> IV- EDUCATION. GÉNÉRALITÉS (Types de doc.) > Education-Généralités (Déclarations officielles) > Analyse de la réforme Fillon (Agence Reuters)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Analyse de la réforme Fillon (Agence Reuters)

19 novembre 2004

Extrait de l’agence Reuters » du 18.11.04 : analyse de la réforme Fillon

La réforme Fillon destinée à réduire l’échec scolaire.

Paris (Reuters) - François Fillon a présenté jeudi soir sur France 2 son projet de loi d’orientation sur l’école, qui aura pour objectif primordial de réduire l’échec scolaire, instaurera un socle commun de connaissances et mettra fortement l’accent sur l’enseignement des langues étrangères.

Invité de l’émission "100 minutes pour convaincre", le ministre de l’Education a précisé que ce texte commencera à entrer en vigueur dès la rentrée 2005 et que son application s’étalera ensuite pour l’essentiel sur 2006-2007. Il réformera notamment le brevet des collèges et le baccalauréat, dont une grande part sera désormais validée par contrôle continu.

"Si on fait tout ce qui est proposé dans ce texte, je considère qu’il faudra - l’application naturellement peut s’étaler sur plusieurs années - au moins deux milliards d’euros supplémentaires pour financer ces innovations", a-t-il précisé.

En dehors de nombre d’innovations pédagogiques, il s’est engagé à ce qu’il y ait "au moins une infirmière par collège", ce qui suppose la création de 1 500 postes, et à maintenir le niveau d’encadrement des élèves en recrutant 150 000 enseignants sur cinq ans, notamment pour compenser les départs en retraite.

Face aux revendications des syndicats d’enseignants, qui réclament plus de moyens, il a cependant insisté sur la nécessité de réfléchir à une gestion "plus rigoureuse".
La France compte actuellement 850 000 enseignants, dont 40 % partiront à la retraite avant 2010, et douze millions d’élèves.
La réforme, que Jacques Chirac a qualifiée de "prioritaire" lors de son interview traditionnelle du 14-Juillet, "ne sera ni une révolution, ni une rupture" mais elle s’inscrira dans la "continuité historique" des lois adoptées depuis 1945 pour démocratiser l’école et notamment celle de 1989, insiste l’entourage du ministre de l’Education.

Fondée pour partie sur les propositions de la commission Thélot et arbitrée au plus haut niveau de l’Etat, elle vise à créer "une école plus efficace, plus juste et plus ouverte".
Les mesures les plus spectaculaires concernent la validation des acquis tout au long de la scolarité afin d’arriver à ce que 100 % d’une classe d’âge aient une qualification à l’issue de la scolarité obligatoire, objectif phare de François Fillon.

Le ministre a également fait sien le mot d’ordre de 80 % d’une classe d’âge amenée au baccalauréat, lancé dans les années 1980 par la gauche mais jamais encore réalisé - "Ça reste aujourd’hui un objectif pour le gouvernement", a-t-il dit. Il a ajouté un autre objectif : "50 % d’une classe d’âge diplômée de l’enseignement supérieur."

Le "socle commun de connaissances" sera composé du français, des mathématiques, d’une langue vivante - dont l’apprentissage débutera dès la première classe primaire mais qui ne sera pas nécessairement l’anglais, a précisé François Fillon - et des technologies de l’information (ordinateur et internet).

Ce "socle" devra également doter les élèves d’une "culture de base permettant de comprendre leur environnement et d’exercer leur citoyenneté" - concrètement, des cours de sciences et techniques, d’éducation civique et d’histoire-géographie.

Le nouveau brevet des collèges, à la fin de la classe de 3ème, validera ce "socle". L’examen ne sera plus organisé au niveau académique mais national. Il comportera une grande part de contrôle continu (coefficient 12), un examen final restreint (coefficient 8), un "BII" (brevet informatique et internet) et intégrera une "note de vie scolaire".

Heures supplémentaires

Dotée d’un coefficient 2, cette note attribuée en conseil de classe par l’ensemble des professeurs prendra en compte l’assiduité, la discipline et l’implication des élèves dans la vie de la classe. Cela répond au vœu du ministre de "promouvoir le ’vivre ensemble’", souligne-t-on rue de Grenelle.

L’examen sanctionnant le baccalauréat ne portera plus que sur six matières au lieu de 12, le reste de l’évaluation se faisant sur la base du contrôle continu, qui sera renforcé. François Fillon a aussi fait de la modernisation de l’apprentissage des langues une "priorité absolue". Les cours de langue seront dédoublés et les aspirants enseignants devront désormais parler une langue étrangère pour entrer à l’IUFM. 

Afin de renforcer la lutte contre la violence scolaire, le gouvernement souhaite multiplier par cinq en cinq ans le nombre de "classes relais", dispositifs accueillant temporairement des collégiens déscolarisés.

De plus, la réforme créera pour tous les élèves - pas seulement ceux scolarisés en zone d’éducation prioritaire (ZEP) - un "contrat individuel de réussite éducative" passé entre l’école, l’enfant et sa famille. Les élèves pourront dans ce cadre bénéficier de trois heures de soutien en plus.

Cette mesure, comme plusieurs autres, se traduira par une multiplication des cas d’heures supplémentaires pour les enseignants. Pour améliorer le remplacement des professeurs - difficile quand il s’agit d’absences de courte durée, surtout dans le secondaire, les chefs d’établissement pourront faire appel aux enseignants à hauteur de deux heures par semaine, qui seront payées 25% de plus.

Les besoins en formation des enseignants, "enjeu crucial", seront mieux pris en compte. Ils bénéficieront de 20 heures par an capitalisables sur six ans, à prendre en dehors des cours.

Le gouvernement promet aux jeunes enseignants une première année d’activité dans l’académie de leur IUFM et une "prime d’installation" d’environ 1 000 euros.

Après un Conseil supérieur de l’éducation à la mi-décembre, le projet de loi devrait être présenté en conseil des ministres début janvier pour un débat parlementaire avant la fin février.

Selon l’équipe de François Fillon, la loi, qui devrait compter entre 15 et 20 articles, pourrait être adoptée avant la fin mars. Le ministre a cependant promis un débat avec les syndicats. "Rien n’est figé", a-t-il assuré.

Répondre à cet article