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Cogni’classe : des rituels pour le « collège »
Fabrice Oberti - enseignant de français au collège [REP] Weyer de Cusset (03), formateur, DU Neuroéducation, université Paris-Descartes - nous invite dans ses classes de 6e et de 3e, à suivre deux rituels de cogni’classe mis en place au début de ses cours, sur l’attention et la mémorisation. Découvrez en quoi ces rituels favorisent un climat de classe et permettent aux élèves d’améliorer leurs capacités d’apprentissage entre pairs.
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Reportage Pratiquer Enseigner avec les sciences cognitives
Fabrice Oberti - enseignant de français au collège Weyer de Cusset (03), formateur, DU Neuroéducation, université Paris-Descartes - nous invite dans ses classes de 6e et de 3e, à suivre deux rituels de cogni’classe mis en place au début de ses cours, sur l’attention et la mémorisation. Découvrez en quoi ces rituels favorisent un climat de classe et permettent aux élèves d’améliorer leurs capacités d’apprentissage entre pairs.
Fabrice Oberti :
Depuis deux ans, avec mes classes de 6e et de 3e, j’ai mis en place ce qu’on appelle des cogni’classes.
Qu’est-ce que c’est ? Ce sont des classes dans lesquelles on va étudier le cerveau.
On va étudier le cerveau autour de l’attention, la mémorisation et donc ça va permettre aux élèves de savoir comment le cerveau apprend.
Et pour mettre en place ce dispositif, j’ai quelques connaissances autour, justement, des neurosciences.
J’ai passé un diplôme universitaire de neuroéducation, mais on n’est pas obligé de passer un diplôme universitaire pour mettre en place une cogni’classe.
Ces cogni’classes, c’est Jean-Luc Berthier qui les a créées.
Et quand on va sur le site de l’association « Accompagner et former avec les sciences cognitives », eh bien, en fait, on a des outils qui nous permettent de nous former et qui permettent petit à petit de mettre en place ces cogni’classes.
Quand on rentre dans la classe, les élèves, tout d’abord, prennent le temps d’arriver.
Parce que ce qui est intéressant aussi, quand on travaille en cogni’classe, ce n’est pas simplement d’essayer d’avoir des outils pour l’attention, la mémorisation, mais c’est aussi favoriser tout un climat qui permette d’arriver en classe de manière assez détendue.
Détendu ne veut pas dire extrêmement à l’aise, mais détendu dans le sens où on évite justement de rentrer avec un certain stress tout en se sentant un petit peu responsable.
Et à ce moment-là, je ne leur demande rien de particulier, si ce n’est de sortir leurs affaires, de commencer à être en place.
Comme ça, au bout des trois minutes, quand le timer annonce la fin de ces trois minutes, eh bien normalement, les élèves sont prêts à pouvoir se mettre au travail.
On lève les carnets, donc c’est bon, ardoises remplies, vous pouvez ranger vos carnets, mettre le demi-point vert.
Dès le départ, le premier rituel qui a lieu à chaque fois que l’on rentre en classe après l’installation, c’est justement la mise au calme.
Et lors de la mise au calme, en fait, les élèves, pendant trois minutes, vont avoir une posture particulière.
Cette posture, en fait, est importante puisqu’il va falloir qu’ils soient assis, avec les bras posés, pour arriver à favoriser une respiration qui soit vraiment la plus simple possible et la plus détendue afin d’avoir deux objectifs derrière.
Le premier, c’est de pouvoir gérer un petit peu le stress des élèves.
Ils peuvent arriver d’un cours où ça s’est mal passé.
Il peut s’être passé quelque chose dans leur propre vie qui les distrait, c’est ce qu’on appelle les distracteurs internes.
Et il peut y avoir aussi ce qu’on appelle les distracteurs externes, c’est-à-dire tout ce qui est sollicitations à l’extérieur, que ce soit le bruit ambiant, que ce soit le bruit d’un camarade, que ce soit les divers bruits qu’on peut entendre.
Et donc le seul moyen, un petit peu, d’arriver à sensibiliser l’élève autour de ses distracteurs, eh bien, c’est justement cette mise au calme.
Dans la salle, je n’affiche absolument rien au mur parce que j’ai des élèves qui sont, comment dire, en terrain favorable pour être distraits et qui risquent d’être emmenés par un poster, par une phrase, par une illustration.
Et donc, en fait, ils ne sont emmenés par rien, si ce n’est le cours, ce qu’on a à faire en cours, ce qu’on a besoin de travailler en cours, l’interaction qu’ils ont besoin d’avoir entre eux, entre élèves.
Donc ces murs ne sont pas tristes, bien au contraire, c’est le climat de classe qui est devenu beaucoup plus, on va dire, joyeux, qui est devenu encore plus agréable du fait que, justement, on facilite l’attention, facilite la mémorisation et donc on n’a plus besoin de voir ce qui se passe autour parce qu’on est véritablement davantage dans le cours.
Le second rituel qui est mis en place et qui a lieu à chaque fois que nous avons cours, c’est autour de la mémorisation.
Là aussi, comme pour l’attention, on s’aperçoit que le travail de mémorisation n’est pas assez régulier.
Le souci qu’il y a, c’est que le seul moyen d’arriver à garder, on va dire, dans les mémoires à long terme des connaissances, des savoirs, des savoir-faire, c’est justement d’arriver à mémoriser un peu tous les jours.
Et il vaut mieux ne travailler que 4 ou 5 minutes de mémorisation tous les jours, mais en le faisant véritablement tous les jours, plutôt que de réviser soit la veille de l’examen, soit la veille du cours, c’est-à-dire solliciter qu’une seule des mémoires qu’on appelle la mémoire de travail.
C’est celle qui est extrêmement importante pour arriver à se mette en place sur une réflexion, sur tout un travail d’adaptation.
Mais le problème, c’est que cette mémoire est très courte, elle retient très peu de choses et donc quand on révise la veille, on a l’illusion de savoir mais après, sur le long terme, en fait, on n’a rien retenu.
Et c’est pour cela qu’il y a ce rituel autour de ce qu’on appelle les cartes à mémoriser, certains les appellent des flashcards, les élèves, donc, vont, par binômes, s’interroger les uns les autres sur les cartes de mémorisation que je leur ai données.
Je vous laisse un petit temps de préparation d’une quinzaine de secondes.
Vous les positionnez devant vous et on va afficher 4 minutes.
C’est parti !
Élèves :
Comment l’image est-elle composée ? Il faut justifier pourquoi chaque élément a été utilisé par l’artiste.
Qu’est-ce qu’il a voulu dire ?
Fabrice Oberti :
En fait, je leur demande comme ça de les prendre en fonction du chapitre qu’on est en train de trav##ailler, j’aime bien qu’on le fasse tous les jours Et les chapitres qu’on a vus les semaines précédentes, c’est intéressant qu’on puisse, une fois dans la semaine, y retourner pour voir les informations, les savoirs, les savoir-faire qui avaient été mémorisés sont toujours bien là.
Et puis lire son cours, relire son cours, ce qui est encore partagé par 80%, 85 % des étudiants, cela ne fonctionne pas et pourtant c’est ce qui continue d’être appliqué.
Donc je me suis dit autant prendre entre 3 et 5 minutes dans mon propre cours pour que ce travail de mémorisation soit effectif, qu’en plus qu’il soit fait entre élèves - donc comme ça, il y a une interaction entre pairs qui est beaucoup plus agréable pour eux - et puis en même temps, ça me permet aussi de savoir quelles sont les cartes de mémorisation qui posent des difficultés et ça me permet, comme ça, de revenir, sur certaines connaissances, certains savoir-faire sur lesquels justement je vois que ça n’a pas été bien acquis et peut-être même pas bien compris.
Est-ce qu’il y a d’autres cartes sur lesquelles il y a eu des difficultés ? Oui Élona ?
Élona :
Accord du participe passé avec l’auxiliaire être.
Fabrice Oberti :
Avec l’auxiliaire être et avoir.
J’imagine qu’il y a d’autres endroits, elle réapparaît aussi un peu souvent avec l’auxiliaire être et avoir.
Je vais vous demander dans un premier temps, de ranger ces flashcards et de sortir votre pictogramme puisqu’on va faire un petit test pour essayer de retravailler un petit peu autour de ça.
Donc ce deuxième rituel, il est très utile parce que je m’aperçois déjà que les élèves commencent à avoir des automatismes.
Et quand on a, comme ça, des connaissances qui arrivent de manière très automatique, eh bien les élèves, quand vous les mettez sur des situations problèmes, que vous leur faites résoudre des problèmes ou qu’ils sont devant, par exemple, une dictée ou qu’ils sont devant une analyse de texte, ces connaissances reviennent toutes seules, ils n’ont pas besoin d’utiliser leur mémoire de travail, celle dont je vous ai parlé tout à l’heure, pour se reposer la question, reconvoquer tout ça.
Non, ça vient beaucoup plus rapidement.
Et donc, comme ça libère un peu plus de mémoire de travail, ils sont plus efficaces pour arriver à résoudre ces problèmes-là.
Il vaut mieux éviter de partir sur beaucoup, beaucoup d’éléments à mettre en place.
Pour ma part, j’ai préféré travailler autour de l’attention et de la mémorisation.
Souvent, le problème qu’on a quand on démarre une cogni’classe, c’est de vouloir absolument toucher à tout, d’essayer d’offrir aux élèves le maximum, on va dire, de connaissances, de compétences qui leur permettent de savoir plein de choses sur le cerveau.
Mais après, justement, on risque un petit peu de se distraire, on risque un petit peu de perdre le fil.
C’est pour ça qu’il vaut mieux partir sur très peu de connaissances, mais être sûr par contre de pouvoir les appliquer en classe.
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