Séminaire Maternelle OZP 25 mai 2024 : Cultiver le plaisir d’apprendre et d’enseigner, par Yannick Kiervel (L’Ecole de demain)

27 mai 2024

Séminaire Maternelle OZP 25 mai 2024

Maternelle : Cultiver le plaisir d’apprendre et d’enseigner
Yannick Kiervel
L’école de demain

Le samedi 25 mai, l’OZP* a réuni plusieurs spécialistes de l’école maternelle qui ont présenté leurs remarques sur les projets de programmes, le dédoublement en grande section ainsi que sur l’accueil des tout petits.

Introduction et Contexte
Viviane Bouysse a ouvert l’intervention en soulignant l’importance de se questionner sur le type d’école maternelle souhaité en éducation prioritaire afin de réduire les inégalités. Elle a rappelé que l’école maternelle représente souvent les premiers moments en milieu collectif extra-familial pour la majorité des enfants, qui partagent des caractéristiques similaires. L’enjeu est de prévenir la transformation des écarts initiaux en inégalités face aux exigences scolaires.

Observations de Christophe Joigneaux sur les programmes de français
Christophe Joigneaux a analysé la construction des inégalités en matière d’apprentissage, notant une accentuation de la scolarisation à l’école maternelle dans les nouveaux programmes. Il a pointé le fait que c’est la première fois que l’on parle de français dans les programmes de cycle 1 et même de grammaire. Il a relevé une mission propédeutique visant à préparer les enfants au CP, notamment au décodage, au détriment du rythme de développement de l’enfant. La disparition du jeu libre et la perte de l’identité curriculaire et pédagogique de l’école maternelle sont également des préoccupations majeures. Il a critiqué la rigidité des programmes, notamment en français, soulignant le manque de flexibilité pour s’adapter au rythme des élèves et le risque d’accentuer les inégalités. Enfin, il a dénoncé la multiplication des tâches quotidiennes demandées aux enseignants et l’impossibilité pour ces derniers de les mettre en œuvre correctement.

Intervention de Jacques Douaire sur les Mathématiques
Jacques Douaire a abordé les programmes de mathématiques en grande section, insistant sur l’importance de prendre en compte les connaissances des élèves dès le début de l’année. Il a évoqué la diversité des procédures mentales de quantification et la nécessité d’élaborer des modèles de résolution de problèmes, incluant des relations entre les nombres et la comparaison.

Témoignage de Maîtresses Formatrices
Deux maîtresses formatrices ont partagé leur expérience dans une classe dédoublée de grandes sections. Il s’agit d’une classe de 14 élèves dont deux allophones. Afin d’habituer les élèves à une classe "ordinaire", il leur arrive de travailler avec l’autre grande section dédoublée. Elles ont mis en place des échanges de services et des groupes de besoins pour la compréhension, en collaboration avec les CP avec l’aide de la directrice et de l’enseignante spécialisée, ce qui leur a permis de faire des groupes de 6 à 25 élèves. Elles ont souligné l’importance de ne pas demander des performances trop élevées aux élèves afin de ne pas transformer des attentes en normes rigides. Viviane Bouysse a rappelé que ce n’est pas parce que des élèves ne sont pas super performants qu’ils sont en difficulté.

Blandine Tissier sur les Très Petites Sections
Blandine Tissier a discuté de la scolarisation des tout petits, mettant en avant la socialisation et le développement du langage comme clés de la réussite future. Elle a insisté sur l’importance d’un environnement rassurant et des interactions positives, ainsi que sur l’aménagement de la classe pour répondre aux besoins moteurs et d’acquisition de la propreté des enfants. Elle a également mentionné la nécessité d’un projet d’accueil élaboré entre la directrice et les parents, avec une adaptation progressive en septembre.

Observations de Mireille Brigaudiot sur le Langage
Mireille Brigaudiot a partagé son observation d’une classe de tout-petits, soulignant l’importance des jeux symboliques pour le développement du langage. Elle a distingué trois types de jeux symboliques, allant des jeux spontanés aux jeux imitant le réel, et a insisté sur la valorisation des réussites individuelles et l’importance de la continuité pédagogique pour instaurer un climat de confiance.

Conclusion
Les interventions ont souligné la nécessité d’une école maternelle flexible, axée sur le développement global de l’enfant et sur des approches pédagogiques inclusives et adaptées aux rythmes individuels. La préservation du jeu et de la spontanéité, ainsi que l’importance d’un environnement rassurant et stimulant, sont des éléments clés pour réduire les inégalités dès le plus jeune âge.

OZP* : Observatoire des Zones Prioritaires
Les powerpoints utilisés par les différents intervenants seront disponibles sur le site de l’OZP (wwwozp.fr) dans les jours à venir.

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