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La culture à l’école : un nouveau dossier des Cahiers pédagogiques utile aux ZEP

15 décembre 2006

Extrait du site des « Cahiers pédagogiques », le 15.12.06 : « la culture à l’école, c’est pas du luxe ! »

Les cahiers pédagogiques proposent un téléchargement payant (4,50 euros) d’un dossier "la culture à l’école, c’est pas du luxe !", en partie constitué à la suite du colloque organisé en octobre par le CRAP-Cahiers pédagogiques.

Au sommaire : des interventions de André Giordan et Serge Boimare, une large réflexion sur le partenariat, des échanges et outils autour de thèmes comme "culture et pédagogie", "la culture technique et scientifique", des compte-rendus d’expériences culturelles dans des écoles et collèges (opéra, arts plastiques, théâtre) . Egalement un entretien avec Philippe Meirieu sur Culture et socle commun, le regard décalé de Alain Berestetsky et la republication d’anciens articles des Cahiers sur le thème (Perrenoud, Pantanella, Snyders). Sans oublier les aspects littéraires avec Jeanne Benameur et des échos surprenants des ateliers d’écriture.

Un dossier, coordonné par Jean-MIchel Zakhartchouk, qui nous rappelle l’importance de la culture, un des "fondamentaux" de l’école et revendique pleinement le rôle de "passeurs culturels" des enseignants.

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Un extrait

Expériences culturelles

Expériences culturelles : rencontre avec Jeanne Benameur

Jeanne Benameur a écrit récemment un roman : « Présent ? » (éditions Denoël 2006) qui se passe dans un collège de la banlieue parisienne et qui intéressera tous les enseignants. (Voir notre recension->http://www.cahiers-pedagogiques.com/spip.php?article2505] parue dans le numéro 445). Elle anime des ateliers d’écriture dans de nombreux établissements (voir l’article qu’elle écrit pour le N°445 Où en sont les ZEP ?)

Elle devait être présente à notre colloque, mais une extinction de voix l’en a empêché. Du coup, nous avons organisé une rencontre avec elle dans notre local, quelques semaines plus tard. Difficile de « rendre compte » de cette rencontre où il s’est échangé beaucoup de choses sur l’écriture, sur la manière dont s’élaborait un roman, sur les échanges avec les élèves, sur la nécessité d’amener progressivement ceux-ci à des paroles vraies, à un écrit personnel... Jeanne Benameur a donné l’exemple de travail à partir de mythes ou de contes qui rejoint les propositions de Serge Boimare. Demander à des élèves d’écrire les mots de réconfort qu’écrit le héros du mythe pour échanger avec sa bien-aimée enfermée en haut d’une tour, partir du mythe de la Méduse et faire écrire des récits les plus divers, autant de procédés qui permettent une vraie créativité, puis des réécritures et au total des textes réussis. Pas d’entrée brutale en revanche.

Etudier Carmen directement avec des élèves en rupture scolaire (cas relaté par une participante) nous expose à entendre dire « madame, elle est bonne ! » et c’est tout ! La romancière a été formée autrefois dans des ateliers « Elisabeth Bing » qui étaient des pionniers, mais elle s’en est détachée et émet par exemple des réserves sur la lecture à haute voix, et surtout des premiers jets.
On a aussi discuté de ceux qu’on pouvait faire avec les élèves en rupture ou ceux qu’on n’arrive pas à motiver sur le long terme. Et on a réaffirmé la place de la culture dans les fondamentaux.

Nous citerons en guise d’illustration un passage de Présent ? (p.132) où la documentaliste du collège dont il est question parle de ce que peut apporter l’atelier d’écriture.

Laurence Pascalet ne quitte plus des yeux le jeune homme. Bien sûr elle connaît sa réputation de « bagarreur”, fou ». Si seulement ses collègues pouvaient le voir ici calme, réfléchi. Elle n’est pas magicienne. Ce qui se passe ici est à la portée de chacun. Il suffit d’y croire vraiment. Elle a découvert les ateliers d’écriture il y a longtemps. Une révélation. Une autre façon d’entrer dans la langue. Elle s’est formée, a suivi des stages. Depuis trois ans elle a osé se lancer dans son CDI et ces séances revivifient son propre travail. Elle a essayé d’en parler en salle des profs. Elle s’est heurtée à une indifférence polie. On la laisse s’amuser dans son CDI. Elle n’a pas de notes à mettre, elle, de programme à suivre ... Toutes les bonnes excuses sont là. Elle a du temps à perdre, autrement dit. Elle s’est raidie pour ne pas riposter au mépris. Maintenant elle a appris à garder son énergie pour les élèves. Elle ne parle plus de ce qu’elle fait. Elle continue. Ce que les élèves trouvent ici c’est autant de gagné pour la suite de leur vie. Ça va bien au-delà des programmes. Quand elle leur lit les textes des auteurs les difficiles, elle sent qu’elle aussi a gagné. L’atelier d’écriture les rend plus confiants dans la langue. Et la langue c’est la pensée.

Elle s’étonne que son collègue de lettres le plus éteint ait lu Kafka à ses élèves, et sûrement lu de façon forte pour que D. soit venu jusqu’au CDI chercher un livre. Tant qu’il y a de la vie...

Le site des Cahiers pédagogiques

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