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Quel bilan pour l’école inclusive, 20 ans après la loi sur l’égalité des droits et des chances ?
Les élèves en situation de handicap étaient au nombre de 468 250 à la rentrée de septembre 2024, ce qui représente environ 3,7 % des effectifs scolaires.
Auteurs
Mickaël Jury
Maître de conférence en psychologie à l’INSPÉ Clermont Auvergne - Membre junior de l’Institut Universitaire de France, Université Clermont Auvergne (UCA)
Caroline Desombre
Professeure de psychologie sociale, Université de Lille
Depuis la loi de 2005, qui pose le bases d’une société inclusive, tout enfant en situation de handicap doit pouvoir trouver une place dans l’école de son quartier. Si elle a progressé, la scolarisation d’élèves présentant des besoins éducatifs particuliers est loin d’être encore automatique, et inscription ne rime pas toujours avec inclusion. Quelques éclairages.
La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées est une loi majeure touchant, entre autres, la question de la scolarisation des élèves en situation de handicap. Elle dit que
« tout enfant, tout adolescent présentant un handicap ou un trouble invalidant de la santé est inscrit dans l’école ou dans l’un des établissements […] le plus proche de son domicile, qui constitue son établissement de référence. »
Par cet article 19, elle a lancé une politique dite de scolarisation inclusive reconnaissant que chaque élève a le droit à une scolarisation ordinaire, comme n’importe qui.
Ce principe supposait une modification en profondeur de l’école en demandant à celle-ci de s’adapter aux élèves et non plus l’inverse. Cette loi de 2005 sera suivie de multiples textes législatifs et décisions pour soutenir ce paradigme.
Extrait de theconversation.com du 10.02.25 [...]
« L’école inclusive implique une révolution pédagogique »
La structure même de l’éducation nationale ne permet pas « un plein déploiement » de l’accueil des enfants en situation de handicap à l’école, analyse l’enseignant-chercheur spécialiste de l’inclusion scolaire Alexandre Ployé, dans un entretien au « Monde ».
Propos recueillis par Sylvie Lecherbonnier
Extrait de lemonde.fr du 11.02.24
Edito – École inclusive : les contradictions françaises
Il y a 20 ans était promulguée la loi « l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes handicapées ».
Il y a la loi, l’esprit de la loi, et la réalité.
Aujourd’hui, la réalité est loin d’être satisfaisante, pour les personnels, les familles comme les élèves. Et c’est une litote. Elle est souvent une souffrance, voire une des principales souffrances professionnelles exprimées par les personnels du Premier degré. Une souffrance d’une mise en échec inéluctable de l’inclusion, inéluctable car les accompagnements manquent, humains comme matériels. Inéluctable car la formation manque. Et cet aspect indépassable plonge les professeur.es dans un sentiment et une expérience d’impuissance. La contradiction entre le slogan de l’école inclusive, le principe qui ne correspond pas à la réalité, ses difficultés ont même des aspects contre-productifs sur l’adhésion à l’esprit de la loi. Constatant l’impossibilité de la douloureuse inclusion sans les moyens nécessaires et dans les modèles existants, la tentation de rejeter en bloc le principe est présente. Mise en échec, culpabilité, impuissance : voilà les ingrédients à la source d’un mal-être professionnel.
D’un côté, l’école doit inclure tous les élèves, de l’autre, l’école est celle de Parcoursup, des groupes de « besoin », qui exclut et trie : la double injonction contradictoire résume un système maltraitant. Pour les élèves en situation de handicap, les élèves défavorisés, les élèves pauvres, ces élèves que François Dubet appelle « les perdants » du système éducatif. Parce que « les inégalités de berceau » déterminent encore la trajectoire scolaire, parce que la culture et la structure scolaires ne changent pas.
Au-delà de la question fondamentale des moyens et de la formation identifiée par tous les professionnels comme insuffisants -ce que démontrent aussi tous les rapports -, le modèle existant révèle ses limites et ses contradictions : intégrer tous les élèves dans un système qui doit les trier. Voilà la réalité incohérente et absurde du système éducatif français. L’inclusion sans réflexion et inflexion sur le modèle scolaire peut-elle être réellement effective ?
Au fond, la culture scolaire n’est-elle pas trop teintée d’exclusion, de sélection et de compétition et le système trop teinté d’une culture élitiste qui fait réussir un profil d’élève pour réussir une intégration de toutes et tous ? Si tout le monde a sa place à l’école, il s’agit de se demander quelle place et surtout dans quelle école.
La qualification d’« inclusive » de notre « école » ne peut dès lors qu’être une contradiction, à la fois théorique comme dans la pratique. Bien sûr, l’école doit être inclusive, c’est-à-dire solidaire, coopérative, fraternelle et égalitaire. C’est à construire…
Djéhanne Gani
Extrait de cafepedagogique.net du 11.02.25
Faute de moyens, "l’école inclusive restera un slogan, plutôt qu’une réalité" (FSU et UNSA)
Il y a vingt ans était votée la loi pour l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap, dite "loi handicap". Celle-ci devait conduire à la mise en place d’une école inclusive, en accueillant tous les élèves sans exception.
Mais pour le SE-UNSA, "l’École inclusive est en crise. Elle est à un point de rupture parce que les moyens actuels ne permettent plus aux personnels - enseignants, AESH, CPE et PsyEN - de trouver les solutions pour prendre en charge scolairement tous ces élèves". L’organisation syndicale pointe le manque de formation des enseignants, contraints de "s’auto-former" sur leur temps personnel. "Par ailleurs, les diagnostics des besoins des enfants n’ont cessé de s’affiner et les demandes d’adaptation ou de compensation pour chaque profil n’ont cessé de se multiplier, complexifiant encore davantage le travail des enseignants."
Si leur nombre a certes augmenté ces dernières années, "les AESH, qui sont très majoritairement des femmes, ont un statut précaire, avec des temps de travail incomplets contraints, une rémunération insuffisante et une formation initiale et continue plus que défaillantes", souligne l’UNSA qui revendique un statut de fonctionnaire pour ces personnels ainsi qu’une "formation initiale de meilleure qualité".
Réitérant son soutien à l’École inclusive, l’UNSA appelle à ce que "les élèves aient la possibilité d’être scolarisés à l’école ordinaire ou dans les établissements et services médico-sociaux en fonction de leurs besoins, d’où la nécessité d’ouvrir des places dans ces établissements".
Pour le SNUIPP, "faute de moyens, l’inclusion scolaire reste un vœu pieux, bien loin des ambitions affichées". Le syndicat FSU du 1er degré redit son attachement à l’école inclusive, mais aujourd’hui, "cette inclusion est trop souvent synonyme de souffrance pour les élèves et de difficultés pour la communauté éducative" et "une situation de maltraitance institutionnelle s’est installée", avec des AESH précarisés, "une pénurie programmée des enseignements adaptés, un manque de personnels qualifiés, un manque de temps de concertation entre enseignant.es et personnels d’accompagnement, des classes surchargées et un manque de places en établissements et dispositifs spécialisés".
Le SNUIPP estime que le budget 2025 ne prévoit aucune amélioration, "le recrutement annoncé de 2 000 AESH ne constitue qu’une goutte d’eau face au manque criant de besoins". Sans les moyens mis pour y répondre, "l’école inclusive restera un slogan, plutôt qu’une réalité".
Extrait de touteduc.fr du 11.02.25
Note du QZ : la sous-rubrique Ecole inclusive, Handicap est une sous-rubrique de PEDAGOGIES (Publics particuliers) car elle inclut aussi les Eana et les Efiv.
De même, le mot-clé Ecole inclusive, Handicap [Act.] (gr 4)/ relève du groupe 4 (Pédagogie) et non pas du groupe 5 [Dispositifs).