lien social est telle, la violence qui domine est telle qu’elles portent des « germes de guerre civile ». André Gérin explique ça dans un livre au titre sans ambiguïté les Ghettos de la République (1).

Il le dit clairement : « C’est un appel aux habitants, à la résistance républicaine, au courage civique, au réveil démocratique. » Car le problème n’est pas celui des banlieues, c’est celui de la République, de la France : « Les quartiers populaires sont la partie visible de l’iceberg d’une société à la dérive. » Le système politique ne fonctionne plus et si le système gauche droite n’est pas effacé, « le moteur est à repenser ». Pendant ce temps, les voitures brûlent : 2 800 à Vénissieux en douze ans, 400 en 2006 ! « Chaque jour, chaque nuit une voiture brûle à Vénissieux. » Aujourd’hui, écrit-il, « je suis encore plus inquiet car tout cela devient banal, presque normal. Plus des voitures brûlent et moins les citoyens nous interpellent. »

André Gérin rappelle au début du livre son parcours syndical et politique jusqu’au jour où l’ouvrier de Berliet est désigné comme maire à la suite du décès brutal de Marcel Houël. Il apprend sur le tas que la question civique est fondamentale, que chacun a des droits et des devoirs. Il découvre la force de l’islamisme radical (deux des sept Français emprisonnés à Guantanamo sont de Vénissieux) et en tire la leçon que « nous avons été pris au piège de notre volonté de nous appuyer sur les grands frères pour lutter notamment contre la toxicomanie. » Ce qui l’inquiète à présent : « Tout ce qui est républicain est contesté et un sentiment antiFrance se développe. » Ses analyses heurtent son parti, le PCF, sur la question des banlieues. Il revendique le droit d’appeler les choses par leur nom même si elles ne sont pas politiquement correctes. « On ne peut pas faire de lien social sans sécurité et on ne peut pas obtenir la sécurité si les gens n’ont pas les moyens de vivre. »

André Gérin fait en conclusion 13 propositions pour en finir avec les ghettos et la misère. Son livre, écrit-il, « est un cri d’alarme ». C’est aussi « un appel au courage civique et à la résistance républicaine ». « Nous ne nous en sortirons que si quelque chose de fort se produit et que sonne un réveil civique porté par un mouvement populaire massif. » Pessimiste, le député et maire de Vénissieux, oui, mais il se tourne résolument vers la grande majorité des habitants de la commune, qui subissent toutes les injustices et il exige que l’État prenne ses responsabilités, jusqu’à rompre avec les politiques d’accompagnement. « Il faut une stratégie économique, créer de la richesse » dans les banlieues. D’accord « à 90 % sur le constat de Nicolas Sarkozy », il dénonce par contre sa « tendance à criminaliser les quartiers populaires ».

Éric Raoult, maire UMP du Raincy et député (de la 12e circonscription de Seine-Saint-Denis dont fait partie Clichy-sous-Bois) rend hommage dans la préface à « un ouvrage humaniste, sans cliché, sans banalité, sans angélisme, écrit en toute sincérité ». Qui, sûrement, fera rebondir le débat.

(1) Les Ghettos de la République, d’André Gérin, préface d’Éric Raoult. Éditions Les Quatre chemins, 150 pages, 14 euros.

J. M.

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