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La situation de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)

27 novembre 2006

Extrait du site de la Documentation française, le 17.11.06 : Rapport du Sénat sur la politique de la Ville

La déposition du maire de Clichy-sous-Bois au Sénat Sénat

Session ordinaire 2006 - 2007

Annexe au procès-verbal de la séance du 30 octobre 2006

Rapport d’information

fait au nom de la mission commune d’information sur le bilan et les perspectives d’avenir des politiques conduites envers les quartiers en difficulté depuis une quinzaine d’années, par M. Pierre ANDRÉ, Sénateur.

Tome II : Annexes

(...)

M. Claude Dilain a présenté la situation éducative de Clichy-sous-Bois : sur 28.400 habitants, il a tout d’abord rappelé que 50 % de la population a moins de 25 ans, soit le double de la moyenne française. Clichy-sous-Bois scolarise 1.700 enfants dans douze écoles maternelles (dont dix classées en ZEP) et 2.680 élèves dans douze écoles primaires (dont dix en ZEP) ; 1.945 élèves sont répartis dans les trois collèges de la ville et le lycée Alfred Nobel accueille 1.080 élèves.

La commune cumule de nombreux handicaps :

 la population étrangère représente 33 % à Clichy-sous-Bois, 18 % en Seine-Saint-Denis alors que la moyenne nationale est de 6 % ;

 le taux de chômage s’élève à 21 % et 1.164 personnes étaient bénéficiaires du RMI à la fin 2005 (52 % depuis plus de 2 ans, 21 % depuis plus de 6 ans, 49 % sont de nationalité étrangère, 51 % ne sont pas bénéficiaires d’aide au logement, 54 % ont moins de 40 ans) ;

 plus de 75 % des élèves appartiennent à des familles très défavorisées et 58 % d’entre eux sont boursiers ;

 le retard scolaire est plus important à Clichy-sous-Bois que dans l’ensemble du département : 13,4 % des élèves ont un retard de plus de deux ans à leur entrée en classe de sixième contre seulement 5,5 % sur l’ensemble du Seine-Saint-Denis. Ce pourcentage est de 20,1 % à l’entrée en classe de troisième contre 12 ,6 % au niveau du département ;

 le pourcentage de réussite au brevet des collèges (59,5 %) est nettement inférieur à la moyenne départementale (68 %) et à la moyenne nationale (79,8 %) ;

 le taux de réussite au bac scientifique du lycée Alfred Nobel est de 17 points inférieur à la moyenne de l’académie de Créteil (77 %) ; en revanche, pour les séries L, ES et STT, le pourcentage de réussite au bac est légèrement supérieur à la moyenne académique.

Le maire a ensuite exposé les différentes politiques et actions éducatives mises en oeuvre ces dernières années : contrat de ville, projet éducatif local, contrat « enfance », contrat « temps libre », contrat local d’accompagnement à la scolarité et contrat local de sécurité.

De 1995 à 2005, la ville a consacré 9 millions d’euros à la rénovation des équipements scolaires, soit 25,6 % des investissements réalisés. De 2004 à 2006, la ville a prévu de financer à hauteur de 70.000 euros l’initiation à l’informatique.

De plus, 38 % des crédits de fonctionnement du « contrat de ville » sont consacrés aux actions éducatives :

 les trois collèges et les écoles qui s’y rattachent sont labellisés « ambition réussite » ;

 des « ateliers pour la réussite » sont systématiquement proposés le soir après la classe à l’école élémentaire ;

 trois « équipes de réussite éducative » (ERE) se mettent en place ;

 des classes de seconde expérimentales seront créées au lycée Alfred Nobel à partir de septembre 2006 ;

 un partenariat avec les grandes écoles (Polytechnique, IEP de Paris...) est envisagé ;

 « l’école sans murs » et une « classe relais » ont été implantées sur la ville.

Les points suivants ont été abordés :

 malgré la qualité des réseaux de transports publics dans le département, le temps de transport pour rejoindre les facultés de Saint-Denis, Villetaneuse et Marne-la-Vallée reste supérieur à une heure pour les habitants de Clichy-sous-Bois ;

 des précisions statistiques ont été demandées concernant l’avenir des bacheliers à l’université, notamment le taux d’échec en première année ainsi qu’une analyse comparative des taux de réussite dans les filières générales et professionnelles ;

 le budget consacré aux projets de réussite éducative à Clichy-sous-Bois est de 400.000 euros sur cinq ans, dont 40.000 euros en 2005.

 les actions périscolaires menées dans le cadre de la politique de la ville sont nombreuses, qu’il s’agisse des programmes « ville, vie, vacances » ou du soutien scolaire assuré par des associations ;

 l’individualisation des parcours et des programmes et l’accompagnement personnalisé des élèves semblent être des facteurs importants de réussite ;

 la coopération et l’existence d’un dialogue constant entre l’équipe pédagogique et les familles réduisent les problèmes de délinquance et d’échec scolaire ;

 un débat s’est instauré sur les classes de niveaux : les intervenants se sont dits plutôt défavorables à ce principe, préférant les classes à options en sixième, qui pourraient être un bon moyen d’attirer ou de retenir les élèves de bon niveau ;

 la jeunesse des professeurs dans les zones d’éducation prioritaire a été fréquemment observée et semble constituer un handicap ; il faudrait assurer un certain équilibre et assurer la présence de professeurs plus expérimentés pour former les plus jeunes. Des mécanismes d’incitation pourraient être mis en place, soit financiers, soit relatifs au rythme de progression dans la carrière.

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Des élèves de Clichy-sous-Bois en visite à Sciences-Po

Extrait du « Figaro » du 15.11.06 : Clichy- sous-Bois : des lycéens très entourés

Depuis les émeutes de novembre 2005, Sciences Po, l’ENA et l’X proposent un coup de pouce aux élèves méritants.

Dépaysement garanti. À moins d’une heure de chez eux, Mohammed, Ray, Djemila, Fairouz, Olivia, Sarah, Jaouad et les autres viennent de faire un voyage étonnamment exotique. Un de ceux que ces seize bons élèves de terminale du lycée Alfred-Nobel, classé en ZEP, à Clichy-sous-Bois, raconteront longtemps au pied des tours de leur cité. Endimanchés, version jeans, Nike et Adidas, lundi, filles et garçons ont mis ensemble le cap sur la capitale pour atterrir à Sciences Po, 27, rue Saint-Guillaume à Paris, quartier très Rive gauche dans lequel aucun d’entre eux n’avait encore mis les pieds. Certains venaient même pour la première fois seuls à Paris.

Pourtant, l’année prochaine, tous aimeraient faire le grand saut et poursuivre leurs études dans ce temple de l’élitisme républicain via le concours parallèle instauré depuis 2001 par Richard Descoing, le directeur de Sciences Po. Un accès justement prévu pour les élèves venant de lycées défavorisés. Ceux de Clichy-sous-Bois, au coeur des émeutes l’an dernier, en font naturellement partie. Dans le hall de l’école, mines dubitatives, regards perplexes aux étudiants qui les entourent, regroupés, à l’image d’un pack de rugby, les lycéens expriment leurs réticences. « Quelles chances avons-nous de nous intégrer dans une promotion où 50 % des étudiants viennent des arrondissements parisiens les plus riches », s’inquiète un élève. Un autre persifle un peu : « Il y a quelques années, cette école d’excellence donnait l’image d’une France vieillotte, celle du béret et de la baguette, qu’on voit dans les films. Pour montrer qu’ils sont ouverts, les responsables ont décidé de s’intéresser à nos différences. À nous d’en profiter. »

Patient, Stéphane Leteuret, le prof d’histoire-géo qui les accompagne ne nie pas le choc des cultures mais rassure : « Cette aventure est une motivation formidable pour vous. Mais il va vraiment falloir travailler dur pour y arriver. » Quand Hakim Allouche, le chargé de mission de l’école présente le cursus, les questions fusent encore. Toujours concrètes : sur le coût des études, le montant des bourses, les prix du logement à Paris. Parfois culturelles aussi, quand une jeune fille, angoissée, demande « s’il est vrai qu’en troisième année, les étudiants sont obligés de partir une année à l’étranger ». La réponse affirmative la désole. Dépitée, elle se rassied et lâche, « Mes parents ne me laisseront pas partir. » Dans la foulée des émeutes de novembre 2005, Richard Descoing a lancé une autre idée : créer un lycée d’élite dans le « 9-3 ». Trop ambitieux, le concept de départ a été revu à la baisse. Quatre lycées, dont celui de Clichy-sous-Bois, ont alors été choisis. Ils ont reçu des moyens financiers pour travailler autrement.

« Lutter contre le décrochage »

Ici, dans quatre classes de seconde, les enseignants professent en équipe deux demi-journées par semaine. « Avec une seconde professionnelle, nous étudions la vente, le prof de français parle du livre Au bonheur des dames, le prof d’éco présent dans la classe lui succède et dispense un cours de marketing, tandis que celui de maths leur fait découvrir les statistiques. Tout est concret. Notre but, c’est de lutter contre le décrochage des élèves », confie, ravi, un prof de vente. Daniel Peletier, le proviseur lui aussi est satisfait. « La région nous a donné des moyens, des entreprises aussi. Des énarques ont acheté des portables pour des élèves, un réseau de polytechniciens prend en charge, le mercredi, les matheux qui veulent se présenter aux concours. Si grâce à cette mobilisation, nos élèves osent enfin se lancer dans des études, nous aurons réussi. » Reste à savoir si cette manne va s’inscrire dans la durée.

Christine Ducros

 

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2 Messages de forum

  • 27.11.06 - La situation de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)

    27 février 2010 21:00, par Nordine B.

    j’ai eu la chance d’encadrer des ateliers pour les enfants de Clichy sous bois sous la responsabilitée du coordonateur Daniel Cervera.
    Il était exigeant dansles actions menées mais je me rend compte a postériori de l’utilité de ses exigeances.
    Merci Daniel pour tout ce que tu as fait pour ces centaines d’enfants.
    Nordine B.

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    • l’état se désangage des difficultés des villes pauvres mais voila aprés des effets d’annonces pour les orphelin de 16h00 trois ans après de nouveaux orphelin heureusement que monsieur Dilain reprend en charge les deux écoles non zep je pense Daniel CERVERA que tu vas avoir du travail pour remettre en place tout ce chantier.

      Mais a coeur vaillant rien d’impossible et tu connais bien le domaine tu l’a gérer trois ans.
      courage et encore merci monsieur Dilain

      Nordine B.

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