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Pass Culture : le ministère va repenser le dispositif
Dans un communiqué de presse du 4 février 2025 intitulé « Le ministère réaffirme son ambition en faveur de l’éducation artistique et culturelle », celui-ci « souhaite rassurer l’ensemble des équipes éducatives et des acteurs culturels :
Les projets validés sont financés ;
La plateforme réouvrira dans les prochains jours afin que les projets préréservés soient financés ».
Il précise que de nombreux projets ont déjà validés, et que « cette situation » l’invite « à repenser ce dispositif pour mieux accompagner et prioriser les projets, dans le respect de la stabilité des finances publiques. A ce titre, la ministre d’État a confié une mission à l’inspection générale ».
Le rapport de la cour des comptes avait épinglé en décembre 2024 la part individuelle du pass culture sur la moindre participation des jeunes les plus éloignés de la culture. Le succès général du pass culture avait été nuancé sur son manque d’effets pour la jeunesse des classes populaires. L’été 2024, un rapport de l’inspection générale des affaires culturelles pointait cette inégalité et la transformation incertaine des pratiques culturelles.
Extrait de cafepedagogique.net du 05.02.25
Vers une restructuration du Pass culture (Rachida Dati)
"Quel avenir pour le Pass culture ?" Cette question a lancé et structuré le débat organisé au Sénat concernant le dispositif, alors que le montant de son budget pour 2025 reste incertain et que l’annonce brutale du gel de la part collective a suscité de vives critiques (voir TE ici et ici). Lors de ce débat tenu le 30 janvier, auquel Rachida Dati était invitée, il fut davantage question de la part individuelle qui est celle prise en charge par le ministère de la Culture.
De nombreux rapports, dont celui de l’IGAS et de la Cour des Comptes (voir TE ici), ont pointé les limites du dispositif qui peine à remplir son double objectif originel, à savoir la démocratisation et la diversification des pratiques culturelles chez les jeunes. "Le Pass culture mérite un avenir moins houleux que ces premières années de vie, à condition qu’il soit bien repensé", a posé en introduction Laurent Laffon, président de la commission culture et éducation du Sénat.
Les collectivités incitées à prendre en charge la mobilité en milieu rural
Un "problème crucial" concerne la mobilité, a confirmé la ministre de la Culture, interpellée sur ce point par les sénateurs. Les jeunes habitant en zone rurale ont en effet plus de difficultés à profiter des offres culturelles, qui sont plus compliquées d’accès, moins nombreuses et moins bien répertoriées. La géolocalisation, désormais disponible sur l’application, permettra de répondre en partie à ce problème de référencement des offres en faisant apparaître celles qui se trouvent à proximité du jeune.
Rachida Dati a également mis en avant des expérimentations à l’échelle des territoires, telle que celle menée dans le Grand Est, le contrat Caravelle. "Ce sont les collectivités qui se sont engagées à financer la mobilité pour accompagner les jeunes dans la culture et pour accompagner le Pass culture dans la part individuelle." Il s’agit pour l’essentiel des départements. Dans cette logique de mobilisation des collectivités, la ministre a fait savoir qu’elle signerait dans quelques jours ou dans quelques semaines, avec François Sauvadet, le président des départements de France, "une convention entre le ministère de la Culture et les Départements de France pour éviter tout désengagement dans la culture et pour favoriser cette mobilité pour un plus grand accès à la culture".
Des redirections pour lutter contre les inégalités
La ministre se félicite du succès du Pass avec "4 millions de jeunes qui en ont bénéficié", mais admet que "les inégalités sociales restent très fortes", avec aujourd’hui 9 enfants de parents diplômés sur 10 inscrits au dispositif, contre 7 sur 10 chez les enfants de parents non-diplômés. Autre limite reconnue : le manque de diversification des pratiques. "Les spectacles vivants consomment 6% du Pass, les musées moins de 1%." Et 85% des réservations se font pour des biens et des services déjà connus des jeunes.
En cause selon la ministre, le manque de médiation, à ce jour "inexistante". Pour y remédier, Rachida Dati a rencontré "tous les acteurs de l’éducation populaire" avec lesquels elle a signé une charte qui donne des moyens afin d’"intégrer la médiation dans tous les aspects d’accès à la culture et en particulier dans le Pass culture". De plus, le travail d’éditorialisation de l’application est lancé pour valoriser des contenus moins familiers des jeunes.
Toujours en vue de lutter contre ces inégalités, une réforme, appelée par la ministre en octobre dernier dans une tribune qu’elle publiait dans le Monde (voir TE ici), concerne les critères de conditionnalité du montant de la part individuelle. Une "dotation supplémentaire pour les boursiers sera proposée", a indiqué Rachida Dati. Après avoir précisé que les jeunes dont les parents ont des moyens mais qui ne sont plus à leur charge "ne seront pas pénalisés". La ministre a ajouté que "les montants alloués aux différents âges" seront ajustés et que "la part individuelle commencera à 17 ans", alors qu’elle est actuellement ouverte à partir de 15 ans.
A noter que la transformation de la SAS Pass culture en opérateur du ministère de la Culture, qui faisait partie des recommandations de la Cour des Comptes, est en cours. "Nous y travaillons déjà", a dit la ministre.