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Des observations de l’IG sur les ZEP dans l’académie de Strasbourg

13 janvier 2007

Extraits du site du ministère de l’Education nationale, le 13.01.07 : Évaluation de l’enseignement dans l’académie de Strasbourg

Rapport IGEN

Rapport conjoint IGEN-IGAENR

Région riche et complexe, l’Alsace revendique sa forte identité, celle d’un territoire "au c¿ur de l’Europe" présentant des caractéristiques socio-économiques et culturelles absolument spécifiques, mais "en mouvement". Particulièrement touchée par le décrochage de la situation économique après les « soixante glorieuses », son appareil d’éducation et de formation peine à trouver un nouveau souffle.

Le rapport met l’accent sur l’écart entre le discours et le réel, souligne l’état des esprits, entre références à la tradition et dispositions au changement. Autant que les performances du "modèle éducatif alsacien", il analyse à quelles conditions les acteurs peuvent être mobilisés, ou se mobiliser, pour modifier leurs visées et leurs pratiques afin de mieux prendre en compte les obligations nées de la nouvelle donne économique et sociale.
Le rapport insiste sur la question de l’égalité des chances, pour laquelle il apparaît clairement que tout l’appareil de formation en Alsace est soumis à l’obligation de réussite. Dans cette partie de l’Europe où tant d’idées nouvelles ont pris naissance, le parti de l’audace devrait pouvoir être pris sur la question de l’École. L’Alsace dispose de valeurs suffisamment partagées et de solides atouts pour s’engager dans la modernité et dégager un consensus exigeant autour des questions d’éducation.

"Évaluation de l’enseignement dans l’académie de Strasbourg"

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Quatre extraits

(...) Les enseignements prioritaires en collège : des résultats décevants

Les ZEP-REP en Alsace sont beaucoup moins importantes que dans le reste de la France. Seuls 7,7 % des élèves de premier cycle du second degré sont concernés contre 14,2 % au niveau national ; 9,3 % des établissements (soit 19 collèges) sont dans ce dispositif pour 16,3 % en moyenne nationale. Six de ces 19 collèges ont été classés fin 2005 parmi les deux cents collèges nationaux « ambition réussite », et aucune des 17 zones n’a été classée « EP3 » : ceci indique des situations particulières difficiles en Alsace, et plutôt plus qu’ailleurs.

Comme dans certaines autres académies, les secteurs concernés cumulent souvent une forte proportion d’immigrés et un taux de chômage élevé. Les agglomérations de Strasbourg, et surtout de Mulhouse, présentent les chiffres les plus élevés, avec respectivement 14,5% et 15% d’immigrés, deux fois plus touchés par le chômage que les alsaciens sur Strasbourg.

Avec un poids de l’immigration supérieur à la moyenne nationale, et un taux de populations défavorisées plus élevé, l’Alsace concentre dans un nombre plus réduit de structures d’éducation prioritaire un public aux difficultés plus marquées.

Les retards scolaires d’un an au moins en 6ème y sont légèrement plus nombreux, l’écart étant en Alsace de 2,2 points par rapport aux élèves « hors ZEP », pour 1,8 au niveau national.

En revanche, les retards de deux ans au moins y sont nettement plus importants, avec en 2004-2005 un écart de 6,3 points contre 3,5 au niveau national : la proportion d’élèves en grande difficulté est plus lourde dans l’éducation prioritaire alsacienne. Ce phénomène est particulièrement fort dans le Bas-Rhin, où en 2004-2005 on comptait 9,5% d’élèves en retard de 2 ans ou plus, contre seulement 6,5% dans le Haut-Rhin.

Cette différence marquée entre les deux départements mérite une attention particulière.

Dans le Bas-Rhin, les élèves à retard scolaire important semblent plus concentrés dans les établissements de l’éducation prioritaire, alors qu’ils sont plus largement répartis dans le Haut-Rhin : de ce fait, bien que les indicateurs soient plus défavorables dans le Haut-Rhin, les difficultés y sont moins marquées dans l’éducation prioritaire.

Si l’on observe maintenant les retards scolaires de 2 ans au moins en 3ème, l’écart constaté en Alsace entre enseignement prioritaire (EP) et hors enseignement prioritaire (HEP) est de 9,1 points contre 4,9 au niveau national. Autrement dit, les élèves en enseignement prioritaire en Alsace ont un cursus en collège beaucoup plus ralenti qu’ailleurs. Les évolutions de 2002- 2003 à 2004-2005 ne sont pas favorables : si les retards à l’entrée en 6ème ont tendance à diminuer, montrant les effets positifs des efforts accomplis à l’école élémentaire, ils s’accroissent au contraire très sensiblement en 3ème.

Pour ce qui concerne les résultats au brevet, l’écart EP/HEP au niveau national est de 11,6 points, il est de 13,9 en Alsace, avec sur 3 ans une tendance à s’aggraver.

Si l’on observe l’accès à la seconde générale et technologique, on constate au niveau national un taux hors enseignement prioritaire (HEP) de 61% à 62% et, pour l’enseignement prioritaire (EP) constamment de 49%, soit un écart d’accès de 11 à 12 points sur la période 2003-2005 ; l’écart en Alsace est de 13 à 15 points sur la même période (accès HEP à 57%, l’accès EP de 42 à 44%). Les élèves de ZEP accèdent donc, en Alsace, nettement moins qu’ailleurs en seconde GT.

L’ensemble des éléments (accès en seconde GT, redoublement, résultats au brevet) conduit à considérer que les dispositifs d’enseignement prioritaire dans les collèges d’Alsace produisent des résultats moindres qu’au niveau national : il s’agit de résultats décevants, même si les élèves semblent, à l’origine, plutôt davantage en difficulté dans les ZEP alsaciennes (...)

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(...) Il faut souligner, cependant, que l’académie consacre à ses collèges en ZEP, dès avant la mise en place des collèges « ambition réussite », plus de moyens que ne le font les autres académies. Le E/D (nombre d’élèves par division) y est de 21,17 ; il a tendance à s’améliorer en 2005 (il était de 21,58 en 2004) ; il est en tous cas meilleur que la moyenne nationale, estimée en 22,23 ; il représente un réel effort, de près de 4 points, par rapport aux collèges hors ZEP de l’académie dont le E/D est de 25,16. Et cet effort structurel s’accompagne des moyens horaires correspondants : le H/E des collèges en ZEP est supérieur de 0,25 à celui des autres collèges.

Pourtant, les performances des collèges alsaciens de ZEP sont, nous l’avons vu, décevantes : sensiblement inférieures à celles des autres collèges de ZEP au niveau national. La proportion plus importante d’élèves de milieux défavorisés et d’élèves en difficulté scolaire a certainement un effet sur les résultats. Mais il ne semble pas que l’académie se soit posée la question de la performance de ces collèges de ZEP et de son analyse au regard des moyens mis en oeuvre. Au delà du problème de moyens, et des caractéristiques de la population d’élèves, il serait utile d’examiner, par exemple, les pratiques pédagogiques engagées, le profil de compétence, la formation et l’accompagnement pédagogique des personnels enseignants (...).

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Une situation préoccupante des élèves les plus faibles

Le problème in fine est que les résultats de ces efforts importants ne sont pas toujours observables dans les évaluations, à court ou moyen terme. En français, deux domaines, ceux de la compréhension et de la production d’un texte, sont particulièrement pénalisés. La proportion d’élèves ayant réussi moins de 40 % des items aux évaluations 6ème à la rentrée 2005 dépasse désormais la moyenne nationale (21,55% contre 15,4%) alors qu’elle ne s’en démarquait pas les années précédentes. En réaction, l’académie s’est donnée comme priorité de « réduire la proportion d’élèves ne maîtrisant pas les compétences de base en français ».

Dans l’éducation prioritaire, les élèves d’Alsace obtiennent des scores inférieurs à ceux obtenus en moyenne à l’échelon national. L’Alsace compte une moindre proportion d’élèves en ZEP que d’autres académies, mais ces ZEP semblent concentrer davantage de difficultés. C’est ainsi que lorsqu’il a fallu classer les collèges en ZEP pour lancer l’opération « ambition réussite », tous sont ressortis en EP1 ou EP2, aucun en EP3. Un certain nombre de données corroborent cette difficulté particulièrement marquée dans les ZEP. Si l’on s’attache aux performances des élèves à mi-parcours de leur scolarité dans le premier degré, lors des évaluations CE2 de septembre 2004, on observe, dans les deux départements, des scores inférieurs aux scores nationaux de l’éducation prioritaire.

Le Bas- Rhin qui a effectué une comparaison supplémentaire avec les scores obtenus hors ZEP montre que la distance peut excéder les 10 points. Ainsi le score de français calculé sur 100 est de 58,9 dans le Bas-Rhin (contre 72,7 hors ZEPREP) et de 60 dans le Haut-Rhin comparé au 64,5 obtenu à l’échelon national en éducation prioritaire. En mathématiques, les scores sont de 57,9 dans le Bas-Rhin (69,7 hors ZEP-REP) et 55,6 dans le Haut-Rhin contre 59,6 à l’échelon national en éducation prioritaire.

Le Bas-Rhin a poursuivi son analyse des résultats en s’intéressant aux élèves les plus en difficulté, ceux qui sont situés dans la tranche inférieure des scores (moins de 40% des items réussis), dans le domaine de l’éducation prioritaire : ils étaient 15,4% en français et 14,9% en mathématiques. Incontestablement, et tout particulièrement en ZEP, une proportion initiale plus importante qu’ailleurs d’élèves en difficulté alourdit les scores.

Devant ces résultats, l’inspecteur d’académie du Bas-Rhin a lancé une politique soutenue, très relayée par les IEN, dans le domaine de la maîtrise de la langue, en relation avec l’IUFM de Strasbourg et l’université Paris V ; il a mis en place des évaluations au CP et au CE1 à titre expérimental et s’est donné comme objectif de faire passer les taux de retard à l’entrée en sixième au-dessous de 15%.

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Un faible taux de scolarisation des moins de trois ans, qui peut avoir des conséquences sur la scolarité

La scolarisation précoce n’est pas une caractéristique alsacienne, ce qu’indiquent le taux de scolarisation des moins de trois ans, parmi les plus bas (14,7% contre 31,4% en moyenne métropolitaine71). La valeur de ce taux est très contrastée selon les départements : très peu élevée dans le Haut-Rhin (5,8%), et beaucoup plus forte dans le Bas-Rhin (20,9%). À la présente rentrée, après que les inspecteurs eurent procédé aux vérifications des effectifs qui sont apparus à la baisse par rapport aux prévisions, le taux de scolarisation à deux ans ne semblait pas avoir varié dans le Haut-Rhin (5,55%) mais avait diminué dans le Bas-Rhin (17,28%), et dans l’académie (12,45%), comme au niveau de la métropole (21,80%).

Le faible taux de scolarisation précoce pourrait être mis en relation avec les différences constatées dans les évaluations au CE2 entre l’Alsace et la métropole et entre les deux départements, ou avec la plus forte proportion des scores les plus faibles dans les évaluations de 6ème. Elle pourrait notamment intervenir dans les premiers apprentissages et dans le domaine sensible qu’est celui de la maîtrise de la langue.

Les responsables académiques sont conscients des avantages potentiels de la préscolarisation pour les enfants de milieux défavorisés, et, d’une façon générale, pour anticiper sur les grandes difficultés scolaires. L’académie considère donc également comme prioritaire de « contribuer à la scolarité des deux ans dans les ZEP ». Cet effort se mesure par la proportion que représentent les deux ans sur l’ensemble des élèves du préélémentaire (9,63% en ZEP en 2004 dans l’académie contre 2,16% hors ZEP, toujours avec de forts contrastes entre les deux départements, 12,78% en ZEP dans le Bas-Rhin contre 2,76% hors ZEP, mais seulement 4,77% dans le Haut-Rhin contre 1,25% hors ZEP).

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