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Les propos de Sarkozy et les ZEP : de nouveaux commentaires

5 décembre 2006

Extrait du site des Cahiers pédagogiques, le 04.12.06 : Revue de presse

Opération séduction

J’écrivais dans une chronique du 17 novembre dernier " On le voit, pour la droite, dans ce contexte de la candidature Royal, et après ses propos, il s’agit maintenant de séduire et flatter les enseignants".On était alors en plein dans l’affaire de la vidéo d’Angers. C’est de cette même ville que Nicolas Sarkozy a fait un discours vendredi 1er décembre, où une grande partie portait sur l’éducation.
Il s’adresse aux “maîtres”, ces professeurs “admirables” qui sont les nouveaux "hussards noirs de la République", résistant "à la facilité et à la démagogie des instructions de l’éducation nationale". Dénonçant "l’Etat (qui) se met en situation de non-assistance à personne en danger en n’assurant pas leur protection et leur autorité. Et il rajoute, dans une allusion directe à Ségolène Royal : « Au lieu de critiquer les enseignants qui font du soutien scolaire pour compléter des revenus trop faibles, [augmentons] la rémunération de ceux qui accepteraient des missions complémentaires ».

Mais la “séduction” s’arrête là. Derrière ces propos de circonstance destiné à flatter un public pourtant peu enclin à voter pour lui, se cache un projet « musclé » et avec de vrais morceaux de « rupture » dedans... Fin de la carte scolaire et des ZEP, autonomie des établissements et des projets pédagogiques, évaluations plus fréquentes des professeurs, non sur les pédagogies enseignées mais sur les résultats des élèves, liberté pédagogique. Tout cela dans un discours déjà popularisé par tous les déclinologues de l’école (...)

Philippe Watrelot

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Extrait du « Figaro », le 04.12.06 : Sarkozy plonge dans le bain de la campagne

Le président de l’UMP a consacré hier son premie rmeeting de candidat à l’éducation, qu’il veut mettre au coeur de son projet

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Dans la région où est sortie la fameuse vidéo de Ségolène Royal demandant que les professeurs fassent 35 heures, Nicolas Sarkozy s’adresse aux « hussards noirs de la République », qui « refusent de changer leurs cours sous prétexte qu’ils sont en ZEP et pas à Henri-IV ». « Que l’on cesse de payer l’école avec des mots et qu’on lui donne les moyens d’avoir des résultats », demande-t-il, en rassemblant ses propositions dans une formule : « La République n’a qu’un seul devoir vis-à-vis de l’école, et l’école un seul devoir vis-à-vis de la République : le devoir de réussite. »
Mais la tâche est immense, comme le reconnaît le candidat en décrivant l’« l’hypocrisie du bac, qu’on brade peu à peu », ou encore « l’école à deux vitesses, celle des beaux quartiers où l’on enseigne les grands auteurs et le raisonnement scientifique, et celle des quartiers populaires, où l’on demande aux enseignants de remplacer Les Fleurs du mal par des chansons de rap, les chefs-d’oeuvre de la littérature par les films qu’ils ont inspirés, les livres entiers par des morceaux choisis et les rédactions par des QCM ». Dans le tableau, Nicolas Sarkozy n’oublie de signaler qu’il « doit y avoir un juste milieu, une tenue décente entre l’uniforme et le jean taille basse qui laisse voir trop de choses ». C’est sa réponse au combat antistring mené par Ségolène Royal lorsqu’elle était ministre de l’Enseignement scolaire.

Judith Waintraub.

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Extrait du « Figaro », le 04.12.06 : Le candidat UMP veut promouvoir une "école de l’excellence"

Favorable à l’autonomie des établissements, hostile au collège unique, le candidat veut déposer le bilan des ZEP et individualiser le parcours des élèves.

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Chaque établissement aura aussi tout loisir de recruter des enfants vivant en dehors de son secteur. Décidément agacé par les errements d’une école qu’il juge à la dérive, le ministre veut aussi sortir « de l’impasse du collège unique. Il faut, martèle-t-il, rompre avec l’organisation uniforme des cycles où chaque élève ne finit par passer dans la classe supérieure qu’au bénéfice de l’âge et de la lassitude de ses enseignants ». Pour ne pas laisser trop d’enfants sur le bord du chemin, il s’engage à « individualiser les parcours et donner à chaque collégien la possibilité d’acquérir à son rythme ».
Comme il l’avait déjà dit, Nicolas Sarkozy veut déposer « le bilan des zones d’éducation prioritaire ». Car, selon lui, en vingt-cinq ans, l’écart de niveau s’est aggravé entre les établissements de ZEP et les établissements ordinaires. Le ministre le déplore, mais il estime que dans ce domaine l’Éducation nationale a vraiment tout faux. « Là où il fallait mettre les meilleurs enseignants, nous y avons mis les moins expérimentés. Là où il fallait donner le plus d’espoir, nous avons anéanti les espérances. »

« Orphelins de 16 heures »

Il faut donc, selon lui, diviser par deux les effectifs des établissements les plus dégradés en répartissant les élèves en surnombre dans les établissements avoisinants et dépêcher sur place « des équipes volontaires, spécialement formées avec des enseignants expérimentés et dotées de moyens renforcés ». Il propose d’évaluer leurs performances d’ici trois ans. Dans le même esprit, il veut créer des internats de réussite éducative pour que tous les enfants qui veulent réussir mais n’en ont pas forcément les moyens y parviennent à l’avenir. Surtout, il ne pense pas qu’on démocratise « l’école en abaissant le niveau des diplômes ». Il a au contraire l’ambition de transformer une école de la République à bout de souffle en « une école de l’excellence ».

Car Sarkozy a décidé d’en finir avec les 15 % des élèves de sixième qui ne savent ni lire ni écrire et les 160 000 élèves quittant chaque année l’école sans qualification. D’ailleurs, aux enseignants qui acceptent de faire du soutien scolaire, il promet des rémunérations en augmentation.
La veille dans l’émission « À vous de juger » sur France 2, il avait renouvelé sa promesse d’une mesure pour changer la vie des familles dont les enfants rentrent seuls à 16h30. « Je veux mettre un terme à la solitude des orphelins de 16 heures. Je propose que toutes les familles de France puissent désormais laisser leurs enfants entre 16 et 18 heures à l’école. Leurs écoliers ne rentreront qu’une fois leurs devoirs faits. » Une mesure qui mobilisera beaucoup d’enseignants et pourrait se révéler onéreuse. Faux pour le candidat et ministre de l’Intérieur, « car personne n’a chiffré ce que ça coûte de laisser des jeunes apprendre quotidiennement la loi de la rue. »

Christine Ducros

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Extrait de « Ouest-France », le 04.12.06 : Le projet musclé de Sarkozy pour l’école

À Angers, le président de l’UMP a planté des jalons pour « faire du progrès scolaire le moteur du progrès social ».
Lors d’un meeting à Angers, hier soir, au terme d’une demi-journée de parcours de campagne dans la ville, Nicolas Sarkozy s’est dit décidé, devant 5 500 personnes, à assigner un « devoir de réussite » à l’école.

Dans un discours de « rupture » avec « l’hypocrisie », le président de l’UMP a déclaré vouloir faire de l’école, « un lieu de protection, de sécurité et de respect ». « À nous d’agir pour que le progrès scolaire redevienne le moteur du progrès social », a déclaré le président de l’UMP. Il a sonné l’heure pour la droite « d’assumer son ambition » en matière d’éducation : « On ne peut plus longtemps abandonner l’éducation à ceux qui en font le terrain de jeu de leurs idéologies dépassées. »

Après avoir abordé le sujet au terme de trois heures de télévision, jeudi soir, Nicolas Sarkozy a profité du flou du programme participatif de Ségolène Royal, en déplacement au Proche-Orient, pour avancer ses propositions. Et cela dans la ville où la diffusion pirate d’une vidéo d’un débat entre militants socialistes sur la présence des enseignants dans les établissements, a suscité une certaine confusion.

Parents. Droit de connaître les performances de l’établissement, de participer aux décisions sur la vie scolaire. Plus nombreux dans les conseils d’administration.
Enseignants. Confier des études dirigées, du soutien scolaire du temps de présence à ceux qui veulent travailler plus pour gagner plus. Finies « les expériences pédagogiques hasardeuses », mais « à chaque maître le choix de sa méthode ». Évaluation plus fréquente des professeurs, non sur les pédagogies enseignées, mais sur les résultats des élèves.

Établissements. Autonomie avec de véritables projets d’établissement pour diversifier l’offre scolaire. Développer le mi-temps artistique et sportif. Individualiser les parcours scolaires pour sortir de l’impasse du collège unique. Liberté d’établissement dans les quartiers populaires pour l’enseignement privé.
Carte scolaire. Chaque famille doit avoir le choix de l’établissement scolaire de son enfant. Chaque établissement aura progressivement la liberté de recruter les enfants en dehors de son secteur.

ZEP. Déposer le bilan des zones d’éducation prioritaire dont la mise en oeuvre a échoué. Diviser par deux les effectifs des établissements les plus dégradés. Proposer à des équipes volontaires d’y mener des projets éducatifs d’excellence. Des internats de réussite éducative en ville.
Classes prépa. Donner le droit aux 5 % de meilleurs résultats au bac dans chaque établissement de rejoindre les classes préparatoires aux grandes écoles (un lycée sur deux ne présente aucun élève en classe prépa).

Un contrat d’autonomie pour les étudiants. Un prêt à taux zéro en échange d’un engagement de réussite universitaire ou un programme d’accès à l’emploi. Pas de sélection mais une inscription conseillée dans les filières à débouchés ; des universités des métiers. L’ouverture des bibliothèques sept jours sur sept.

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