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"Quoi de neuf ?", la nouvelle revue du SGEN-CFDT, traite de l’éducation prioritaire et des moyens

28 novembre 2006

Extrait de « L’Expresso » du 28.11.06 : "Quoi de neuf" en éducation prioritaire ?

"Les ZEP sont-elles solubles dans les moyens ?"

Bien des organisations syndicales ont l’habitude de privilégier les moyens... à plus forte raison quand on aborde le problème des ZEP. On entend même parler de « démantèlement » de l’éducation prioritaire. Le Sgen-CFDT ne dissocie pas la question des moyens de celle de leur utilisation" "Quoi de neuf ?", la nouvelle revue du Sgen Cfdt des académies de Créteil et Versailles consacrée aux ZEP, affiche son identité.

Mais la revue propose aussi de nombreux reportages dans les établissements. Ainsi elle jette un regard contrasté sur la mise en place des "professeurs référents" dans les réseaux ambition réussite. Si à Bobigny, "l’administration du collège a beaucoup insisté pour que la collègue d’anglais postule, elle a fini par dire oui. Quant au collègue de techno en carte scolaire, c’était le seul moyen de rester", à Saint-Denis "le professeur référent a mis en place une progression commune, il a du temps pour des actions pédagogiques. Il suit beaucoup les jeunes. Sa contribution est très appréciable pour les nouveaux".

"Quoi de neuf ?" nous fait connaître Laïla Hafid, stagiaire à Colombes, Dominique Belleteix en collège à Colombes ou Kathy Tran Van Tam, directrice en maternelle à Bonneuil. Autant de regards précieux et nuancés sur des chemins de vie et la réalité des ZEP. Une nouvelle revue dont la lecture s’impose.

Le journal « Quoi de neuf ? »

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Un extrait

« Education prioritaire : de quoi parle-t-on ? »

De la notion de ZEP (zone d’éducation prioritaire) en 1981 à la notion de réseaux (Rep : réseaux d’éducation prioritaire, puis Rar : réseaux ambition réussite, ou RRS : réseaux de réussite scolaire), quels sont les indicateurs qui devraient déterminer l’éducation prioritaire ? Éléments de réponse.

Un récent rapport au titre évocateur - Les inégalités socio - spatiales en éducation - (cf page 15), nous fournit de précieuses informations quant aux processus générant les phénomènes de ségrégation scolaire, en lien ténu avec la ségrégation sociale, elle-même intimement liée à la ségrégation urbaine. Le résultat ultime de ces trois situations étant la « ghettoïsation » sociale et/ou ethnique de certains quartiers périphériques des grandes agglomérations.

De nombreuses études en ZEP ou en ZUS (zones urbaines sensibles) portant, entre autres, sur deux académies de la région parisienne ont permis à l’équipe de chercheurs engagée dans cette étude d’établir les constats suivants.

Premier constat : « Onze des douze départements où les résultats sont les plus endessous des résultats prévus d’après les caractéristiques sociales des élèves se situent en Île-de-France ou jouxtent cette région. » Par ailleurs,ces départements sont soumis à une forte densité de populations (500 habitants au km²), contrairement à ceux en « sur réussite » scolaire où la densité de population passe à 80 habitants au km².

La politique du logement, en lien avec la situation sociale des familles, est directement interpellée par cette constatation et l’existence de zones homogènes (barres d’immeubles ou zones pavillonnaires) contribue à la création de lieux distincts, attractifs ou répulsifs, lieux dans lesquels se trouvent des établissements scolaires voisins.

D’où le deuxième constat : « La proximité des établissements et l’importance des inégalités de recrutement existant entre eux favorisent à la fois des comparaisons inductrices de migrations hors secteur et la perception contagieuse de ces pratiques. » En effet, les établissements les plus demandés en fonction du recrutement social effectué, mettent en place des filières sélectives (classes européennes, musicales) dans lesquelles les familles les plus démunies ne peuvent envisager d’intégrer leurs enfants.

Une fois établie la hiérarchie des établissements en fonction des lieux de regroupement social, une spirale de la difficulté prend forme : « Des perturbations fréquentes et parfois très graves des conditions de scolarisation apparaissent là où il devient flagrant que ce sont les plus démunis socialement et scolairement qui sont les plus captifs des espaces scolaires de relégation. »

Ce cadre de la difficulté et de la ségrégation ainsi posé induit le premier réflexe de la part de tous les acteurs : la fuite. « Dans de très nombreuses classes de collège des agglomérations urbaines, les relations pédagogiques se trouvent ainsi quotidiennement perturbées de façon flagrante, ce qui ne fait qu’amplifier la fréquence des pratiques d’évitement et activer les processus de ghettoïsation. »

Face à ce sombre état des lieux, que faire ? Les auteurs du rapport notent : « Les professionnels du terrain sont extrêmement sensibles à la façon dont leurs référents institutionnels prennent en considération leurs difficultés, les soutiennent de diverses façons et les aident à mettre au point des réponses adaptées aux problèmes rencontrés... La perte d’espoir de rétablir une situation satisfaisante et la logique du sauve-qui-peut sont alors en rapport étroit avec le sentiment d’être lâchés par l’institution. »

On voit pointer la nécessité d’une formation initiale et continue nécessaire pour les personnels appelés à exercer dans ces établissements. Mais également l’obligation pour les cadres intermédiaires, conseillers et divers corps d’inspection, de s’impliquer réellement, autrement que par la lecture d’injonctions ministérielles, dans la résolution des problèmes spécifiques à chaque établissement.
Enfin, si les moyens ne sont pas tout (personnel supplémentaire, temps de réunion), ils peuvent permettre une stabilisation des équipes, clé de voûte pour une action pédagogique structurante.

Renvoyer la responsabilité des situations difficiles au seul personnel exerçant dans l’établissement ne peut générer que rancoeur et désir de fuir. Au détriment de tous les membres de la communauté éducative.

Une éducation prioritaire volontariste repose ainsi sur trois axes indissociables sur lesquels il faut agir : la politique de la ville en matière de mixité et de logement social ; la politique de l’emploi pour réduire les poches de chômage et les situations sociales extrêmes ; la politique de l’Éducation nationale en utilisant les apports de la recherche, les expériences déjà évaluées et en écoutant les besoins exprimés par les acteurs du terrain.

Jean-Claude Robineau

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