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Une étude de l’INSEE sur la réussite scolaire, par Jean-Paul Caille et Fabienne Rosenwald

10 novembre 2006

Extrait de « L’Expresso » du 10.11.06 : Réussite scolaire : comment réduire les inégalités ?

"L’avenir des enfants se joue avant 6 ans" titre Le Figaro du 9 novembre. "La réussite scolaire dépend des classes" affirme avec malice le quotidien 20 Minutes. Avec leurs préoccupations éditoriales propres, les deux journaux réagissent à une étude publiée par l’Insee dans son "Portrait social" de la France.

Selon Jean-Paul Caille et Fabienne Rosenwald (Depp - MEN), si " les deux tiers des enfants d’ouvriers non qualifiés atteignent aujourd’hui la sixième à l’heure ou en avance alors que, parmi les élèves entrés au CP en 1978, moins de la moitié d’entre eux ont connu un tel parcours... Reste qu’au-delà de ces évolutions, les disparités sociales demeurent importantes". Selon eux, "le niveau de compétences à l’entrée au CP est lui-même le produit de différents facteurs... De fait, les chances de parvenir en sixième à l’heure ou en avance sont deux fois plus liées à ce niveau initial qu’à l’origine sociale ou au niveau d’études des parents.
Ce lien apparaît dès le début de la scolarité élémentaire mais il s’intensifie au fur et à mesure de son avancement... De toutes les caractéristiques de l’élève prises en compte, c’est ce niveau à l’entrée au CP qui pèse le plus fortement sur les chances de parvenir sans redoublement en sixième : son impact est cinq fois plus fort que celui du diplôme de la mère ou de l’origine sociale".

Ainsi l’Ecole, injuste socialement, accentuerait l’inégalité. " Les disparités sociales en fin d’école élémentaire résultent donc de la conjugaison de deux phénomènes. D’une part, les performances scolaires des écoliers sont très liées à leur degré de compétences à l’entrée au CP, lui-même variable selon le milieu social d’origine ; d’autre part, à niveau initial comparable, les enfants originaires des milieux sociaux les plus favorisés ou ceux dont les parents sont les plus diplômés progressent davantage, si bien que les inégalités sociales se creusent au fur et à mesure de l’avancée dans la scolarité élémentaire".

Incontestable par ses données, cette étude amène à réfléchir aux politiques à mettre en œuvre pour avoir une école plus juste socialement.

Ce qui passe d’abord par une relecture des résultats. Car, quand elle lie le résultat scolaire au niveau à l’entrée en CP, elle affirme que " le niveau de compétences...est lui-même le produit de différents facteurs". Ce qui renvoie la genèse des inégalités jusqu’à l’entrée même à l’Ecole.

C’est d’ailleurs ce que fait Marie Duru-Bellat, dans l’ouvrage Améliorer l’école (PUF), quand elle déclare que "ces inégalités sont déjà en germe dès l’entrée à l’école maternelle". Alors l’avenir des enfants se joue-t-il avant 3 ans ?

Pour M. Duru-Bellat, "le développement (de l’enfant) est social dès la première heure, avec pour conséquences que les pratiques éducatives parentales exercent une forte influence. Or ces dernières portent la marque des inégalités matérielles ou culturelles qui caractérisent les familles... Ces écarts sociaux ne sont pas atténués par la fréquentation de l’école maternelle, car celle-ci s’avère bénéfique pour tous les enfants, quel que soit leur milieu social".
Ce sont donc les choix et les stratégies familiales qui creuseraient les écarts sociaux. Marie Duru-Bellat a beau jeu de rappeler que, au secondaire, "les enfants de milieu populaire visent moins haut que leurs camarades de milieu plus favorisé" et que "les élèves de milieu populaire fréquentent les (établissements) les moins efficaces". Ce qui l’amène logiquement à proposer, pour lutter contre les inégalités, "des politiques dépassant le cadre de l’école, pour rendre les familles moins inégales".

Doit-on pour autant totalement dédouaner l’Ecole et abandonner toute politique scolaire ? L’Ecole peut au moins agir sur ses propres établissements pour diminuer les inégalités d’accès. Elle peut lutter contre les ghettos scolaires, diminuer la sélection qui frappe certaines filières et en éloigne les couches populaires, mettre en place des politiques d’éducation prioritaire plus efficaces. Mieux connaître les inégalités sociales à l’Ecole ne veut pas dire s’y soumettre avec fatalisme.

L’étude de l’INSEE

Rappel : Améliorer l’école par François Jarraud (« Le Café pédagogique »)

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Extrait du site de « TF1 », le 10.11.06 : La réussite scolaire se joue à la maternelle

Plus que l’origine sociale, ce sont les résultats de l’enfant à la sortie des années de maternelle qui seraient déterminants pour la scolarité en primaire et pour la suite, selon l’Insee

La durée et la réussite de la scolarité à l’école primaire dépendent du niveau acquis en maternelle, bien plus que de l’origine sociale, selon l’édition 2006 de "France, portrait social" de l’Insee paru jeudi. "Les chances de parvenir en 6ème « à l’heure » ou en avance sont deux fois plus liées à ce niveau initial qu’à l’origine sociale ou au niveau d’études des parents", relèvent Jean-Paul Caille et Fabienne Rosenwald qui ont mené l’enquête statistique de l’un des quatre dossiers spécifiques choisis cette année par l’Insee.

Selon eux, un élève sur trois qui se situent dans "les 10% d’écoliers les plus faibles à l’entrée en CP" arrivera en 6ème sans redoubler. Inversement, la quasi totalité des écoliers se situant dans les 40% les plus forts en classe, entrent en 6e sans retard. Plus précisément, les enquêteurs observent que "le niveau de compétences en français et en mathématiques aux évaluations nationales de 6e est fortement lié au niveau à l’entrée en CP". Selon eux, les niveaux d’acquis à l’école maternelle jouent un rôle "quatre à cinq fois" plus important que l’origine sociale.

La ZEP, facteur aggravant

Si elles ne sont pas déterminantes, les inégalités sociales jouent tout de même un rôle. "Les résultats aux évaluations à l’entrée en CP" reflètent déjà "les influences du milieu familial et de son capital social, économique et culturel et celle de l’école durant la scolarité pré-élémentaire, qui ont déjà joué leur rôle". De même, le milieu social influe sur les capacités des enfants à atteindre la 6ème sans redoubler. Parmi les 10 % d’écoliers les plus faibles en CP, 27 % des enfants de cadres et professions intermédiaires contre 7 % des enfants d’ouvriers figurent dans la meilleure moitié des élèves de 6ème en français.

J.P Caille et F.Rosenwald relèvent en outre que les chances de réussite à l’école primaire sont moins importantes lorsque l’enfant est resté du CP au CM2 dans une école classée en Zone d’éducation prioritaire (ZEP). Seuls 26 % de ces écoliers se situent dans la bonne moitié aux évaluations de 6ème en français et 22 % en mathématiques.

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Extrait du site « Yahoo actualités », le 09.11.06 : La scolarisation à partir de 2 ans en question

Paris (AP) - La meilleure réussite des écoliers entrés à l’école maternelle à deux ans, par rapport à ceux scolarisés à trois ans, s’érode au cours de la scolarité élémentaire, explique l’INSEE qui publie jeudi son "Portrait social" de la France en 2005.
Par ailleurs, le rapport de l’INSEE montre que "si ces vingt dernières années, les redoublements ont fortement baissé, les scolarités à l’école élémentaire restent marquées par d’importantes disparités de retard scolaire et de réussite aux évaluations nationales, liées d’abord aux aptitudes personnelles, mais aussi aux origines sociales des enfants".

"A l’entrée en 6ème, 65 % des enfants de cadres et d’enseignants, mais seulement 24 % de ceux d’ouvriers et d’inactifs, sont en situation de réussite", note l’INSEE.
Sur la scolarisation anticipée, si lors de l’évaluation en CP, les élèves scolarisés à deux ans semblent réussir mieux que ceux entrés à la maternelle à trois ans, avec un écart de 9%, cet écart n’est plus que de 1% en 6e sur l’évaluation en français, et de 4% en mathématiques.
En outre, 86% des élèves scolarisés à l’âge de deux ans entrent "à l’heure ou en avance en 6e", note l’INSEE, contre 82% pour ceux scolarisés à trois ans, soit un écart là aussi de 4%.

L’INSEE explique ainsi que "les élèves scolarisés à deux ans ne réussissent pas significativement mieux que ceux entrés à l’école maternelle à trois ans".

Sur les disparités sociales, l’INSEE note que "les deux tiers des enfants d’ouvriers non qualifiés atteignent aujourd’hui la sixième à l’heure ou en avance alors que, parmi les élèves entrés en cours préparatoire en 1978, moins de la moitié d’entre-eux ont connu un tel parcours".

L’INSEE souligne aussi que les enfants des personnes n’ayant jamais travaillé et vivant des minima sociaux "constituent une population particulièrement vulnérable au retard scolaire", bien qu’ils "redoublent nettement moins que par le passé".

L’INSEE se base, pour la scolarisation, sur la comparaison entre un panel de 1978, et un autre constitué en 1997.
En 1978, 93,9% des enfants d’enseignants et 91,1% des enfants de cadres supérieurs arrivaient à l’heure ou en avance en 6e, contre 47,7% pour les enfants d’ouvriers non qualifiés et 49,9% de ceux ayant des parents sans emploi.
En 1997, 66,6% des enfants d’ouvriers non qualifiés et 57,7% des enfants d’inactifs parvenaient à temps ou en avance en 6e, contre 97,3% pour les enfants d’enseignants et 94,4% des enfants de cadres supérieurs.

AP
god/sb

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1 Message

  • > 10.11.06 - Un rapport de l’INSEE sur la réussite scolaire

    10 novembre 2006 15:32, par F-R GUILLAUME

    L’art d’utiliser les statistiques pour renforcer les préjugés
    Sur quoi se fonde le site de TF1 pour sous titrer : "la ZEP, facteur aggravant" ? Alors que l’étude ne fait que montrer que les résultats scolaires sont corrèlés à l’origine sociale, que cette corrélation existe dés le début de la scolarité et que les écarts s’accroissent au cours de la scolarité ? Ce sous titre est nécessairement compris comme : être scolarisé en ZEP aggrave les difficultés des élèves, donc des parents responsables doivent tout faire pour éviter les écoles de ZEP. Rien ne permet de l’affirmer, au contraire, de précédentes études tirées de ces panels d’élèves montraient que les élèves des catégories moyennes et favorisées n’étaient pas pénalisés par une scolarisation en ZEP.
    Et le Figaro de son côté titre "Tout se joue avant 6 ans". Alors que l’étude montre au contraire que des élèves mal placés à l’entrée au CP rattrape leur retard et que d’autres font le trajet inverse. Donc tout n’est pas joué dés le début.

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